Je me rappelle que j’étais au lycée quand j’ai découvert Buena Vista Social Club. Une professeure nous a invité à aller voir le documentaire sur ce groupe. En le visionnant, je suis tombée sous le charme de ces seniors si passionnés, si talentueux. Omara Portuondo, Compay Segundo, Ibrahim Ferrer… J’écoute encore régulièrement leurs morceaux qui sont, selon moi, intemporels.
La petite histoire
Buena Vista Social Club, c’est avant tout une belle histoire née d’un heureux hasard. En 1996, le producteur Nick Gold, de la maison de disques World Circuit, et le guitariste américain Ry Cooder ont l’idée ambitieuse de réunir des musiciens cubains issus de la tradition « campesina » — ces soneros légendaires des années 1930 à 1950 — avec des artistes venus d’Afrique de l’Ouest. Mais le projet prend une tournure inattendue : les musiciens africains, bloqués à l’aéroport de Paris-Orly, ne peuvent rejoindre Cuba. Plutôt que d’abandonner, Gold et Cooder décident d’enregistrer l’album uniquement avec les artistes cubains.
Le résultat, baptisé Buena Vista Social Club — du nom d’une ancienne boîte de nuit populaire dans la banlieue de La Havane —, est un chef-d’œuvre. Dès sa sortie, l’album rencontre un immense succès international. Il redonne vie à un pan oublié de la musique cubaine et propulse ses interprètes, alors pour la plupart âgés, sur les plus grandes scènes du monde : du Théâtre royal Carré d’Amsterdam au mythique Carnegie Hall de New York.
En 1999, le cinéaste allemand Wim Wenders immortalise cette aventure musicale dans un documentaire poignant. Entre performances, coulisses et confidences recueillies à La Havane, le film Buena Vista Social Club offre un regard intime sur ces artistes au talent immense et à l’humanité bouleversante. Une œuvre culte, tout comme l’album.
Indémodable !
Ce qui me touche encore aujourd’hui, c’est cette alchimie entre les voix et les instruments, cette chaleur presque palpable qui émane de leur musique. Leurs chansons racontent des histoires simples et puissantes : l’amour, le temps qui passe, la beauté du quotidien. Elles m’apaisent, m’inspirent, me connectent à quelque chose de plus grand. Je suis toujours frappée par l’authenticité et l’élégance des arrangements. Rien n’est forcé. Tout coule, naturellement.
Et il faut croire que je ne suis pas la seule à ressentir cela. Ces dernières années, la musique de Buena Vista Social Club connaît un regain d’intérêt, notamment grâce à la comédie musicale actuellement en tournée internationale.
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Ce spectacle rend hommage à leur répertoire avec énergie et respect, et fait redécouvrir leurs morceaux à une nouvelle génération. Résultat : on entend de nouveau « Chan Chan », « Dos Gardenias » ou encore « El Cuarto de Tula » dans des playlists, des films, ou même dans des spots publicitaires. Ces titres traversent les modes et les époques, sans jamais perdre leur éclat.
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Ce succès renouvelé me réjouit. Il montre que la magie de Buena Vista Social Club opère toujours. Qu’il s’agisse de vinyles grésillants ou de streaming haute qualité, leur musique touche droit au cœur. Et je crois que c’est cela, le propre des œuvres vraiment grandes : elles ne vieillissent pas. Elles vivent, encore et toujours.