Je ne suis pas une grande amatrice de cinéma. Aux longs métrages, je préfère les séries, et j’apprécie particulièrement les dramas produits en Asie. Et si je ne rate jamais un film de Pedro Almodovar, mon réalisateur préféré, je dois avouer que je suis rarement tentée par les bandes annonces et motivée à l’idée de passer deux heures dans une salle de cinéma, ou même de regarder un film du début à la fin même confortablement installée dans mon canapé.
Voilà pourquoi je ne me permets que rarement de donner mon avis sur tel ou tel film que, par miracle, j’aurais regardé, car j’ai vraiment le sentiment de ne pas disposer d’une culture cinématographique suffisante pour exprimer une critique pertinente.
Et c’est pour cela que j’ai été vraiment étonnée de recevoir, en novembre 2021, une invitation de Felly Sedecias, la présidente de Mission Cinéma Caraibe, à faire partie du jury du CineVision Sud Film Festival, événement qui s’est tenu récemment. Elle m’a expliqué qu’elle me sollicitait car je suis « dans le monde de l’information, lié au monde de l’image » et qu’il « est très habituel que, dans nos jurys, nous mettions ensemble des professionnels du cinéma et d’autres professionnels qui apportent un œil et une analyse du tout public ».
Je n’ai guère hésité avant d’accepter sa proposition, car c’était une expérience nouvelle et depuis quelques années, j’essaye de sortir de ma zone de confort.
J’ai donc fait partie du jury, mais pour une catégorie particulière, celle du court documentaire. Il s’agissait pour nous de regarder cinq productions et de désigner nos deux préférées, l’une pour le prix majeur, l’autre pour un coup de cœur.
Brice Massée, scénariste, consultant en scénario, était le président du jury. Il nous a fourni quelques indications pour faire notre choix : « Je vous propose d’évaluer les œuvres selon deux critères : le scénario et la réalisation. Scénario : très simplement, avez-vous été captivé, surpris, et/ou touché par l’histoire ? Le film vous a-t-il paru long ? Le récit vous a-t-il semblé clair ? Enfin, éventuellement, le message porté par le film vous a t’il semblé pertinent ? Réalisation : avez-vous relevé de réels partis pris esthétiques (photographie, musique, montage…) ».
J’ai vraiment aimé le processus de visionner ces documentaires, en ayant à l’esprit qu’il me faudrait faire une sélection à la fin. Cela m’a permis d’être plus attentive aux détails, aux émotions aussi. Et j’ai été rassurée de voir que les autres membres du jury partageaient généralement mon avis, puisque nous sommes tombés d’accord pour le palmarès.
Les résultats des délibérations du jury ont été annoncés lors de la cérémonie de clôture qui s’est tenue le 19 janvier au Cinéstar aux Abymes. J’ai couvert l’événement via un live-tweet sur mon réseau social préféré, bien sûr.
En direct de la cérémonie de remise des prix de Cinevision Sud Film Festival organisé par @mcinecaraibe au Cinestar aux Abymes. #Guadeloupe #cinéma pic.twitter.com/on7I1taIWX
— Mylène Colmar (@Mycho) January 19, 2022
Pour découvrir le palmarès complet et en savoir plus sur les oeuvres, vous pouvez également lire l’article de Mission Cinéma Caraibe en ligne.
Pour la catégorie court documentaire, c’est donc Elevation (Lifted) de Miquel Galofre qui a remporté le prix. Et le coup de cœur est revenu à 76 d’Olivier Kancel.
5 œuvres, 5 points de vue
Maintenant que les résultats sont connus, je peux vous dévoiler ce que j’ai pensé des documentaires de ma catégorie. Et encore une fois, ce n’est que ma très modeste opinion, compte tenu de ce que j’ai précisé en introduction de ce billet de blog.
1.
Lifted (Elévation)
Emotion totale du début à la fin. Le jeune homme, venu du Venezuela, est tellement intelligent, clairvoyant. Je ne savais pas que les Moko jumbies jouaient un rôle social d’intégration et de confiance en soi. J’ai trouvé cela intéressant, et bien filmé.
La discrimination, la xénophobie, la peur, le manque des proches restés là-bas… Tout est abordé de manière simple et pertinente. Coup de cœur.
2.
76 L’éruption de la Soufrière
Je connaissais l’histoire, mais j’ai quand même appris grâce à ce documentaire. Les témoignages d’« exilés » sont édifiants, émouvants. J’ai ressenti beaucoup de choses en visionnant ce documentaire qui mêle interviews actuelles et documents d’archives.
Je trouve cependant qu’il y a quelques longueurs et que les transitions auraient pu être plus soignées.
3.
Broken Silence
Des témoignages d’agressions, de viols de femmes, terribles, qui glacent le sang, qui mettent en rage, qui donnent envie de crier… Briser le silence n’est pas facile et est synonyme de souffrance de revivre ce qui s’est passé, d’entendre les réactions des autres et de porter une lourde culpabilité. Et pourtant, comment faire autrement ?
Le documentaire met bien en lumière le sujet, avec des interviewés à l’histoire poignante. J’aurais aimé que les parties hors témoignages soient un peu mieux intégrées, plus claires.
4.
Sud, Est, Ouest
Trois femmes immigrées en France racontent leur quotidien, sous forme épistolaire, via des courriers adressés à leur famille. Le temps qui passe, la banalité du travail, la poésie des relations humaines, le manque des proches… Une foule de sujets sont abordés dans ce court documentaire.
L’émotion surgit çà et là. Cependant, il y a des longueurs, des éléments peu compréhensibles. Au final, je ne sais pas si j’ai aimé et si je le recommanderais à quelqu’un.
5.
My Camera and Me in Senegal
Désolé, mais je n’ai pas compris ce documentaire…. Peut-être qu’il n’y avait rien à comprendre et qu’il fallait seulement regarder sans chercher à y trouver quoi que ce soit, mais je suis allée à Dakar, à Gorée, alors tout cela, je connaissais déjà. Je ne suis pas le « bon public » peut-être.
Merci à l’équipe du festival qui a effectué un travail formidable pour concrétiser cet événement, dans des temps plus que troublés et où il n’est guère facile d’organiser de tels rendez-vous. Clin d’œil particulier à Felly Sedecias que je remercie pour l’invitation, pour la confiance.