Vraiment, la Grande Caraïbe est si intéressante à étudier… Il y a tant d’enjeux pour la région, de différences aussi. Prenons un exemple : leur rapport à la défense nationale qui est très révélateur de leur trajectoire historique et politique. Saviez-vous que plusieurs d’entre eux n’ont tout simplement… pas d’armée ?
Qu’ils aient aboli leur armée, choisi de ne jamais en constituer une, ou délégué leur sécurité à une puissance tutélaire, ces territoires offrent une perspective originale sur les notions de souveraineté, de sécurité et de coopération régionale. Tour d’horizon.
Ces pays membres du Regional Security System
Ces États ont souvent fait le choix de ne pas maintenir d’armée permanente en raison de leur petite taille, des coûts élevés associés à une telle force, et de la perception que les menaces extérieures peuvent être mieux gérées par la diplomatie, les alliances régionales, ou l’assistance de pays plus grands.
Le Regional Security System (RSS) joue un rôle majeur dans la Grande Caraïbe, en particulier pour les petits États insulaires dépourvus d’armée régulière.
Mis en place en 1982, ce système de sécurité collective coordonne la réponse aux menaces sécuritaires, à la criminalité transfrontalière et aux catastrophes naturelles dans ses États membres, principalement des pays de l’Est caribéen comme la Barbade, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines ou encore la Dominique. En mutualisant les moyens et en favorisant la coopération régionale, le RSS compense l’absence de forces armées nationales tout en renforçant la résilience collective face aux crises.
- Antigua-et-Barbuda
Force de police royale d’Antigua-et-Barbuda, Garde-côtes d’Antigua-et-Barbuda
Le pays n’a pas d’armée régulière. Sa défense et la sécurité intérieure sont principalement gérées par une force de police et une garde-côtes. En tant que membre du RSS, il peut bénéficier de l’assistance de cette organisation en cas de menaces externes ou internes.
- Barbade
Force de défense de la Barbade (Barbados Defence Force – BDF)
Bien que la BDF existe, elle est de petite taille et n’est pas une armée au sens traditionnel, se concentrant sur la patrouille maritime, la surveillance, la lutte contre la drogue et le soutien aux secours en cas de catastrophe. La défense extérieure est largement assurée par des accords internationaux et le RSS.
- Dominique
Force de police du Commonwealth de la Dominique
La Dominique n’a pas d’armée. Sa sécurité est assurée par sa force de police et, en cas de besoin, par le soutien des autres membres du RSS.
- Grenade
Force de police royale de Grenade
Après l’intervention américaine de 1983, Grenade a démantelé son armée régulière. Sa défense et sa sécurité sont désormais confiées à la force de police et à la coopération avec le RSS.
- Saint-Kitts-et-Nevis
Force de défense de Saint-Kitts-et-Nevis
La Force de défense de Saint-Kitts-et-Nevis est une petite force qui participe principalement à des missions de sécurité intérieure, de soutien aux forces de l’ordre et de gestion des catastrophes, plutôt qu’à une défense militaire traditionnelle. Le RSS fournit un cadre de sécurité régionale.
- Saint-Vincent-et-les-Grenadines
Force de police royale de Saint-Vincent-et-les-Grenadines
Comme de nombreux petits États insulaires, Saint-Vincent-et-les-Grenadines n’a pas d’armée. Sa sécurité et sa défense sont gérées par sa force de police et par son adhésion au RSS.
- Sainte-Lucie
Force de police royale de Sainte-Lucie
Sainte-Lucie ne possède pas d’armée régulière. Sa sécurité est du ressort de sa police et bénéficie de l’assistance du RSS pour des menaces plus importantes.
3 pays très particuliers
Dans une région marquée par l’instabilité politique, les ingérences extérieures et les défis sécuritaires, certains pays de la Grande Caraïbe ont fait le choix radical — ou la nécessité — de ne pas maintenir d’armée régulière. C’est le cas d’Haïti, du Panama et du Costa Rica.
Trois pays, trois contextes historiques bien différents, mais un point commun : l’idée qu’il est possible d’exister sans force armée traditionnelle.
- Costa Rica
Force Publique du Costa Rica (police nationale et forces paramilitaires)
Le Costa Rica est unique pour avoir aboli son armée en 1948 après une guerre civile. Sa Constitution interdit l’existence d’une institution militaire permanente. La sécurité et la défense sont assurées par sa force publique, qui remplit des fonctions de maintien de l’ordre, de sécurité civile et de contrôle des frontières.
- Haïti
Police Nationale d’Haïti (PNH), avec une force armée en cours de « reconstitution » mais historiquement très faible ou inexistante.
L’armée haïtienne a été dissoute en 1995. Bien qu’il y ait eu des efforts pour la reconstituer ou créer une nouvelle force, elle ne fonctionne pas comme une armée traditionnelle. La sécurité est principalement assurée par la PNH, souvent avec le soutien de missions internationales de maintien de la paix.
- Panama
Force Publique du Panama (police nationale, service national des frontières, service national aéro-naval)
Le Panama a aboli son armée en 1990 après l’invasion américaine. Sa sécurité et sa défense sont assurées par les différentes branches de sa Force Publique, qui sont des forces de police et paramilitaires, mais pas une armée.
A noter
D’autres territoires caribéens sont des dépendances ou territoires d’outre-mer. Leur défense est généralement assurée par la puissance souveraine (Royaume-Uni, Pays-Bas, France ou États-Unis) et ils ne disposent donc pas d’armée propre.