Ce qui frustre les entrepreneurs en Guadeloupe

J’écris depuis des années sur l’entrepreneuriat sur ce blog, et j’ai même regroupé certains billets dans une rubrique dédiée, Entreprendre en Guadeloupe. Certains de mes textes — comme celui-ci ou celui-là — ont eu beaucoup d’échos, parce qu’ils mettaient en lumière nombre de problématiques, de sujets de frustration. Depuis, plusieurs entrepreneurs m’en ont soumis d’autres, tout aussi révélateurs.

Le matériel et les pièces introuvables

Qu’il s’agisse d’un appareil professionnel, d’un véhicule utilitaire ou d’un simple ordinateur, la moindre panne devient un cauchemar. Les délais d’approvisionnement sont interminables, les frais de port dissuasifs, et certaines références ne sont tout simplement pas disponibles localement. Résultat : on perd du temps, de l’argent, et parfois des clients.

Une connexion internet faible ou inexistante

J’ai déjà consacré un billet à Starlink, cette solution satellitaire qui suscite beaucoup d’intérêt ici, justement parce qu’elle répond à un vrai besoin. Dans certaines zones, la fibre reste un mirage. Les coupures ou ralentissements sont fréquents, même dans des zones dites “couvertes”. Pour des entreprises qui dépendent du numérique — site web, réseaux sociaux, comptabilité, facturation en ligne, visio, paiements dématérialisés — c’est un frein majeur à la productivité, à la réactivité, à la crédibilité.

Des formations professionnelles rares ou inadaptées

Beaucoup d’entrepreneurs veulent progresser, apprendre, se former. Or les offres sont souvent limitées en Guadeloupe, ou les formations nationales sont proposées en visio à des heures très matinales. Résultat : beaucoup se forment seul, en autodidacte, en fouillant YouTube ou en faisant le déplacement dans l’Hexagone, ce qui nécessite un important budget.

Des espaces d’exposition limités

Présenter ses produits, rencontrer des clients, participer à des salons ou événements économiques : ce devrait être la base. En Guadeloupe, ces occasions sont limitées. Peu de foires, de lieux d’exposition permanents, peu d’espaces accessibles aux petites structures. La visibilité passe alors par les réseaux sociaux, au détriment du contact humain, de la mise en valeur réelle des savoir-faire locaux.

La difficulté de commercer avec le reste de la Caraïbe

J’en ai parlé dans plusieurs billets, tant le sujet est essentiel. Les barrières logistiques, douanières, administratives et linguistiques restent importantes. Alors que la proximité géographique devrait être un atout, exporter vers Sainte-Lucie, Trinidad ou la Dominique se révèle souvent plus complexe que d’envoyer un colis en métropole. Un paradoxe qui illustre le manque criant de politiques économiques tournées vers notre environnement naturel : la Caraïbe.

Les frustrations sont nombreuses, et elles ne relèvent pas du hasard. Les entrepreneurs guadeloupéens n’ont pas besoin qu’on leur demande d’être résilients. Ils ont besoin d’un environnement pensé pour la performance, l’innovation, la fluidité, la coopération régionale. Bref, d’un cadre qui permette d’entreprendre sans entraves inutiles.