Hervé Despois, d’as du marketing à entrepreneur à la tête d’Afrocks

Hervé Despois, d’as du marketing à entrepreneur à la tête d’Afrocks

Après mes études à Paris, j’ai vécu quelques temps à Londres. L’idée était de parfaire mon anglais. Cependant, j’ai vite « fui » cette ville, car je l’ai trouvée petite, grise, chère, peu conviviale. Cela, je ne l’ai évidemment pas raconté à Hervé Despois, lors de notre entretien via Skype pour préparer ce billet.

Londres, non seulement il a choisi d’aller y vivre après ses études (comme moi donc), mais en plus, lui, y est resté pendant six ans !  Et il y est encore très attaché… Qu’il m’explique le pourquoi du comment était bien plus intéressant qu’un débat sur la qualité de vie londonienne. 

Justement, il est bien temps que je vous en dise plus sur ce Guadeloupéen, âgé de 35 ans, qui a fondé et préside Afrocks.  

La page d’accueil d’Afrocks.

Depuis fin 2016, cette plateforme web permet aux internautes d’entrer en contact avec des coiffeurs qui viendront chez eux leur faire des locks, tresses ou twists.

Pour l’instant, Afrocks, dont le siège se trouve en Martinique, dessert uniquement… Londres. Oui, je sais, j’ai partagé votre perplexité.

Avant de vous en dire plus sur Afrocks, je dois vous retracer le parcours ô combien intéressant d’Hervé Despois.

Après avoir obtenu un bac littéraire, il a poursuivi des études d’Histoire et géographie. « Je voulais devenir professeur d’Histoire, car j’étais passionné par celle des Etats-Unis, car elle est un condensé en 400 ans de tout ce que l’on peut avoir. »

Cependant, « les débouchés étant assez difficiles », Hervé Despois décide de changer de voie.

La Défense, à Paris.

« Après mes études, je me suis redirigé un peu malgré moi vers la fonction publique. Je faisais des statistiques au ministère de l’Ecologie, à La Défense, à Paris. Pendant deux ans, j’étais devant des tableaux Excel, enfermé dans un bureau, toute la journée. Cela m’a vite ennuyé. »

 

C’est à cette époque qu’Hervé Despois commence à s’intéresser au web.  

Il recroise un ami d’enfance, Satyam Dorville, le co-fondateur d’une startup nommée Carfully. A l’époque, ce dernier travaillait aussi à La Défense. « J’ai aussi créé le blog Fwiyapin. Et c’est comme cela que mon amour pour le web est apparu. »

De son poste de chargé d’études en RH, Hervé Despois n’en veut plus. Il démissionne, au grand dam de son entourage. Et en janvier 2008, il déménage à Londres.

« Je voulais améliorer mon anglais. C’était fondamental. Je me suis dit : ‘si tu veux travailler dans le milieu du web, il te faut bien parler anglais’. J’avais aussi quelques amis qui habitaient Londres et m’en parlaient en bien, surtout au niveau professionnel. C’était l’endroit où tu pouvais accomplir tes rêves, entre guillemets. »

De simple « jobeur » à directeur marketing

A Londres, les débuts ne sont pas du tout évidents. « J’ai vécu un choc linguistique. J’avais appris l’anglais à l’école, mais à mon arrivée, je ne comprenais pas ce que l’on me disait. »

Les premiers mois, il enchaîne les petits boulots. Puis, lorsqu’il juge son niveau de langue suffisant, il envoie des CV pour travailler dans le milieu du web marketing. Il ne possède aucun diplôme dans ce domaine, mais décroche tout de même quelques entretiens.

« Lors d’un entretien, le responsable DRH m’a dit que je n’avais pas d’expérience. Je lui ai répondu : d’accord, mais je sais coder un site et faire d’autres choses. Il m’a demandé de lui montrer. Je l’ai fait. Il m’a embauché. »

Hervé Despois devient assistant marketing. Puis, au fil des ans et des changements d’entreprises, il gravit les échelons. En 2013, il est directeur marketing d’une grande entreprise. Un bel accomplissement !

 

En 2014, direction la Martinique, par amour

Hervé Despois s’est aussi marié. Sa femme part en Martinique pour enseigner à l’université. Lui reste à Londres. Cependant, lorsqu’il apprend qu’elle attend leur premier enfant, il décide de la rejoindre. « Cela m’est apparu logique, même si j’étais triste. »

« Passer de Londres à la Martinique, cela n’a vraiment pas été simple, au niveau professionnel. Cela a même été une galère. »

« J’ai envoyé énormément de CV, j’ai passé quelques entretiens. On me disait que j’avais trop d’expérience, que j’étais trop qualifié… Les gens étaient tellement focalisés sur les diplômes, le parcours parfait, qu’ils occultaient mon expérience, le fait que j’étais bilingue, etc. »

 

D’un problème, naquit Afrocks 

Faute de poste, Hervé Despois se lance dans le consulting. iI conseille notamment Carfully. Néanmoins, cela ne lui suffit pas. Il veut se lancer dans la création d’entreprise.

« J’ai réfléchi à un problème commun auquel je pouvais trouver une solution. »

Un problème ? Hervé Despois a des locks, mais comme il habite loin de Fort-de-France, il ne trouve personne pour les tourner. Il est obligé de les couper.

« Je me suis dit : ‘il faut créer une plateforme pour pouvoir centraliser tous les coiffeurs intéressants dans le domaine, les payer en ligne et faire en sorte qu’ils viennent à domicile’. »

A domicile, car il se rappelle qu’à Londres, cela l’ennuyait de devoir se rendre dans un salon et patienter de longues minutes pour se faire coiffer.

« J’ai commencé à réfléchir au concept. J’ai fait le design du site moi-même. J’ai codé aussi une grande partie du site, grâce à des tutoriels sur Youtube notamment. »

Et son projet, il le conçoit directement en anglais, car il veut le lancer d’abord à Londres pour s’appuyer sur son important carnet d’adresses.

« J’ai mis en ligne une page de lancement pour présenter le concept et demander aux personnes intéressées de laisser leur adresse mail. Une semaine plus tard, il y avait des milliers d’inscriptions. Je me suis alors lancé à fond dans le projet. »

 

Une ambition naturellement mondiale pour Afrocks

Afrocks est en plein développement. Hervé Despois, qui vit à Paris, en est le président. Cependant, il a un associé, Regis, qui lui est en Guyane. Il y a aussi leur collaboratrice, Stella, qui est sur le terrain, à Londres donc. Pour les réunions, comment font-ils ? Tout simplement, via Skype.

Pour l’instant, Afrocks ne dessert que Londres. 12 coiffeurs professionnels y sont référencés. Un chiffre qui s’explique par les nombreux critères de sélection à remplir. « Nous ne prenons que les meilleurs. Nous rencontrons les coiffeurs pour leur expliquer le projet et leur faire passer un entretien, notamment. » 

Avec Afrocks, une étape essentielle : indiquer le type de coiffure.

Afrocks compte près de 200 inscrits, en majorité des femmes. Le site enregistre 200 visiteurs par jour et leur blog est très lu également. « On prend le temps de bien rôder le process, et une fois que nous serons satisfaits, nous nous étendrons. » 

« Nous visons l’Angleterre, un marché très demandeur. Nous avons déjà prévu de lancer Afrocks en Guadeloupe, Martinique et Guyane, dans deux ans. Ce sont des marchés coups de coeur. Nous voulons ensuite nous étendre au continent africain, d’ici 5 ans. »

« Nous voulons contribuer à ce que le cheveu afro soit normalisé. Afrocks permettra que les gens sachent où trouver des coiffeurs de qualité, sans avoir à rechercher partout. »

 

Pour les entrepreneurs, de précieux conseils

« On dit toujours aux entrepreneurs de ne jamais lâcher l’affaire. C’est vrai, mais il faut aussi et surtout aller vite, ne pas se poser de questions. On avait une devise dans mon travail en Angleterre : fail fast ! Echoue mais rapidement. Tu sais que cela ne fonctionne pas, donc tu changes. »

«Il faut passer moins de temps à fignoler le projet et se concentrer sur son lancement. »

« Comme on dit dans le monde des startups, si tu n’as pas honte de ton premier projet, eh bien tu as raté quelque chose ! Il faut arriver rapidement sur le marché et obtenir des retours. Allez vite ! Les gens aiment, super ! Les gens n’aiment pas, je change. »

Merci à Hervé Despois pour ce point essentiel, que j’aurai l’occasion d’aborder dans un prochain billet, via un exemple très concret, bien sûr.

J’écrirai, sans doute, encore sur Afrocks à nouveau dans quelques mois. Je garderai à l’oeil l’évolution du projet.

Parviendront-ils à conquérir la Caraïbe ? Wait and see.

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