Flashback Caraibe : séisme en Haïti en 2010, aides pléthoriques et grande pagaille

La France, les Etats-Unis, le Canada, en premiers… les autres pays non loin derrière. Au chevet d’une Haïti meurtrie, les Etats ne se sont pas rendus, mais se sont précipités. Les aides humaines et matérielles affluent, mais le manque de coordination provoque de vives tensions et des « chamailleries » éclatent… au mauvais moment, au mauvais endroit.

Après la catastrophe haïtienne, les chefs d’Etat de plusieurs pays n’ont pas tardé à réagir et à envoyer des aides et à débloquer des fonds. En tête, les Etats-Unis dont 45 000 citoyens résidaient jusque-là en Haïti. Ayant très tôt pris la mesure du drame, le président américain Barack Obama s’est rapidement adressé au peuple haïtien : « On ne va pas vous laisser seuls, on ne vous oubliera pas.Vous avez connu l’esclavage et lutté contre des désastres naturels. Et malgré tout, vous n’avez pas perdu espoir. Aujourd’hui, sachez que l’aide arrive. »

Avec la volonté de mener une action « rapide, coordonnée et énergique », Barack Obama a tout de suite débloqué la somme de 100 millions de dollars d’aide, demandé aux anciens présidents américains Georges Bush et Bill Clinton de collecter des fonds, et a également décidé de mettre en œuvre des moyens humains et matériels d’envergure en Haïti. Si la mobilisation des Etats-Unis a été saluée, certaines voix se sont déjà élevées pour contester et leur attitude, et leurs méthodes, donnant lieu à des polémiques pour le moins stériles, vu la gravité de la situation en Haïti.

Chamailleries diplomatiques

Dès les premiers jours, le président de la République Nicolas Sarkozy a bien mis en avant le fait que la France avait été « la première à réagir » suite à la catastrophe… devant les Etats-Unis. Se lançant dans une course à qui aidera le plus, dès le 14 janvier, soit à peine deux jours après le séisme, le chef de l’Etat a appelé Barack Obama pour lui proposer de participer, avec d’autres pays, à… une conférence internationale pour la reconstruction d’Haïti.

Puis, alors que les secours arrivent et s’organisent, une polémique éclate entre la France et les Etats-Unis. Les Américains, en charge du contrôle aérien à l’aéroport international Toussaint-Louverture de Port-au-Prince, sont accusés de privilégier leurs avions pour déposer leurs matériels et pour rapatrier leurs citoyens. Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat à la Coopération, aurait protesté auprès de l’ambassade américaine, car un avion-hôpital français aurait été empêché d’atterrir par les Américains. Une information par la suite démentie par l’Etat français…

Mais la France n’est pas la seule voix à s’élever contre la « méthode américaine ». L’envoi en Haïti de 10 000 soldats américains ainsi que des centaines de réservistes et des dizaines d’engins militaires n’a pas du tout été du goût de certains dirigeants latino-américains. Les accusations n’ont pas tardé à fuser. Le président vénézuélien Hugo Chavez a ainsi commenté dans son intervention télévisuelle, le 17 janvier dernier : « J’ai lu que 3 000 soldats allaient arriver. Des « marines » armés comme s’ils allaient en guerre. Mon Dieu, il n’y a pas pénurie d’armes là-bas! Des médecins, des médicaments, du carburant, des hôpitaux de campagne, voilà ce que les Etats-Unis devraient envoyer. Ils occupent Haïti sans le dire. » Autre réaction courroucée, celle du président du Nicaragua, Daniel Ortega, qui a accusé les Etats-Unis de profiter de l’occasion pour installer ses troupes en Haïti.

Un drame humain a beau être en train de se jouer en Haïti, les chefs d’Etat n’oublient jamais pour autant de garder un œil sur les agissements de toute-puissance américaine. 

Un article écrit en janvier 2010, tiré de mes archives.

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