CO.RE.CA = coopération, solidarité et culture à l’échelle de la Caraibe

Guadeloupe

Si vous lisez régulièrement ce blog ou suivez ma veille Caraïbe, vous avez sans doute noté que j’assiste à nombre de conférences tout au long de l’année. J’ai expliqué le pourquoi dans un billet publié en avril dernier : il n’y a guère mieux pour apprendre sur un sujet que d’écouter une autre personne en parler, de manière intéressante, de préférence.

Et en Guadeloupe, parmi les organisateurs de conférences sur la Caraïbe, figure le CO.RE.CA  – pour COntacts et REcherches en CAraïbes, une association à but non lucratif, créée en 1991, présidée par Julien Mérion, et qui compte à ce jour près de 200 membres.

Il était bien temps que je mette en lumière ses objectifs et actions. Je me suis donc entretenue avec Sarah Tannous, sa première vice-présidente (en photo de couverture – Crédit HappyMan Photography).

Commencons par le commencement : la création du CO.RE.CA. Quelles étaient les motivations ?

Réponse de Sarah Tannous :

« Au début, les initiateurs de l’association n’ont pas tout de suite pensé à la coopération. Ils voulaient créer des liens d’amitié, favoriser la connaissance de l’autre, de la Caraïbe. »

« A l’époque, le président, Julien Mérion, disait souvent que nous étions capables de citer les présidents de la Chine, des Etats-Unis, mais nous ne pouvions pas donner les noms des premiers ministres de la Dominique ou de Sainte-Lucie. Cela lui tenait à coeur que nous connaissions mieux les pays voisins.
Au fur et à mesure, l’association s’est structurée autour des échanges et s’est orientée vers la coopération populaire, puisque celle-ci a débuté avec les gens, et non pas le politique, les institutions. »

« La coopération populaire est le trait qui nous définit le plus. »

Le CO.RE.CA est ainsi devenu un acteur incontournable de la coopération dans la région, de par ses multiples actions que gèrent ses 3 commissions.

La commission solidarité

Présidée par Catherine Cilla, elle est la plus connue, car très médiatisée, puisqu’elle travaille sur les actions visant à aider les populations en détresse suite à des catastrophes.
Depuis septembre dernier, le CO.RE.CA est ainsi à pied d’oeuvre pour soutenir les voisins caribéens dont les territoires ont été ravagés par les ouragans Irma et Maria.

Autre exemple : en 2015, l’association s’est mobilisée pour venir en aide à la Dominique durement frappée par la tempête Erika. « Nous avons finalisé les chantiers il y a seulement quelques mois. Nous sommes intervenus pour la phase d’urgence, mais nous avons aussi mis en place des microprojets – notamment la reconstruction d’une école – que nous avons suivis au fil des mois », explique Sarah Tannous.

« Lors de chaque catastrophe, il y a environ un mois d’effervescence où nous répondons aux urgences, mais aussi une ou deux années durant lesquelles nous menons et suivons des projets tangibles du début à la fin. »

Par ailleurs, le CO.RE.CA consulte d’abord les premiers concernés avant de décider de toute action. « Par exemple, dans le cadre du secours à porter à la Dominique après le passage dévastateur de Maria, nous avons d’abord échangé avec une association dominicaise et nos contacts sur place pour savoir ce qu’ils souhaitaient que nous fassions », souligne Sarah Tannous.

« Nous donnons aux gens ce dont ils ont besoin, en tenant compte de ce qu’ils veulent vraiment, de leur culture. »

La commission cultures recherches et études

Sa présidente est Josette Mérion. Cette commission mène une réflexion sur la manière dont la citoyenneté pourrait davantage se développer chez nous et dans le reste de la Caraïbe. Pour ce faire, elle organise régulièrement des séminaires, des tables rondes, etc.

En partenariat avec le Centre d’Analyse Géopolitique et Internationale (CAGI) et l’Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education (ESPE), cette commission a ainsi organisé le 10 novembre dernier, une journée d’étude sur le thème « Irma, José, Maria… Politiques, Médias et Société civile face aux catastrophes naturelles ».

Pour des questions d’agenda, je n’ai malheureusement pu assister qu’à la table-ronde sur « La communication en temps de crise » en début d’après-midi. Quelques-uns de mes tweets.

La commission coopération et échange

Elle est présidée par Dominique Hubert, qui est également la 2e vice-présidente de l’association. Elle est chargée d’organiser, de faciliter les déplacements de délégations guadeloupéennes dans la Caraïbe pour participer à des événements majeurs. « L’idée pour nous est d’aller voir ce qui se passe dans la région, de prendre des contacts, mais aussi de présenter ce que nous faisons », précise Sarah Tannous.

« Nous sommes un liant pour que la coopération se fasse. Nous emmenons dans les délégations des personnes capables de faire valoir l’expertise de la Guadeloupe. »

Ainsi, le CO.RE.CA agit souvent en back-office. Et, dans les délégations, figurent toujours des experts du secteur concerné, qu’ils soient membres ou pas de l’association.

En somme, vous l’aurez compris, la CO.RE.CA oeuvre dans le sens d’une coopération multiforme, via des actions concrètes, et d’autres moins tangibles mais favorisant réflexions et échanges.

A noter que l’association comporte aussi deux groupes de travail : Communication (à sa tête, Cinthya Pomier) et Réseau régional multi-acteurs (à sa tête, Myriam Eluther).

Je ne pouvais clore notre entretien sans demander à Sarah Tannous pourquoi elle a décidé de rejoindre cette association et d’en devenir la vice-présidente. Réponses de l’intéressée.

« Depuis toute petite, j’ai toujours entendu parler du CO.RE.CA et je l’associais aux voyages, parce que je connaissais des membres qui partaient découvrir d’autres pays. Ensuite, je me suis rendue compte que cela concernait la Caraïbe, que tout tournait autour ce cela. Or, ma formation était spécialisée dans l’Amérique Latine et la Caraïbe, j’avais aussi un grand intérêt personnel. Je l’ai donc toujours suivie de loin.
Quand l’association a fêté ses 25 ans d’existence, j’ai pris la mesure de sa perennité et du fait qu’elle répondait à de réels besoins. Cela m’a attiré. J’ai donc participé aux manifestations d’anniversaire cette année-là et je me suis rendue compte que les activités en cours m’intéressaient. Je suis devenue membre. »

« Après une année de bénévolat en son sein, j’ai intégré le conseil d’administration et j’ai été élue 1ère vice-présidente. Je pense que mon élection répondait à un besoin de renouveau, de relève. »

Les ambitions de Sarah Tannous pour le CO.RE.CA sont multiples. « Je souhaite que nous développions la communication sur l’association, sur ses actions, afin que les gens sachent davantage tout ce que nous faisons. »

« Nous voulons faire évoluer l’image du CO.RE.CA afin que le plus grand nombre puisse se rendre compte que chacun a son rôle à jouer et peut prendre part à nos activités. »

« La mission de connaissance et d’échange ne peut réussir qu’avec la compréhension de l’autre. Dans ce cadre, l’apprentissage des langues – au minima de l’anglais et de l’espagnol – dès le plus jeune âge est très important, afin que nos enfants aient plus de faciliter à aller vers l’autre. Voilà pourquoi nous allons travailler en commission pour favoriser les échanges entre les scolaires, les étudiants caribéens. Nous avons déjà des rendez-vous concrets en ce sens. » – Sarah Tannous, vice-présidente du CO.RE.CA

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Comments

  1. T. E. N.

    D’excellents souvenirs au sein de cette association! Les conférences, les manifestations, les échanges linguistiques… C’est LE truc qui me manque le plus depuis mon départ.

  2. Pingback: Caraibe & coopération : Karib Horizon, une valeur ajoutée en construction

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