La jeunesse guadeloupéenne n’est pas l’unique catégorie d’âge caractérisée par un taux de chômage très élevé. Seulement 32,5% des seniors occupent un emploi en Guadeloupe. Cette problématique était le sujet d’un colloque qui a eu lieu le 5 novembre dernier, au Complexe World Trade Center (CWTC) de Jarry, Baie-Mahault.
Le chômage des seniors constitue un sujet de préoccupation d’autant plus vif que la population du département vieillit. Le promoteur de compétences Opcalia Guadeloupe présidé par Pierrot Thaurus et ses partenaires ont donc décidé de s’atteler à « identifier, anticiper et accompagner les effets du vieillissement démographique actuel » et « créer une dynamique collective de prise en compte de la question des âges ». C’est dans ce cadre que s’est tenu le colloque ayant pour thème « les seniors et l’emploi » qui s’est déroulé la semaine dernière.
En ouverture de la manifestation, l’INSEE a communiqué quelques chiffres tirés d’une récente étude sur le sujet. Le constat est inquiétant : « La population de la Guadeloupe vieillit et les seniors 50-64 ans sont de plus en plus nombreux. En 2008, le nombre d’actifs âgés de 50 à 64 ans est de 36 500, soit un tiers de plus qu’en 2002, affirme l’INSEE. Cependant, moins d’un senior sur deux occupe un emploi. Avec un taux d’emploi des 55 à 64 ans à 41%, la Guadeloupe se situe à neuf points de l’objectif européen fixé par le traité de Lisbonne (ndlr : traité signé en décembre 2007 à Lisbonne entre les 27 Etats membres de l’Union européenne)« .
A quand la retraite ?
Les autorités et les partenaires sociaux ont pour but de porter le taux d’emploi des seniors à 50 % en 2010. Mais atteindre cet objectif sera d’autant moins aisé qu’ils doivent faire face à une autre problématique étroitement liée, le chômage des jeunes qui s’élève à plus de 55 %. Maintenir les seniors dans leur emploi, leur faire retrouver un travail, n’est-ce pas empêcher l’embauche des jeunes ? Lors du colloque, la question a notamment été abordée par Martial Arconte, le directeur délégué à la Direction départementale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP), qui s’est interrogé à la fin de son intervention : « Avons-nous le choix ? Y a-t-il incompatibilité ? Je laisse la question ouverte, car je n’ai pas de réponse ».
Pendant toute une journée, les intervenants ont réfléchi sur les actions et mesures qui permettraient de « maintenir et développer les compétences des seniors », »entretenir leur motivation », « gérer les fins de carrière » et « prévenir l’usure en aménageant les conditions de travail », des enjeux posés par Opcalia. Quasiment tous sont tombés d’accord pour dire qu’il fallait que les entreprises privées comme les établissements publics mettent en place des actions pour mieux gérer les âges de leur personnel, afin qu’il n’y ait pas de déséquilibre. Martial Arconte a mis en avant la nécessité d’établir une relation intergénérationnelle entre les employés, par le biais notamment de tutorat et parrainage.
Cependant, lors d’une séance questions/réponses, une voix discordante s’est élevée, celle d’une senior guadeloupéenne « travaillant dans une entreprise de plus de 500 salariés » : « Je vais poser le problème inverse. Nous seniors nous nous disons qu’on ne partira pas ni à 55, ni à 60, ni même peut-être à 65 ans. Physiquement, ce commence à être difficile. Les conditionsde travail ont changé. Par exemple, avant je mettais 15 minutes pour aller au bureau, maintenant c’est plutôt 1h15. » Entre les seniors qui appréhendent la retraite et ceux qui ont hâte d’y être, la problématique de l’emploi est loin d’être réglée.
Un article écrit en novembre 2009, tiré de mes archives.