Flashback Caraibe : quand j’écrivais sur Facebook en 2008

Entre 2008 et 2010, j’ai occupé un poste de secrétaire générale de la rédaction (juste en dessous du rédacteur en chef) à Sept Magazine, un hebdomadaire papier qui était distribué en Guadeloupe, Martinique et Guyane. Ce dernier a disparu suite à la liquidation de la société.

J’ai conservé toutes mes archives de cette période qui fut pour moi très riche, parce que j’étais beaucoup sur le terrain. J’ai couvert la mobilisation générale menée par le LKP, rencontré et interviewé des personnes très diverses, collaboré avec des journalistes expérimentés qui m’ont beaucoup appris, constitué un carnet d’adresses considérable… Bref, ce fut intense et formateur.

Il y a quelques temps, j’ai commencé à mettre en ligne sur mon blog quelques articles que j’avais rédigé à l’époque, parce qu’il est toujours intéressant de lire des écrits du passé pour mesurer le « chemin » parcouru ou pas d’ailleurs. J’ai décidé d’enfin publier quelques autres, parmi lesquels celui ci-dessous, portant sur Facebook.

 

Facebook, réseau social sur Internet, a conquis le monde en seulement quelques années. Créé en 2004 par des étudiants américains de l’Université d’Harvard, le site compte environ 100 millions d’utilisateurs. Le département n’échappe pas au phénomène, puisque des milliers de Guadeloupéens sont présents sur ce « trombinoscope » mondial. Certains réclament, en vain, de pouvoir choisir comme « pays » la Guadeloupe et non la France, comme c’est le cas pour la Martinique. 

En quatre ans et demi, Facebook est devenu l’un des sites les plus visités et utilisés au monde. Créer un profil sur le site est gratuit et simple. Il suffit de s’inscrire en fournissant toutes sortes d’informations personnelles de son choix, pour pouvoir notamment retrouver ses amis par le biais de leur nom, de leur mail, etc. Le réseau s’étend rapidement grâce à un bouche-à-oreille incroyable. Avant même qu’il ne soit traduit en français (la version française est sortie en mars dernier), les Guadeloupéens étaient déjà plusieurs centaines. Ils sont désormais quelques milliers. Manuel, un Guadeloupéen âgé de 26 ans qui travaille actuellement dans la finance à Francfort en Allemagne, est inscrit sur ce site depuis plusieurs mois. Il l’utilise de manière régulière: « Comme je vis à l’étranger et que je bouge souvent, je n’ai pas l’occasion de participer à la vie d’une communauté antillaise. Ce qui est formidable avec Facebook, c’est que les Guadeloupéens peuvent passer de la diaspora – ils sont éparpillés de par le monde et ont entre eux des contacts irréguliers et aléatoires – au réseau organisé, ce qui permet d’échanger des contacts, des bons plans, des services. »

Au départ, Facebook était surtout utilisé pour garder un lien avec ses amis et se faire de nouvelles connaissances. Mais d’autres fonctions plus ludiques ont vite été ajoutées : mettre des photos en ligne et les commenter, répondre à des quizz, envoyer des boissons ou des cadeaux virtuels, etc. Il est aussi possible de devenir « fan » de personnalités, de marques ou encore de pays, de régions. La Guadeloupe a sa page personnelle qui compte près de 2000 « fans » et 400 photos.

L’injustice « facebookienne »

Sur Facebook, chaque utilisateur est libre de créer un groupe pour réunir des gens venant du même pays, travaillant dans la même société, partageant un point de vue similaire, etc. Plus de 120 groupes sont en relation directe ou indirecte avec le département. Certains rassemblent les anciens élèves d’établissements guadeloupéens, d’autres font la promotion de la Guadeloupe, d’autres évoquent des grandes manifestations se déroulant dans l’archipel. Trois groupes remportent un énorme succès. « Gwada 971 » est le plus populaire, avec près de 2 000 membres qui y « postent » des messages d’amour pour l’île, des demandes de renseignements ou des annonces de futures manifestations. Le deuxième, « Ou sav ou sé an Gwada lè…« , compte 1690 personnes. Manuel apprécie particulièrement ce dernier qui fait partie « des groupes réellement fréquentés par des Guadeloupéens » et qui, en plus, « répertorie nos codes langagiers ou comportementaux ». « C’est fait de façon anecdotique et humoristique, mais c’est typiquement le genre de groupes fédérateurs, surtout pour les Guadeloupéens vivant à l’étranger, car il nous rappelle que nous avons une identité spécifique », explique-t-il. Quelques exemples de ces phrases pleines d’humour et de saveur : « Vous savez que vous êtes un vrai Guadeloupéen quand vous savez faire le vrai « tchip », quand vous connaissez le « mi taw, mi tan mwen » encore appelé le « Pointe-à-Pit’-Basse-Terre » ».

Le troisième groupe guadeloupéen « Besoin de votre soutien pour la création d’un réseau Guadeloupe » est un lobby d’un nouveau genre composé de plus de 820 membres. Il milite pour que la Guadeloupe bénéficie du même statut que la Martinique au sein de Facebook. L’île sœur est en effet considérée comme un « pays » à part entière et non plus comme une simple région française. Elle a donc son réseau personnel, contrairement à la Guadeloupe. Détail qui a son importance, car cela donne quelques privilèges aux membres martiniquais : ils peuvent se retrouver plus facilement, regrouper leurs sorties, événements et autres sur une seule page, mais également promouvoir plus facilement leur île. Des Guadeloupéens envoient depuis plus d’un an à Facebook des mails en français et en anglais pour demander de « réparer cette injustice ». Pour le moment, rien n’y fait.

Comments

  1. Hélène MIGEREL

    Excellente décision de publier des textes non actuels qui permettent d’évaluer le changement ou l’immobilisme d’une société. Bravo j’attends avec impatience les autres écrits à la rédaction toujours de grande qualité.

  2. Fredon

    Bonjour, tu as trop fêté la Pâque ! J’ai relevé un bout de paragraphe qui suit :
    Entre 2018 et 2010, j’ai occupé un poste de secrétaire générale de la rédaction (juste en dessous du rédacteur en chef) à Sept Magazine, un hebdomadaire papier qui était distribué en Guadeloupe,
    Selon moi, entre 2008 et 2010 n’est-ce pas ? Et tu n’étais pas juste dessous du rédacteur en chef, mais juste sa plus proche collaboratrice. Ce sont des choses qui n’arrivent qu’aux meilleures. Bon lundi de Pâques.

    1. Mylène

      Bonjour. Ah, merci d’avoir pris le temps de lire et de laisser un commentaire. 2008, bien sûr, c’est corrigé.
      Quant au poste, j’ai mis cette précision pour que les lecteurs qui ne connaissent pas le domaine de la presse puissent comprendre en quoi consistaient mes fonctions. Pas la meilleure formulation, sans doute, mais la plus simple et courte… Sept Magazine avait une petite rédaction, il n’y avait pas donc de rédacteur en chef adjoint. Il y avait donc le rédacteur en chef et juste après, suivant mon poste de secrétaire générale de la rédaction et mes missions, moi. J’encadrais les journalistes, assurais le sécrétariat de rédaction, le bouclage des numéros, en plus d’écrire des articles. Et oui, j’étais donc naturellement la plus proche collaboratrice du rédacteur en chef.
      Bon lundi de Pâques !

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