En Guadeloupe, quand tu assistes à des conférences, la frustration est forcément grande quand un mot est prononcé : statistiques. En raison de leur absence.
Cette problématique est apparue (à nouveau) de manière criante lors de Digisport, la première conférence sur le tourisme, le sport et numérique en Guadeloupe, qui avait lieu le 30 avril dernier, à la bibliothèque Mado, à Baie-Mahault. L’organisateur était Caribbean Sports Events (@C_SportEvents sur Twitter), une agence spécialisée dans le sport & le numérique.
Tourisme. Sport. Numérique. Des secteurs importants pour l’archipel, au vu de la multiplicité des acteurs et des quelques chiffres à disposition, mais tout de même bien difficiles à évaluer tant les statistiques font défaut.
Or, comment parler – de manière concrète – de ces secteurs sans statistiques récentes ? Comment définir, analyser, développer ?
Cette lacune a, bien sûr été, évoquée à de multiples reprises lors de la conférence Digisport.
Conférence #GDS15 #Guadeloupe – Madly Schenin-King met en avant l’importance d’avoir des statistiques pour séduire des partenaires. #manque
— Mylène Colmar (@Mycho) 30 Avril 2015
C’était déjà le cas lors d’une précédente conférence, et d’une autre, et d’une autre, et d’une autre… Avoir à disposition des statistiques nombreuses, détaillées, actualisées régulièrement, cela fait des années que j’entends formuler cette demande. Cependant, je ne vois (quasi) rien venir.
Digisport était donc une énième conférence sans statistiques, mais heureusement, les intervenants ont délivré beaucoup d’informations et de pistes de développement également. Je vous livre ce que j’ai retenu.
Les atouts de la Guadeloupe :
- L’environnement diversifié : C’est un atout majeur, car de multiples activités sports et loisirs sont possibles
- Les infrastructures nombreuses et multiples : un vélodrome, différents stades et palais des sports, terrains de tennis, etc.
- Le nombre pléthorique d’événements sportifs : Francis Mukisi, directeur d’AGOPS, a évoqué le nombre de 4000 à 5000 événements (de différentes tailles et natures) organisés en Guadeloupe chaque année.
- La multitude de champions sportifs : ce sont des ambassadeurs potentiels intéressants, qui pourraient jouer un rôle majeur en termes de communication/marketing. Gilles Galleron, le fondateur de Sportandbiz, a indiqué avoir discuté avec certains qui seraient intéressés, mais attendraient d’être sollicités.
- La demande du spectateur (voir l’énoncé de la photo).
Les lacunes (outre les statistiques) :
- l’accessibilité au numérique, à internet : c’est un fait que se connecter en Guadeloupe n’est pas évident pour tout le monde, du fait de l’absence ou de la pauvreté du réseau dans certaines zones. Et pour le touriste, la difficulté est encore accrue à cause de l’inexistence ou du caractère dépassé des infrastructures mises à disposition dans les hôtels, les gîtes et autres. Dès lors, comment faire en sorte de développer des liens forts entre tourisme, sport et numérique ?
- la digitalisation des événements sportifs : certes, pour certaines manifestations comme la Karujet, des outils sont utilisés. Cependant, « un gros travail d’évangélisation reste à faire », a souligné Alix Bicep.
Sur les événements sportifs, bcp de choses restent à faire sur la billetterie. #gds15
— CallMeMadly (@callmemadly) 30 Avril 2015
- la professionnalisation et le budget : une des personnes du public a souligné que le secteur du sport est géré en Guadeloupe à 90% par des associations, et donc des bénévoles. De ce fait, il apparait évident que la problématique principale est le budget. L’aspect marketing vient donc en dernier.
Pas d’actions marketing reflechies en politique marketing sportives en #Guadeloupe, pas de suivi apres la #routedurhum #gds15 — Sportandbiz.com (@Sportnbizz) 30 Avril 2015
En conclusion, les échanges lors de cette conférence ont mis en évidence trois points majeurs :
– il existe un potentiel énorme en Guadeloupe pour les secteurs du tourisme, du sport et du numérique, mais il reste sous-exploité.
– il manque des stratégies basées sur des statistiques, la connaissance des besoins des clients potentiels, l’expertise de professionnels.
– il y a toute une part d’innovation encore à venir – en termes de digitalisation, d’objets connectés, de tourisme sportif, de tourisme connecté, etc. – dont il faudra savoir tirer partie.
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MAJ 05/05/15 : Veille Tourisme Antilles, partenaire de la conférence, a également publié un billet sur la conférence.
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