Preuve que la question des droits de l’Homme suscite toujours un vif intérêt mais aussi des interrogations et inquiétudes, le public est venu en masse assister au colloque sur le thème « Les Droits de l’Homme dans la Caraïbe », qui se déroulait les 9 et 10 janvier 2009, à la Faculté de droit de l’Université des Antilles et de la Guyane.
La ligue des Droits de l’Homme, le Centre d’analyse géopolitique et internationale (CAGI) et la CO.RE.CA ont tenu à célébrer le 60e anniversaire de la signature de la Déclaration des droits de l’Homme, en organisant un colloque qui constitue « un acte de foi », « une sorte d’engagement sur cette question de société », selon les termes d’Alain Arconte, le président du CAGI.
Les Guadeloupéens ont répondu en nombre à cette invitation à réfléchir et à débattre sur cette problématique d’autant plus intéressante qu’elle était placée à l’échelle caribéenne. Ce choix de ne pas se limiter aux seuls départements d’Outre-mer, Claudie Altone, présidente du CO.RE.CA, l’a justifié dans son discours d’ouverture :
La Caraïbe, « terre de génocides », « d’esclavage », « de déportation pour des milliers d’indiens », a été « profondément marquée par ces crimes contre l’humanité », d’où une nécessaire analyse globale de la situation.
Dernier des présidents organisateurs à prendre la parole, Fred Hermantin, président de la section guadeloupéenne de la ligue des Droits de l’Homme a, lui vilipendé le comportement des Etats-Unis envers la Caraïbe, ce « lac américain ».
Et de s’interroger : « est-ce qu’il y a un affront plus grave qu’à quelques kilomètres de nous le camp de Guantanamo ? » Toutefois, il n’a pas épargné pour autant les Guadeloupéens, car « il nous faut balayer devant notre porte ». Il a dénoncé la manière dont sont traités dans le département les travailleurs étrangers, notamment haïtiens :
« Nous, Guadeloupéens, qui avons subi tant d’humiliations, de vexations, pouvons-nous supporter que de tels comportements soient infligés à des Antillais, à des hommes ? »
Régression
A travers les propos tenus par les différents intervenants de ce colloque, il est apparu qu’en matière des Droits de l’Homme, il restait encore bien du chemin à faire.
Gilles Manceron, membre du bureau national de la Ligue des Droits de l’homme, a ainsi expliqué que « la situation n’est pas rose en ce moment, les droits sont niés même dans notre pays, en particulier ceux des étrangers, des prisonniers. L’actualité des droits de l’Homme nous inquiète, a t-il ajouté, et nous avons à l’esprit le conflit de Gaza« .
Et selon lui, pour la protection des Droits de l’Homme il ne faut pas compter sur les gouvernements :
« les Droits de l’Homme avancent quand les gens se mobilisent, s’en occupent ».
Publié dans Sept magazine, n°1536, du 15 au 21 janvier 2009.