Dengue dans la Grande Caraïbe : une menace (quasi) invisible, un défi majeur, une lutte essentielle 

Vous l’avez peut-être déjà lu, ou pas encore… En Guadeloupe, « l’épidémie de dengue est déclarée ! »

Vous aurez noté le point d’exclamation. Dans le communiqué de presse, le ton de l’Agence Régionale de Santé (ARS) n’est pas différent. L’heure est grave.

 

« Face à cette épidémie qui démarre avec un sérotype DENV3 du virus de la dengue qui a peu circulé ces vingt dernières années, l’Agence de santé de Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy souhaite attirer l’attention de tous sur les risques de forme grave ou d’un nombre élevé de cas à attendre si des actions résolues de lutte ou de prévention ne sont pas développées. »

 

J’étais très malade il y a quelques jours et je me demande si ce n’est pas la dengue que j’avais. Bref. Mon petit cas personnel n’a pas d’importance, d’autant que je suis rétablie.

La dengue, une « fièvre tropicale » terrible

Petit rappel essentiel, la dengue est une maladie virale transmise principalement par les moustiques Aedes aegypti et Aedes albopictus. Les symptômes qui varient en fonction de la gravité de l’infection.

  • Fièvre élevée soudaine
  • Forte fatigue (une sensation d’épuisement intense).
  • Douleurs musculaires et articulaires
  • Maux de tête
  • Éruption cutanée Nausées et vomissements :
  • Douleurs abdominales dans certains cas.

Lorsqu’elle est sévère, les symptômes habituels sont :

  • Hémorragies : saignements des gencives, du nez ou sous la peau (ecchymoses).
  • Douleurs abdominales intenses
  • Vomissements fréquents (parfois accompagnés de sang).
  • Détresse respiratoire
  • Chute soudaine de la pression artérielle
  • Déshydratation sévère.

 

Une vraie menace

Cette maladie virale ne cesse de se propager, menaçant la santé publique et les économies locales. Le changement climatique, avec l’augmentation des températures et des précipitations, crée des conditions favorables à la prolifération des moustiques, vecteurs de la maladie.

 

En 2024, la région Amérique latine et Caraïbe a enregistré plus de 9 500 cas de dengue sévère (0,10 %) et un peu plus de 4 500 décès (taux de 0,048 %). Tous les pays ont signalé une augmentation du nombre de cas par rapport à la même période en 2023.

 

  • Le taux de létalité varie de 0,01 % à 0,1 % dans les zones disposant d’un bon système de soins, mais il peut être bien plus élevé en cas de dengue sévère non traitée.
  • Les coûts liés à la gestion de la dengue dans la Caraïbe dépassent chaque année des dizaines de millions de dollars, incluant soins médicaux et pertes économiques.

En effet, la dengue représente un double enjeu sanitaire et économique pour la région. Elle met à rude épreuve les systèmes de santé, notamment lors des épidémies, Prenons l’exemple de la Guadeloupe. Je vous livre les chiffres partagés par l’ARS.

« La Guadeloupe a connu en 13 ans, 5 épidémies majeures d’arbovirus qui ont été à l’origine de dizaines de décès et de centaines d’hospitalisations. Les experts prévoient une dégradation de la situation dans les années à venir. »

 

« Depuis le début de l’épidémie 2023 qui a été déclarée fin juillet, on ne compte pas moins de 419 passages aux urgences pour suspicion de dengue et sont recensés 16 cas graves dont 5 concernant des enfants. »

 

« Par ailleurs, 5 décès directement imputables à la dengue ont été recensés. L’épidémie continue sa progression sur l’ensemble du territoire. Aucune commune de l’archipel n’est épargnée comme cela a été rappelé le 1er septembre 2023, à l’occasion du comité de gestion présidé par le Préfet. »

De plus, la dengue a un impact économique non négligeable, affectant notamment le tourisme, secteur clé pour de nombreux territoires de la région.

 

Une multiplicité d’acteurs pour la lutte

Vous l’aurez compris, en Guadeloupe, L’ARS de Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy est la principale entité en charge de la prévention des maladies humaines transmises par les moustiques.

Dans la Grande Caraïbe, de multiples acteurs sont impliqués dans la lutte contre cette maladie.

  • Les autorités sanitaires des pays de la Grande Caraïbe jouent un rôle central en coordonnant les campagnes de prévention, la surveillance épidémiologique et la gestion des épidémies.
  • Des organismes tels que l’OMS, l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) et la Croix-Rouge collaborent avec les gouvernements pour fournir expertise, fonds et ressources.
  • Les associations et les habitants participent activement aux efforts de lutte, notamment en éliminant les gîtes larvaires dans les zones résidentielles.
  • Les universités et centres de recherche dans la région, comme l’Université des Antilles et l’University of the West Indies (UWI), travaillent sur des projets innovants.

Exemple : En collaboration avec l’Université des Antilles, le Laboratoire des Maladies Vectorielles (LMV) de l’Institut Pasteur de la Guadeloupe conduit des recherches sur la dynamique de transmission de la dengue en Guadeloupe et en Martinique.  Ces études visent à comprendre les facteurs influençant la propagation du virus et à proposer des méthodes de surveillance et de lutte efficaces. Par exemple, des projets analysent la transmission verticale du virus par les moustiques et évaluent la résistance d’Aedes aegypti aux insecticides utilisés localement.

Quelles solutions présentes et futures ?

La lutte contre la dengue dans la Grande Caraïbe nécessite une mobilisation collective et des efforts coordonnés à tous les niveaux.

  • Éducation des populations : informer sur les moyens de limiter la prolifération des moustiques (élimination des eaux stagnantes, utilisation de moustiquaires, port de vêtements couvrants).
  • Campagnes publiques massives : médias, réseaux sociaux, écoles, entreprises.
  • Démoustication ciblée : pulvérisation d’insecticides dans les zones à risque.
  • Techniques innovantes : libération de moustiques stériles pour réduire leur reproduction.
  • Développer l’accès à des soins précoces pour éviter les complications.
  • Former davantage de professionnels de santé sur la gestion des cas graves.
  • Unir les forces au sein de la CARICOM et d’autres organisations pour partager les bonnes pratiques, les données épidémiologiques et les ressources.
  • Soutenir les initiatives visant à améliorer les vaccins contre la dengue, comme le Dengvaxia.
  • Explorer des solutions durables et respectueuses de l’environnement pour réduire les populations de moustiques.

Si la maladie reste un défi complexe, les progrès scientifiques, la sensibilisation accrue et la coopération régionale permettent d’espérer des avancées significatives.

 

Il est essentiel que chaque acteur – gouvernement, citoyen, organisation – joue pleinement son rôle pour protéger la santé et l’avenir de la région.

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