Dans la Grande Caraïbe, la mer représente un gisement énergétique. Soleil, vents, courants, houle, différences de température entre surface et profondeur : tout est là. Pourtant, l’énergie marine reste marginale dans le mix régional.
Pourquoi la mer compte autant dans la Caraïbe
La région dépend encore massivement des énergies fossiles importées. Résultat : électricité chère, vulnérabilité aux chocs géopolitiques, réseaux fragiles. L’énergie marine offre trois avantages clairs : une ressource locale, renouvelable et relativement prévisible. Dans un espace insulaire, ce n’est pas un détail.
Les principales formes d’énergie marine
- L’énergie thermique des mers (ETM / OTEC)
Basée sur l’écart de température entre les eaux chaudes de surface et les eaux froides profondes. La Caraïbe est l’une des rares régions du monde où ce différentiel est suffisant toute l’année. Guadeloupe et Martinique figurent régulièrement dans les territoires cités pour des projets pilotes, sans passage à l’échelle pour l’instant. - L’énergie des vagues (houle)
Techniquement prometteuse, surtout sur les façades atlantiques exposées. Technologie encore coûteuse et sensible aux cyclones. - L’énergie des courants et des marées
Potentiel localisé, notamment dans certains détroits et passes. Intéressant à petite échelle, pour des îles ou des sites isolés. - L’éolien offshore
Plus mature technologiquement, mais complexe dans des zones cycloniques et écologiquement sensibles.
Où en est réellement la région
La vérité est simple : beaucoup d’études, peu de réalisations. Les freins sont connus :
- coûts d’investissement élevés,
- manque de financements adaptés aux petits territoires,
- cadres réglementaires inachevés,
- priorité donnée au solaire et à l’éolien terrestre, plus rapides à déployer.
Des organisations régionales comme CARICOM ou OECO intègrent désormais l’énergie marine dans leurs stratégies climatiques, mais le passage du discours à l’infrastructure reste lent.
Un enjeu stratégique, pas seulement écologique
Développer l’énergie marine dans la Grande Caraïbe, ce n’est pas cocher une case « transition énergétique ». C’est :
- renforcer la souveraineté énergétique
- stabiliser le coût de l’électricité
- créer des compétences locales (ingénierie, maintenance, recherche)
- réduire la dépendance aux importations de carburants.
Ce qui manque aujourd’hui : de la volonté politique continue, des projets pilotes réellement financés et une coopération régionale plus opérationnelle. La technologie existe. La ressource aussi.




