Grande Caraïbe : la coopération caribéenne, un essentiel

La coopération caribéenne est un sujet essentiel — et souvent sous-estimé — pour comprendre les dynamiques politiques, économiques et culturelles de la région.

Une nécessité géographique et historique

Les territoires de la Grande Caraïbe partagent une histoire commune : colonisation, esclavage, indépendances, catastrophes naturelles, dépendance économique. Autant de points qui ont poussé les États et territoires à chercher à travailler ensemble, malgré leurs différences linguistiques et politiques.
Anglophones, francophones, hispanophones et néerlandophones : cette diversité est à la fois une richesse et un frein. Pourtant, l’idée d’une solidarité caribéenne persiste.

Des organisations au cœur du jeu

Plusieurs institutions structurent la coopération régionale :

  • CARICOM (Communauté des Caraïbes) : créée en 1973, elle regroupe la majorité des pays anglophones et joue un rôle clé sur les questions économiques, de santé (notamment via la CARPHA), et d’éducation.
  • OECS (Organisation des États de la Caraïbe orientale) : un sous-groupe très intégré, avec une union monétaire et une cour de justice commune.
  • AEC (Association des États de la Caraïbe) : plus large, elle inclut aussi les pays de la façade continentale comme le Mexique, la Colombie, le Venezuela, les pays d’Amérique centrale et les territoires français. Son objectif : faire de la mer des Caraïbes une zone de coopération, de paix et de développement durable.
  • CELAC, ALBA, SICA, et d’autres cadres complètent ce réseau complexe, chacun selon ses priorités politiques.

Des coopérations concrètes

La coopération caribéenne se traduit par :

  • Des accords de libre circulation et d’harmonisation économique (ex. CARICOM Single Market and Economy).
  • Des partenariats environnementaux (gestion des risques, adaptation au changement climatique, protection marine).
  • Des programmes culturels et éducatifs (Carifesta, échanges universitaires).
  • Une diplomatie commune dans certains forums internationaux (ONU, OMC, COP).

Des défis persistants

  • Les différences de niveau de développement restent énormes entre Cuba, Haïti, la Jamaïque ou la Guadeloupe.
  • Les barrières linguistiques et administratives freinent les échanges.
  • Les influences extérieures (États-Unis, Chine, Union européenne) orientent souvent les priorités.
  • Le manque d’infrastructures régionales (transport aérien et maritime, numérique) limite l’intégration réelle.

Une vision à raviver

La coopération caribéenne ne doit pas être vue comme un simple mécanisme diplomatique. C’est un projet d’avenir : celui d’une région capable de parler d’une seule voix, d’échanger ses savoirs, ses productions et ses talents.
Face aux défis globaux — climat, sécurité alimentaire, migrations, énergie —, la Grande Caraïbe a tout à gagner à renforcer ses liens internes.

Mylène Colmar
Mylène Colmar

Journaliste, consultante éditoriale et éditrice, je vis en Guadeloupe, archipel au coeur de la Grande Caraïbe.
Caribbean blogger depuis 2007, je tiens Le blog de Mylène Colmar depuis 2015.
Rejoignez-moi sur le réseau social X pour votre dose d'inspiration en photos, vidéos et abonnez-vous à la newsletter mensuelle.

Articles: 1232