Conférence #Time2Link en Guadeloupe : effervescence autour de l’innovation

Chaque année, j’assiste à nombre de conférences, en Guadeloupe ou ailleurs, car ce sont quasiment à chaque fois des sources d’inspiration, de part les sujets, les intervenants, mais aussi les « couacs », comme l’absence – malheureusement récurrente – de statistiques.

Je vous parle de cela, car c’est mon intérêt pour les conférences qui m’a poussé à m’intéresser aux #Time2Link, qui sont « des événements fédérateurs pour faire fructifier les idées et émerger les talents des Outremer et de la Caraïbe », selon la description des organisateurs. Jusque-là, il y avait eu quatre éditions, sans que je ne puisse assister à une seule. Frustration.

Et donc, lorsque j’ai eu la confirmation officielle que #Time2Link arrivait en Guadeloupe, le 24 octobre, je me suis immédiatement inscrite. Peu importait la thématique, je voulais juste y être ! Cependant, le thème « Innover dans les milieux traditionnels : zoom sur la Guadeloupe » m’a séduite, du fait de la juxtaposition de deux termes qui, à première vue, sont antinomiques.

Trêve de préambule.

Venons-en à la conférence, qui se déroulait dans la salle de réception du Golf de Saint-François. Et je vous le dis tout de suite, il ne restait pas une chaise vide.

La modératrice était Madly Schenin-King (@CallmeMadly sur Twitter), que j’ai d’abord connu via sa populaire plateforme Veille Tourisme Antilles et qui a donc créé également #Time2Link. Généralement, je ne parle pas des modérateurs, mais Madly mérite que je m’attarde sur son ton « irrévérencieux », un adjectif qu’elle emploie pour se décrire dans son profil Twitter et qui convient bien. Ses questions et ses remarques sont souvent percutantes, parce que franches, directes. Son ton est, disons, peu habituel, mais je l’apprécie, parce qu’il participe au dynamisme et au caractère décontracté des #Time2Link.

Et maintenant, il est bien temps de parler du coeur même de la conférence : la plénière-débat, avec un panel diversifié.

La majorité des intervenants invités avaient pour point commun d’avoir misé sur l’innovation – concernant des nouveaux produits, services ou marchés, pour créer et développer leur projet, mais surtout d’avoir fait montre d’une belle détermination pour concrétiser leurs idées, compte tenu des embûches, voire des échecs, auxquels ils ont dû faire face.

Philippe Ramalingom, Suncard/FPE-Nickel a « réussi à faire de la banque dans un tabac », selon ses propres termes. Un système innovant, « ovni bancaire » a précisé Madly qui citait Libération, que plus de 4 000 commerçants connectés utilisent. Et concernant les comptes sans banque, son entreprise en ouvre 15 à 20 000 par mois. Vous avez bien lu !

Ingrid Chaine-Maisonneuve, Shop’îles a lancé un service d’interface pour la livraison de produits achetés dans l’Hexagone en Outre-mer. En voilà une bonne idée, qui ne pouvait que fonctionner vu la différence incroyable de prix pour certains produits entre les deux zones. Pourtant, « j’ai eu peur », a confié Ingrid Chaine-Maisonneuve, interrogée sur sa réaction au moment d’effectuer sa première livraison. « Mes premiers clients étaient des gens qui ne me connaissaient pas et m’ont fait confiance. Cela m’a donné confiance », a-t-elle ajouté.

Ingrid Chaine-Maisonneuve a créé trois emplois, le sien compris, et veut désormais lancer une nouvelle version de son site et ouvrir de nouvelles destinations.

Jasmina Legros, Just What U Need, est une ingénieure guadeloupéenne qui a lancé sa propre gamme de produits esthétiques haut de gamme.

J’ai déjà eu l’occasion de consacrer un billet de blog à Jasmina, dont j’admire le parcours et la détermination. J’ai apprécié qu’elle souligne que ses premiers soutiens financiers, elle les avait obtenus dans l’Hexagone et non en Guadeloupe. Ce n’est pas la seule dans le cas, malheureusement.

L’innovation, ce mot si enthousiasmant pour certains (et même sur toutes les lèvres, tant il véhicule un caractère positif), fait peur à d’autres au moment d’investir. Un paradoxe, oui.
Heureusement, elle n’a pas baissé les bras et revient même s’installer en Guadeloupe pour développer son activité, qui met en plus en lumière des artisans, des producteurs de la région.

Henri Wind, GCS Archipel 971, s’est donné pour mission de promouvoir la e-santé en Guadeloupe. Je dis mission, car entre la double insularité, la qualité de connexion très variable, la réticence de certains acteurs à franchir le pas, les difficultés ne manquent pas. Et bien sûr, le nerf de la guerre reste l’argent, comme il l’a souligné.

L’intérêt de l’e-santé : faire circuler l’information, proposer une offre de soins partout, diminuer l’isolement, en développant notamment la télé-médecine. Henri Wind a aussi indiqué qu’un projet de coopération sur l’e-santé dans la Caraïbe était en cours d’élaboration. J’espère avoir l’occasion d’en savoir plus sur ce projet.

Dans le panel, il y avait aussi un financeur : BPI France, organisme de financement représenté par Muguette Daijardin, qui a expliqué que les projets innovants étaient soutenus s’ils remplissaient les bonnes conditions. Lesquelles, lui a demandé Madly.

Elle a répondu :

« Ce que l’on regarde, c’est le profil du dirigeant, son courage, sa volonté, son caractère optimiste. Et bien sûr, il y a l’idée. (…) C’est un travail de longue haleine pour décortiquer la part innovante et la volonté du porteur de projet ».

Muguette Daijardin a d’ailleurs souligné que les demandes de financement étaient en nombre croissant et que l’instruction des dossiers prenait plus de temps que prévu.

Par la suite, Jean-Marie Bredon a vite fait oublier son retard par le récit de la création et du développement de son entreprise, Le Broyeur Mobile, en alliant franchise et humour et en dispensant de bons conseils aux potentiels entrepreneurs. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais disons qu’il a beaucoup voyagé, galéré, et qu’heureusement il était un bon commercial. Désormais, son entreprise se porte bien.

Il a dit : « Je ne fais pas de bilan financier, mais je fais un bilan humain, chaque année ».

Des entrepreneurs ont également présenté leurs entreprises sous forme de « pitchs », en quelques minutes : Kelly Pies – Chaleur des Tropiques,  Jessica Brudey – Foodîles, Karine Daumesnil – French Caribbean Taxis.

Vanessa Ronel, de l’association Like a Boss, a elle évoqué le fait que Karine Daumesnil et elle (pour Segundo Piso – E-commerce/Luxe) font appel au grand public pour pouvoir se rendre à l’incontournable Foire internationale de La Havane à Cuba, via une campagne de crowdfunding. Elles espèrent ainsi pourvoir se créer de belles opportunités en termes de marchés et de réseaux.

Ensuite, le Dr Henry Joseph a fait une démonstration des nombreuses innovations de son entreprise Phytobokaz.

Les richesses naturelles de la Guadeloupe sont une source de créations inépuisable pour le Dr Henry Joseph, qui est un passionné intarissable. Son intervention en a fourni une nouvelle fois la preuve.

#Time2Link en Guadeloupe était une rencontre vraiment riche. Je salue l’organisation qui est parvenue à réunir d’intéressants intervenants, aux discours francs, aux parcours inspirants.

Pour finir ce billet, je me dois de saluer Naomi Martino, « Tablette d’Or au Salon International du chocolat 2014, classée parmi les 50 meilleurs chocolatiers du monde, (Guide des Croqueurs de Chocolat 2015) », qui s’est chargée des délices au chocolat(*) du magnifique « cocktail networking » de Nossy Be (*) qui a clôturé l’événement et a fait bien des heureux.

Vivement le prochain #Time2Link en Guadeloupe !

(*) Correction du 26.10. Merci Madly pour la précision. 😉 

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