Depuis quelques années, la République dominicaine mène un vaste chantier : l’édification d’un mur en béton et métal sur sa frontière avec Haïti.
Les travaux d’extension, qui doivent porter la longueur totale du mur à environ 170 kilomètres, ont débuté vendredi (ndlr : 20/06/25). Symbole de fermeté migratoire, cette séparation a été lancée en 2021 par le gouvernement de Luis Abinader. – Le Monde (21/06/25)
L’île d’Hispaniola héberge deux réalités opposées : d’un côté un État haïtien exsangue, de l’autre une République dominicaine en développement. Le mur incarne cette rupture géopolitique, identitaire et économique.
Contrôler l’immigration clandestine
Haïti traverse une crise socio-politique catastrophique : violence des gangs, effondrement économique et instabilité institutionnelle. En réponse, des dizaines de milliers de Haïtiens tentent chaque année de franchir illégalement en République dominicaine. La barrière vise à freiner ces passages non contrôlés.
Environ 500.000 immigrants haïtiens vivent en République dominicaine, un pays de 10,5 millions d’habitants. – Le Figaro (24/02/25)
Sécuriser le territoire et lutter contre la criminalité
Les autorités dominicaines soulignent que le mur empêche le vol de bétail, de véhicules, ainsi que les trafics de drogue et d’armes. Sur le plan opérationnel, la frontière devient un « mur intelligent ».
Ce mur outre la présence permanente de militaires, disposera d’un système de surveillance à la fine pointe de la technologie entre autres dispositifs : radar, détecteur de mouvement, caméras à haute définition à vision nocturne et infra-rouge en plus d’une escadrille de drones de surveillance. – Haïti Libre (30/12/24)
Alléger la pression économique et sociale
Plusieurs centaines de milliers d’Haïtiens, dont des descendants sans papiers, vivent en République dominicaine. Le gouvernement invoque un besoin de protéger l’emploi, les services publics et l’agriculture des impacts liés aux flux migratoires illégaux.
Un projet controversé
Du côté haïtien, certaines voix dénoncent un mur qui empêche la coopération transfrontalière, structure les différences et ne s’attaque pas aux causes profondes de la migration.
Des ONG environnementales alertent sur la menace que le mur constitue pour des zones sensibles comme la mangrove de Monte Cristi – habitat d’espèces protégées. Les défenseurs des droits humains, comme le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), ont dénoncé les expulsions massives auxquelles s’ajoute cette barrière.
Chaque année, entre 100 000 et 200 000 immigrés haïtiens sont expulsés (171 000 en 2022) dans un contexte de xénophobie et de tension entre les deux voisins de l’île d’Hispaniola. – La 1ère (02/04/23)
Le mur dominicain reflète une réponse physique à une crise multidimensionnelle. Cependant, il pose question : est‑ce là la solution durable ? Sans initiatives conjointes en matière de développement, de sécurité et de régularisation migratoire, la barrière ne sera qu’un symbole temporaire de division.