Flashback Caraibe : en 2009, des témoignages poignants sur la pauvreté en Guadeloupe

Derrière le sourire, la galère

En la voyant venir vers nous, tout sourire, habillée à la dernière mode, il nous est bien difficile de comprendre la présence de Lisa dans les locaux du Secours catholique.

En réalité, la jeune femme, âgée de 22 ans, n’est pas venue d’elle-même. Elle y a été obligée, condamnée à faire des travaux d’intérêt général pour l’association. Mais Lisa, bénévole malgré elle, a aussi besoin d’aide. Enfant de la DDASS, s’occupant d’elle-même depuis l’âge de 14 ans, déjà mère d’une petite fille de 5 ans, elle n’a pas eu un parcours facile. Aujourd’hui, elle se voit forcée de sous-louer une chambre à une amie, et a le sentiment de repartir à zéro : « Je suis presque une SDF. On refuse de me louer un logement (social), car j’aurais insulté le secrétaire du bureau d’attribution des logements », explique-t-elle.

Lisa n’a ni permis de conduire, ni travail, ni diplôme, car elle n’a jamais terminé les formations qu’elle a entreprises, et elle ne sait même pas pourquoi. Néanmoins, elle garde « le sourire pour oublier » et parce que la « vie est belle, ce sont les gens qui la rendent dure ». La jeune femme, avec son grand sourire et son « beau potentiel », est déjà très appréciée de Georgette, la déléguée du Secours catholique, qui a promis de l’aider, de l’accompagner.

Défendre son dossier pour qu’elle obtienne un logement, lui fournir ensuite des meubles et tout l’équipement nécessaire, le Secours catholique va lui « donner un coup de pouce ». Une chance pour Lisa qui a des idées et des rêves plein la tête, et à qui il manque si peu pour grandir et s’en sortir.

 

Un incendie, et tout est perdu

Gérard, 48 ans, ne pensait pas devoir retourner un jour au Secours catholique. Il y a dix ans, il était venu dans ses lieux suite à une déception amoureuse. « Depuis je me suis refait. Je suis responsable d’une famille (il a neuf enfants). »

Sa maison incendiée courant décembre, il réussit à échapper aux flammes avec uniquement la chemise qu’il avait sur le dos. Il a tout perdu. « A la suite d’une dispute, il y a eu un incendie chez moi. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé sans rien. J’ai même perdu mes papiers. L’assistante sociale que je suis allé voir m’aide, mais ça prend du temps », raconte-t-il, avec un calme olympien.

Sa maison étant inhabitable, il dort chez son père, chez des amis. Et comme il n’avait pas d’assurance, il va devoir tout reconstruire avec ses faibles ressources : « J’ai un emploi précaire, à temps partiel, dans le secteur du tourisme, donc c’est dur ».

Comble de malheur, il est accusé d’avoir lui-même mis le feu à son habitation. Il veut se défendre, mais n’a pas les moyens d’engager un avocat. Malgré tout, il garde le moral : « Je vais me refaire. Je vais arranger ma maison J’ai un travail, la santé et de l’espoir ».

Brèves publiées début 2009 dans Sept Magazine

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