Agriculture en Guyane en 2025 : un secteur qui s’étend, se structure et se féminise

Chaque nouvelle édition du Mémento Agreste est un bon indicateur de l’évolution réelle des territoires agricoles, car il livre les statistiques de l’agriculture, l’alimentation, la forêt et la pêche. Celui consacré à la Guyane en 2025 confirme une tendance que beaucoup observent depuis plusieurs années : le secteur agricole gagne du terrain, change de visage et se diversifie. Les exploitations sont plus nombreuses, les surfaces augmentent, les cheptels se stabilisent et l’agriculture biologique poursuit sa progression.

Une population active agricole qui évolue

Le document montre des dynamiques contrastées sur le plan démographique, mais un fait ressort : les femmes sont majoritaires parmi les chefs d’exploitation. La part féminine dépasse les 50 % dans presque tous les EPCI.
C’est une évolution notable pour un secteur historiquement masculin, et cela se reflète aussi dans les profils : davantage de nouvelles installations, davantage de chefs d’exploitation sans diplôme agricole initial, davantage d’exploitations familiales.

Les surfaces agricoles utilisées continuent d’augmenter

Entre 2010 et 2020, puis jusqu’en 2024, les surfaces agricoles utilisées (SAU) progressent régulièrement. Il y a eu une hausse continue, passant de 28 666 ha en 2012 à près de 38 072 ha en 2024.
La Guyane reste un territoire où l’espace n’est pas le principal frein : la question, c’est l’aménagement, l’accès et l’accompagnement. Cette hausse prouve que, malgré les défis logistiques, l’agriculture locale attire.

Une forte présence des cultures vivrières

A noter l’importance des cultures vivrières — notamment le manioc, les tubercules et la banane. Certaines communes consacrent plus de 50 % de leur SAU aux tubercules, signe que la production vivrière reste au cœur de l’agriculture guyanaise.
Les tubercules et vivriers secs comptent parmi les cultures les plus présentes, suivis des fruits tropicaux et des légumes.

Une production animale marquée par la domination du bovin

Le bovin représente presque la moitié de la valeur de la production animale.
Le bétail est concenté dans l’Ouest, notamment autour de Saint-Laurent-du-Maroni, Mana et Iracoubo.
La dynamique reste fragile, avec un cheptel globalement stable et une légère baisse des abattages entre 2023 et 2024, mais le potentiel est là, particulièrement pour la viande locale.

L’apiculture se développe

Autre signal positif : l’apiculture continue de progresser. Il y a plus d’apiculteurs et davantage de ruches, même si la majorité des exploitants possède moins de 50 colonies.
C’est un secteur encore en structuration, mais qui pourrait peser davantage dans les années à venir.

Les productions végétales s’organisent

Les surfaces en canne à sucre et en rhum restent modestes mais régulières. La production est stable sur plusieurs années. Les cultures légumières et fruitières prennent de l’ampleur : aubergines, piments, concombres, ananas, bananes. Là encore, la Guyane mise sur la diversité plutôt que sur des monocultures industrielles.

L’agriculture biologique gagne en importance

Plusieurs communes passent un cap significatif, avec plus de 200 ha certifiés ou en conversion. Montsinéry-Tonnegrande, Macouria et Roura ressortent particulièrement.
Les surfaces certifiées ou en conversion progressent chaque année, preuve d’un mouvement profond porté par les consommateurs, les producteurs, et les attentes publiques liées à la souveraineté alimentaire.

Ce Mémento 2025 confirme que l’agriculture guyanaise est en mouvement. Les exploitations se renforcent, les femmes prennent une place stratégique, les cultures vivrières restent un pilier, la production animale se structure davantage dans l’Ouest, et l’agriculture biologique s’installe durablement.
La Guyane avance avec son propre modèle : diversifié, vivant, en croissance lente mais solide.