Tourisme en forte reprise, croissance économique au rendez-vous dans certains territoires, mais aussi inflation persistante, chômage des jeunes préoccupant, et dette publique encore élevée… Caribbean Economic Review and Outlook 2024 – 2025, le dernier rapport économique régional de la Banque de Développement des Caraïbes (CDB), publié en avril 2025, dresse un portrait contrasté des économies caribéennes.
Entre les succès notables d’Antigua-et-Barbuda, de la Dominique ou encore de Saint-Kitts-et-Nevis, et les difficultés structurelles d’Haïti ou de la Jamaïque, le document livre une photographie précieuse des forces et faiblesses de la région.
Voici l’essentiel à retenir, chiffres à l’appui, pour mieux comprendre certaines dynamiques économiques.
Une croissance résiliente, mais qui ralentit
En 2024, la croissance économique réelle des pays membres emprunteurs (BMCs) de la CDB a atteint en moyenne 4,4 %, avant une prévision de ralentissement à 3,0 % en 2025. C’est une tendance de stabilisation après les hausses post-COVID.
Mais si l’on exclut le cas particulier du Guyana, dont l’essor pétrolier fausse les moyennes régionales, la croissance reste modérée. Certains pays tirent néanmoins leur épingle du jeu :
- Saint-Kitts-et-Nevis : +7,5 %
- Dominique : +5,6 %
- Antigua-et-Barbuda : +4,6 %
- À l’inverse, Haïti enregistre une contraction du PIB de -4,2 %.
Le tourisme, moteur d’un rebond visible
Le tourisme, pilier économique de nombreuses îles, est clairement de retour aux niveaux d’avant-crise, et parfois au-delà. Par exemple :
- Barbade, Sainte-Lucie, Îles Vierges britanniques et Antigua-et-Barbuda ont vu leurs arrivées de visiteurs dépasser les chiffres de 2019.
- Cette reprise booste indirectement les secteurs de l’hôtellerie, des transports, et de la restauration.
Le secteur a été un des principaux contributeurs à la croissance du PIB en 2024.
Construction, commerce, services : des piliers actifs
En plus du tourisme, plusieurs secteurs ont contribué positivement à la croissance :
- Construction
- Commerce de gros et de détail
- Transport et communications
- Hôtellerie-restauration
Ces secteurs ont dynamisé l’emploi, les recettes fiscales et les investissements publics et privés.
Chômage des jeunes : un défi de taille
Si le marché du travail montre des signes d’amélioration, les inégalités persistent :
- Le taux de participation à la population active varie entre 60 % et 80 % selon les pays.
- Le chômage des jeunes reste élevé, dépassant 20 % dans plusieurs pays, dont la Jamaïque et Trinidad-and-Tobago.
- Les femmes continuent d’être sous-représentées dans la population active.
Inflation en baisse, mais vigilance alimentaire
Bonne nouvelle : l’inflation régionale recule, atteignant une moyenne d’environ 4 % en 2024, contre plus de 8 % au pic de 2022.
Cependant, l’inflation alimentaire reste élevée dans certains territoires, impactant les populations les plus vulnérables. La stabilisation dépendra en grande partie des tendances mondiales et de la résilience des chaînes d’approvisionnement.
Dette publique : des efforts visibles mais encore insuffisants
La dette publique, exprimée en part du PIB, recule légèrement dans plusieurs États, mais reste au-dessus du seuil de 60 % dans :
- Barbade
- Jamaïque
- Trinité-and-Tobago.
Cela limite les marges de manœuvre budgétaires pour investir massivement dans la santé, l’éducation ou la transition écologique.
Déficits commerciaux persistants, sauf rares exceptions
En 2024, la plupart des pays de la région ont enregistré un déficit commercial, parfois massif.
- Exemples : Trinidad-and-Tobago : -5,536 millions $, Jamaïque : -5,001 millions $.
- Seul le Guyana, porté par ses exportations pétrolières, tire son épingle du jeu avec un excédent.
Envois de fonds et réserves : des amortisseurs indispensables
- Les remittances (envois de fonds) représentent jusqu’à 20 % du PIB en Haïti, Jamaïque, Saint-Kitts, etc.
- Les réserves de change couvrent en moyenne 3 à 5 mois d’importations, ce qui est conforme aux standards internationaux.
Investissements publics : une remontée timide prévue
Après un creux relatif en 2023-2024, les dépenses d’investissement public devraient remonter légèrement en 2025, selon les projections de la CDB. Cela pourrait relancer les infrastructures essentielles, si les finances publiques sont assainies.
La Grande Caraïbe reste une mosaïque d’économies inégales, entre rebond touristique, croissance sélective, inflation maîtrisée mais pressions sociales persistantes. L’année 2025 sera un test pour la résilience budgétaire, les politiques de jeunesse et la transition durable.