En décembre 2024, la Barbade a marqué l’histoire de la finance climatique en concluant le premier swap de dette pour la résilience climatique à l’échelle mondiale. L’opération, saluée par la communauté internationale, a libéré environ 125 millions de dollars (environ 115 millions d’euros) pour financer des projets essentiels : modernisation des infrastructures de l’eau, amélioration de la sécurité alimentaire et protection des écosystèmes côtiers.
Ce mécanisme novateur repose sur un principe simple : convertir une partie de la dette extérieure du pays en investissements dédiés à l’adaptation et à la transition écologique. Négocié avec le soutien de la Banque interaméricaine de développement et de l’ONG The Nature Conservancy, l’accord permet à la Barbade de réduire sa vulnérabilité sans alourdir son fardeau financier.
Une source d’inspiration régionale
Cette initiative, portée par la Première ministre Mia Mottley, a immédiatement suscité l’intérêt d’autres États de la Grande Caraïbe. La région, où 70 % des populations vivent en zones côtières, est particulièrement exposée aux ouragans, à la montée du niveau de la mer et aux sécheresses.
Or, selon la Banque de développement des Caraïbes, les besoins d’adaptation dépassent les 14 milliards de dollars (près de 12,9 milliards d’euros) par an, un montant largement supérieur aux financements actuellement disponibles.
- Grenade et Saint-Lucie étudient déjà la faisabilité de swaps similaires pour dégager des ressources afin de renforcer leurs infrastructures portuaires et énergétiques.
- Belize, qui avait conclu en 2021 un accord innovant de swap de dette lié à la conservation marine, envisage d’aller plus loin en intégrant la résilience climatique dans ses futurs montages financiers.
- Jamaïque et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, particulièrement touchées par des catastrophes naturelles ces dernières années, se montrent attentives à cette approche qui pourrait libérer des fonds pour la reconstruction durable.
Vers une dynamique régionale
La réussite barbadienne s’inscrit dans une stratégie plus large de coopération caribéenne. En juin 2025, une plateforme régionale de financement climatique a été lancée avec l’appui du Fonds vert pour le climat (GCF). Elle regroupe plusieurs pays (Belize, Grenade, Guyana, Saint-Kitts-et-Nevis, Trinité-et-Tobago, etc.) et vise à mutualiser les efforts pour attirer les investisseurs et développer des instruments financiers adaptés aux réalités des petits États insulaires.
Cette dynamique traduit une volonté claire : ne plus subir les conséquences du changement climatique mais créer les outils pour y faire face, en allégeant le poids de la dette et en construisant des économies plus résilientes.
En ouvrant la voie, la Barbade a montré qu’il est possible de réconcilier finances publiques et adaptation climatique. Si d’autres territoires de la Grande Caraïbe réussissent à reproduire ce modèle, la région pourrait devenir un laboratoire mondial d’innovation financière au service de la résilience.