J’ai récemment consacré un billet de blog à l’agriculture cubaine, visant à expliquer pourquoi Cuba est le leader agricole de la Grande Caraïbe.
Auparavant, dans un autre billet, j’ai évoqué Cuba face au terrible embargo américain, vestige de la guerre froide.
Vous aurez compris que j’ai décidé de parler plus souvent de Cuba, parce que cela reste un mastodonte historique, géopolitique, de la Grande Caraïbe. Certes, le président Miguel Diaz-Canel n’a ni le charisme, ni l’aura internationale de Fidel Castro. Cependant, Cuba reste Cuba, avec une foule de sujets à aborder.
Et j’ai eu envie de revenir sur les relations de Cuba avec la Russie, parce que bien sûr, cela fait partie des thématiques incontournables , encore plus au moment où les Etats-Unis ont décidé d’avoir Donald Trump comme président. Sur ce point, j’y reviendrai dans un prochain billet.
Un partenariat historique et géopolitique
Depuis la Révolution cubaine de 1959, Cuba et la Russie, autrefois Union soviétique, partagent une alliance solide qui va bien au-delà de simples échanges économiques et commerciaux. Ils sont alliés dans des domaines clés tels que la défense, l’énergie, la médecine, et plus récemment, le tourisme. Ce partenariat, forgé dans les affres de la Guerre froide, s’est même renforcé au fil des années, à mesure que la pression exercée par les sanctions occidentales augmentait.
Dès les années 1960, Cuba est devenue l’alliée stratégique de l’Union soviétique aux portes des États-Unis, renforcée par la célèbre crise des missiles de 1962, lorsque l’installation de missiles soviétiques dans l’île a failli provoquer un conflit nucléaire. Bien que cette crise ait abouti au retrait des missiles, elle a renforcé les liens entre Cuba et l’URSS.
En effet, après la Révolution cubaine de 1959, Cuba sous la direction de Fidel Castro s’est orientée vers le communisme. Ce choix idéologique a aligné Cuba avec l’Union soviétique dans le contexte de la Guerre froide. L’URSS voyait en Cuba un allié d’importance, aux portes des États-Unis, soit une position géopolitique unique pour contrebalancer l’influence américaine dans l’hémisphère occidental.
Cuba est ainsi devenue une pièce maîtresse de la politique étrangère soviétique, recevant un soutien militaire, économique et diplomatique massif de l’URSS. Ces aides ont été vitales pour l’île face à l’embargo américain. A noter qu’à l’époque, l’URSS recevait du sucre cubain (principal produit d’exportation de Cuba) et d’autres produits à des prix favorables.
Malgré la chute de l’URSS en 1991, les liens entre les deux pays n’ont jamais complètement disparu et se sont même accrus. Au fil des années, la Russie a investi des sommes considérables pour moderniser des infrastructures clés à Cuba.
Des investissements dans les infrastructures et l’énergie
En février 2020, la Russie a signé avec Cuba un contrat de 1,88 milliard d’euros pour la modernisation du réseau ferroviaire cubain. Ce projet, considéré comme le plus important entre les deux pays dans l’histoire moderne, prévoit la réhabilitation de plus de 1 000 kilomètres de voies ferrées, avec un financement russe d’environ 900 millions d’euros.
Parallèlement, la Russie finance également la modernisation des centrales thermiques cubaines, un secteur crucial pour le développement et la stabilité énergétique de l’île, en réhabilitant plusieurs unités de production électrique. En 2023, des accords ont été signés pour rénover dix unités de production de 100 MW chacune, visant à améliorer la capacité énergétique de l’île.
Un autre projet majeur concerne la modernisation de l’entreprise sidérurgique José Marti, connue sous le nom d’Antillana de Acero. Ce projet vise à revitaliser la production sidérurgique cubaine, essentielle pour le développement industriel du pays.
Coopération militaire obligatoire
En juin 2023, la Russie et Cuba ont annoncé le développement de projets conjoints dans le domaine technico-militaire, renforçant ainsi leur partenariat stratégique.
En 2024, la visite de navires de guerre russes, dont un sous-marin nucléaire, a illustré cette volonté d’affirmer la présence russe en Amérique latine, en rappelant l’importance stratégique de Cuba dans le dispositif de sécurité russe.
Agriculture et médecine, deux secteurs clés
La Russie soutient également Cuba dans les secteurs de l’agriculture et de la santé, répondant à des besoins vitaux pour la population cubaine.
En juin 2023, lors d’une rencontre entre le Premier ministre cubain Manuel Marrero et le Premier ministre russe Mikhaïl Michoustine, l’agriculture a été identifiée comme un domaine clé de coopération, avec des projets visant à améliorer la production et la sécurité alimentaire à Cuba.
En médecine, les deux pays souhaitent le développement de projets conjoints en biotechnologie et en biopharmacie. Des échanges entre régions russes et institutions cubaines visent également à enrichir les connaissances et les pratiques médicales des deux pays.
Et le tourisme russe à Cuba se développa…
Le tourisme est l’un des secteurs où l’influence russe se fait de plus en plus sentir à Cuba. Depuis quelques années, les Russes figurent parmi les visiteurs les plus nombreux sur l’île, surtout en période hivernale. Cette tendance s’est amplifiée avec la pandémie et les restrictions de voyages vers d’autres destinations, faisant de la Russie la première source de touristes à Cuba en 2021.
Pour répondre à cette demande croissante, des compagnies aériennes russes ont ouvert des liaisons directes vers les principales destinations cubaines, telles que La Havane, Varadero et Cayo Coco. Malgré les sanctions récentes et la suspension temporaire de certains vols, Cuba reste une destination attractive pour les Russes, qui contribuent significativement à l’économie touristique cubaine.
La Russie a également investi dans le secteur hôtelier et touristique cubain. Des entreprises russes sont impliquées dans la modernisation des infrastructures touristiques de l’île, notamment dans les régions côtières populaires auprès des touristes.