Quand j’étais adolescente, j’écrivais beaucoup de poèmes. C’était ma manière à moi de poser les émotions, de raconter les gens que j’aimais, de capter des instants. Il y a quelques jours, en fouillant dans mes archives, je suis retombée sur un vieux cahier à la jolie couverture cornée, rempli de ces textes d’un autre temps. Alors, j’ai décidé d’en partager quelques-uns sur mon blog. Pour garder une trace.
Voici un poème que j’ai écrit en 1998 et qui m’a valu de remporter un prix à l’époque.
Hier
Il était sous un arbre à pain.
Il racontait des histoires aux bambins.
Il avait soixante dix ans.
Il se comportait toujours comme un enfant.
Il riait à la moindre petite chose.
Il chantait afin que les fleurs s’éclosent.
Il aimait discuter.
Il ne souhaitait que s’amuser.
Ne voulant pas qu’il se fatigue,
Je lui faisais faire la sieste.
Mais je le retrouvais sur la digue
En train de faire la fête.
Souvent en pleine démence,
Il faisait des bons de chevreuil.
Il me donnait la cadence,
Et on dansait sur le seuil.
J’ai encore des souvenirs
Des milliers de câlins, des bisous
De nombreuses fous rires
Et de la bonne tête à Papinou.
Il a fêté ses quatre-vingt ans hier.
Et sur un dernier pas de danse
Sur une dernière choppe de bière.
Il a quitté la terre, l’enfance.
Cet homme était mon grand-père
Ou plutôt, mon ami, mon frère
Alors pour lui, ces mots, cette prière.