Peu m’importe l’âge, pourvu qu’il y ait du talent, des compétences, une vision, un projet pertinent… Ainsi, je fais confiance aux jeunes tout autant qu’aux seniors. Et d’ailleurs, mes récents coups de cœur ont été pour des jeunes impressionnants par leurs idées, leurs connaissances et leur volonté de faire.
Parmi ceux-ci, figure Melhyne Gauthier, une jeune Guadeloupéenne, actuellement en troisième, qui publie des vidéos sur Youtube depuis quelques mois. Vous me direz : comme tant d’autres… Sauf que cette jeune femme est une youtubeuse qui parle de l’histoire de la Caraïbe. C’est une passionnée que j’ai eu plaisir à interviewer. La parole à Melhyne !
« Je veux faire des vidéos depuis l’âge de 5, 6 ans. Je piquais la tablette de mon père et je créais des vidéos que je ne postais pas. C’était juste pour rigoler. »
« Je ne m’étais jamais lancée parce que j’avais extrêmement peur du regard des autres, de ce qu’ils penseraient, du fait qu’ils trouveraient peut-être cela ridicule. L’année dernière, j’avais toujours cette envie. Durant le confinement, je me suis dit : ‘cela fait un moment que je veux faire des vidéos et, comme je ne vois personne, il n’y aura personne pour me juger, ou plutôt même s’ils me jugent, ils n’oseront pas me le dire. Alors, autant me lancer ! C ‘était l’occasion. »
Melhyne Gauthier a finalement commencé à réaliser ses vidéos en juin 2020.
« Cela faisait deux, voire trois ans, que je réfléchissais au format. Je voulais bien faire les choses, je cherchais ce qui me plaisait… Comme j’aime énormément l’histoire, je me suis dit : ‘pourquoi pas ?’ J’ai posté une première vidéo pour tester, juste comme cela, de façon innocente. Je ne pensais pas que cela me plairait autant de créer des vidéos sur l’histoire. »
« Ce que j’aime avec l’histoire, j’aime qu’il y ait des gens derrière. De plus, j’avais envie d’aider des personnes, d’une certaine manière. Par exemple, quand j’évoque les natifs américains. J’ai traité de ce sujet, parce que je trouvais qu’il n’y avait pas assez de monuments, d’objets de mémoire sur eux en Guadeloupe. J’ai donc décidé de réaliser une vidéo que j’ai postée sur Instagram et j’ai eu 1300 vues. Nombre de personnes m’ont envoyé des messages pour me remercier d’avoir parlé de leurs ancêtres ou, plus généralement, des Caraïbes, de l’histoire en général. »
« Les réactions après la publication de cette vidéo m’ont touché. Je me suis dit : ’Wow ! Ce que je fais peut avoir un impact’. »
Il n’y a pas d’âge…
« J’ai toujours voulu faire quelque chose… Toutefois, comme je suis jeune, je me disais que les gens ne me prendraient pas au sérieux. De plus, je ne me sentais pas légitime pour parler, parce que je suis trop jeune. »
Ce que j’admire chez Melhyne Gauthier est qu’elle a su faire fi de ses peurs pour entreprendre, passer à l’action. Tant de personnes, plus âgées, n’y parviennent pas, se posant à elles-mêmes des limites pour diverses raisons !
« J’ai fait cette première vidéo, car je voulais vraiment contribuer à la mémoire des natifs américains en Guadeloupe, dans la Caraïbe. Je ne pensais pas que j’aurais eu un réel impact sur la vie des gens, car je venais de commencer. Cependant, en recevant des messages, je me suis rendue compte que ce que je dis peut avoir un impact sur les autres. »
Soutien parental total
Et les parents de Melhyne Gauthier dans tout ça ? Evidemment, comme elle est mineure, elle ne pouvait se lancer sans leur accord.
« Mes parents me soutiennent à 100%. Ils partagent mes contenus sur les réseaux sociaux et sont extrêmement fiers. Ce sont mes premiers fans ! »
« Ils ont été surpris de voir que je pouvais faire des vidéos, car je n’en parlais pas. Mon père, qui est ingénieur en informatique et très porté sur la culture, m’aide beaucoup, me conseille pour les idées, l’utilisation des réseaux sociaux. Ma sœur également.
Beaucoup d’idées en tête !
Melhyne Gauthier a « énormément d’idées, mais attend d’avoir vraiment le temps » pour les concrétiser. Etant une élève studieuse, elle n’entend pas délaisser ses cours pour son projet, bien sûr. De plus, elle vise l’excellence.
« Je préfère la qualité à la quantité. Tant que pour moi ce n’est pas qualitatif, je ne vais pas poster. »
« Cela m’a beaucoup plu de faire une vidéo-portrait sur Anacaona. J’ai dû trouver des informations sur elle, de sa naissance à sa mort. J’aimerais continuer à réaliser des formats portraits de ce type, sous la forme de reportage plus long, de 30 minutes, par exemple. Pour cela, il me faut du temps, donc cela sera sans doute pendant les vacances.
Par ailleurs, il me faut du matériel. Pour l’instant, je fais avec ce que j’ai. Cependant, comme j’apprécie vraiment de faire du montage, je pourrais faire plus et mieux en ayant ce qu’il faut pour donner le meilleur de moi-même.
J’ai également un concept qui me tient à cœur : un lieu, une histoire. L’idée est de me rendre dans des sites historiques et culturels de la Guadeloupe pour présenter le lieu, son histoire, les tarifs. Cela permettrait de communiquer sur eux, de donner des idées aux locaux et aux touristes. Pour faire cela, il me faudra faire des demandes d’autorisation de tournage. »
Au fait… Comment Melhyne Gauthier choisi les sujets de ses vidéos ? Je lui ai bien sûr posé la question.
« Le thème me vient par hasard. Ou alors, quelqu’un me parle d’un sujet. Ensuite, je me renseigne et je me dis : ‘ah, ce n’est pas mal’. J’imagine directement le rendu.Parfois, je regarde des reportages de Secrets d’histoire (ndlr : une émission télévisée) pour mieux connaître l’histoire, voir comment ils sont structurés… »
Et l’avenir ?
Question incontournable : quel métier souhaite exercer Melhyne Gauhtier dans le futur ?
« Je pense rester dans tout ce qui est créatif. Je réfléchis à m’orienter vers la profession de journaliste, parce que j’adore écrire. J’aime aussi les vidéos. Plus je grandis, plus je me dis que quoi que je fasse plus tard, il faut que cela soit un métier où je serai vraiment dans la créativité, où je pourrai m’exprimer. J’ai beaucoup d’imagination. »
« Je verrai en grandissant où la création de vidéos me mène, si je veux en faire mon métier ou si je préfère le faire à côté. On verra. »
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