Cybersécurité : la Grande Caraïbe a-t-elle vraiment changé de braquet en 2025 ?

Pendant longtemps, la cybersécurité a été reléguée au rang de sujet technique, traité en marge des grandes priorités économiques et politiques de la Caraïbe. 2025 marque une rupture nette. La multiplication des cyberattaques, la numérisation accélérée des services publics et l’explosion des usages numériques ont forcé la région à regarder la réalité en face.

Une prise de conscience devenue politique

En 2025, la cybersécurité n’a plus seulement été l’affaire des informaticiens. Elle est devenue un enjeu de souveraineté, de sécurité économique et de confiance publique. Les administrations, les banques, les opérateurs télécoms, les ports, les hôpitaux et même les offices de tourisme sont désormais exposés.

La CARICOM a clairement acté ce virage avec la mise à jour de son Cyber Security and Cybercrime Action Plan, une feuille de route régionale qui vise à harmoniser les législations, renforcer les capacités nationales et structurer la coopération entre États.

Le message est clair : les cybermenaces sont désormais un risque régional, pas un problème isolé pays par pays.

Des attaques bien réelles, pas de la théorie

Rançongiciels visant des hôpitaux, tentatives de fraude bancaire, attaques contre des systèmes administratifs, fuites de données personnelles. En 2025, la Caraïbe n’a pas échappé aux logiques observées ailleurs dans le monde. Sa vulnérabilité tient à plusieurs facteurs connus :
– infrastructures numériques parfois vieillissantes
– dépendance à des prestataires extérieurs
– pénurie de compétences locales en cybersécurité
– cadres juridiques encore incomplets dans plusieurs territoires

Face à cela, continuer à traiter la cybersécurité comme un sujet secondaire n’était plus tenable.

Coopération régionale et montée en compétences

L’année 2025 a aussi été marquée par une accélération des initiatives de coopération. La Caribbean Telecommunications Union joue un rôle central dans la formation, la sensibilisation et la structuration des réponses aux incidents. Des exercices régionaux, des programmes de formation et des campagnes de sensibilisation ont été déployés, notamment auprès des administrations et des PME.

Des événements dédiés à la cybersécurité ont également vu le jour dans plusieurs territoires. Objectif affiché : sortir la cybersécurité du cercle fermé des experts et en faire un sujet de gouvernance publique.

Des avancées réelles, mais très inégales

Soyons clairs : tous les territoires de la Grande Caraïbe n’avancent pas au même rythme. Certains disposent déjà de stratégies nationales, de centres de réponse aux incidents et de cadres légaux solides. D’autres en sont encore au stade de la sensibilisation. Les contraintes budgétaires, le manque de ressources humaines qualifiées et la dépendance technologique restent des freins majeurs.

Les institutions financières régionales et internationales, dont la Banque interaméricaine de développement, ont renforcé leur soutien sur ces sujets, signe que la cybersécurité est désormais considérée comme un prérequis au développement économique, au même titre que les infrastructures physiques.

La cybersécurité est devenue en 2025 un marqueur de maturité numérique pour la Grande Caraïbe. Le sujet est désormais inscrit à l’agenda politique régional. Les stratégies existent. Les coopérations se mettent en place. Le défi, maintenant, est simple à formuler et difficile à tenir : passer des plans aux moyens, et des discours aux résultats concrets. La crédibilité numérique de la région, sa capacité à attirer des investissements et à protéger ses citoyens en dépendent.