Gran Morgu : le méga-projet pétrolier qui pourrait transformer le Suriname

Le Suriname, petit pays d’Amérique du Sud faisant partie de la Grande Caraïbe, se prépare à entrer dans une nouvelle ère. Longtemps dépendant de l’exploitation minière et d’une économie fragile, le pays pourrait connaître un véritable bouleversement avec l’arrivée du projet Gran Morgu, un vaste plan d’exploitation pétrolière offshore.

Ainsi, le projet Gran Morgu incarne un tournant stratégique pour le Suriname.

S’il est bien encadré, ce projet pourrait permettre au pays de sortir de la précarité économique et de financer des politiques publiques ambitieuses. Cependant, le pari est risqué, et exige de la vigilance, du leadership et une vision à long terme. La nouvelle présidente du Suriname, Dr Jennifer Geerlings Simons,  a donc un grand défi à relever.

Le « grand matin », vraiment ?

Mené au large des côtes du Suriname Gran Morgu est un projet de développement pétrolier qui  s’appuie sur les importantes découvertes de pétrole effectuées ces dernières années dans le bloc 58, une zone maritime située à la frontière des eaux territoriales avec la Guyane.

Le projet est porté principalement par les multinationales TotalEnergies (France) et APA Corporation (États-Unis), en partenariat avec la compagnie nationale Staatsolie. Il s’agit du premier grand projet de production pétrolière en haute mer pour le Suriname.

Des chiffres impressionnants

  • Début de la production prévu : 2028
  • Objectif de production : jusqu’à 220 000 barils de pétrole par jour
  • Investissements estimés : plus de 10 milliards de dollars US
  • Nombre d’emplois créés : plusieurs milliers, directs et indirects
  • Part de l’État sur les revenus : environ 60 %, selon les clauses du contrat de partage de production

Cette production représenterait un bond spectaculaire pour le Suriname, qui ne produit actuellement qu’environ 5 000 barils par jour, essentiellement à partir de ses champs terrestres.

Espoirs et défis

Le projet Gran Morgu suscite beaucoup d’espoirs au sein de la population surinamaise : création d’emplois, recettes publiques accrues, développement d’infrastructures, investissements dans la santé, l’éducation et les transports.

Mais de nombreux défis se posent :

  • Assurer la transparence et la bonne gouvernance des revenus pétroliers
  • Prévenir la corruption et la mauvaise gestion
  • Gérer les risques environnementaux liés à l’exploitation offshore
  • Éviter la « malédiction des ressources », qui a déjà frappé plusieurs pays producteurs de pétrole

La présidente le Dr Jennifer Geerlings-Simons a affirmé sa volonté de garantir une redistribution équitable des bénéfices, avec un accent particulier sur les jeunes et les plus vulnérables de la société.

Une nouvelle place dans le monde ?

Avec Gran Morgu, le Suriname pourrait devenir un acteur énergétique majeur dans la région caraïbe et sud-américaine, aux côtés de la Guyane voisine, elle aussi en plein essor pétrolier. Cela bouleverserait les équilibres géopolitiques, économiques et diplomatiques dans une zone jusqu’ici marginalisée sur la scène mondiale.

Mylène Colmar

Journaliste, consultante éditoriale et éditrice, je vis en Guadeloupe, archipel au coeur de la Grande Caraïbe. Caribbean blogger depuis 2007, je tiens Le blog de Mylène Colmar depuis 2015.
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