Le rapport annuel économique 2024 de l’Institut d’Émission des Départements d’Outre-mer (IEDOM) propose un état des lieux complet de la situation économique et sociale de la Guadeloupe. Publié dans un contexte mondial incertain, ce document met en évidence les dynamiques en cours, les vulnérabilités persistantes, ainsi que les perspectives de développement pour l’archipel.
La Guadeloupe dispose d’atouts majeurs pour soutenir sa relance : un tissu entrepreneurial réactif, une industrie touristique résiliente. Cependant, elle doit impérativement relever ses défis démographiques, sociaux et environnementaux.
2025 est annoncée comme une année charnière, où la concrétisation de grands projets et la montée en puissance des transitions écologiques et numériques seront décisives.
Voici les grandes forces et faiblesses qui ressortent de cette étude, illustrées par des chiffres clés.
5 forces à noter
Un climat des affaires globalement positif
L’indicateur du climat des affaires (ICA) reste au-dessus de sa moyenne de long terme avec 104,5 points, malgré un léger repli par rapport à 2023 (108,1). Cela traduit une confiance relative des entrepreneurs guadeloupéens.
Une reprise des investissements
Les déclarations d’investissement des entreprises progressent de +12,7 % sur un an. Cette tendance est soutenue par des projets structurants comme l’extension du port de Jarry (180 M€), la Marina de Bas-du-Fort (20 M€), ou le Technopole Audacia (14 M€).
Des signaux positifs sur le marché de l’emploi
Le chômage recule à 16,8 % (contre 23,9 % en 2014). Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A diminue de 2,1 % sur un an, et l’emploi salarié privé progresse légèrement (+0,5 %).
Une performance touristique stable malgré les défis
Le chiffre d’affaires de l’hébergement et de la restauration augmente de +10,3 %. Le nombre de nuitées reste supérieur à celui de 2019 (+5,3 %), et la saison des croisières 2023/2024 a retrouvé son niveau d’avant-crise.
Des financements bancaires dynamiques
L’encours des crédits atteint 11,7 milliards d’euros (+4,6 %). Les crédits d’investissement sont en forte hausse (+11,8 %), et les actifs financiers des ménages progressent également (+3,4 %).
6 faiblesses persistantes
Une démographie en recul et un vieillissement accéléré
La population guadeloupéenne diminue (398 000 hab. en 2014 contre 380 000 en 2024), avec une projection à 264 000 en 2050. Les plus de 60 ans représentent désormais 35,6 % de la population.
Un taux de pauvreté très élevé
Avec un taux de pauvreté de 34,5 % (contre 14,4 % en France hexagonale), la Guadeloupe reste l’un des territoires les plus pauvres de l’Outre-mer.
Une vulnérabilité économique accrue
L’économie est marquée par un déficit commercial structurel de 3,4 milliards d’euros, un taux de couverture des échanges extérieurs faible (32 %), et une industrie agroalimentaire en recul (exportations -26,5 % en volume).
Des difficultés structurelles dans le BTP et le commerce
Le secteur du BTP recule de 4,6 %, avec une chute de -26,7 % des logements autorisés. Le commerce souffre d’un repli de la consommation, avec un chiffre d’affaires en baisse de 1,2 %.
Un coût de la vie plus élevé qu’en Hexagone
L’écart de prix avec la France hexagonale s’est aggravé, atteignant +15,8 % en 2022 (contre 12,5 % en 2015). L’indice de Gini reste élevé (0,42), révélateur d’inégalités sociales fortes.
Un territoire très exposé aux risques climatiques
La Guadeloupe subit de plein fouet les effets du changement climatique : hausse des températures, épisodes météorologiques extrêmes, érosion du littoral (38 % des communes concernées), vulnérabilité des récifs coralliens et échouages massifs de sargasses.
A propos de l’IEDOM
L’IEDOM est chargé d’assurer les missions de banque centrale par délégation de la Banque de France dans les départements et collectivités d’outre-mer dont la monnaie est l’euro : Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, La Réunion, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). L’IEDOM, société filiale de la Banque de France, assure 4 missions principales : la stratégie monétaire, la stabilité financière, les services à l’économie et à la société, et le suivi économique des territoires ultramarins.