Située dans les Petites Antilles, l’île de Saint-Martin détient un record mondial unique : elle est la plus petite île habitée au monde à être partagée entre deux nations souveraines. Au nord, on trouve la Collectivité d’Outre-mer de Saint-Martin, qui fait partie de la France. Au sud, c’est Sint Maarten, un pays indépendant du Royaume des Pays-Bas.
Cette division remonte à 1648, lorsque la France et les Pays-Bas ont signé le traité de Concordia.
Depuis, les deux communautés vivent côte à côte sur seulement 87 km² (53 km² côté français, 34 km² côté néerlandais), et ce, avec une fluidité étonnante. Il n’y a aucune frontière physique, ni douane ni poste de contrôle : on peut passer d’un pays à l’autre librement, simplement en traversant une rue.
C’est un contraste assez saisissant. Les langues officielles diffèrent : français au nord, néerlandais et anglais au sud. Les monnaies utilisées sont également différentes : l’euro côté français, le florin antillais ou le dollar américain côté néerlandais. Les institutions, les services publics et même certaines lois varient.
Malgré ces différences, l’île fonctionne comme un seul espace de vie, avec une intense circulation quotidienne entre les deux parties, une coexistence pacifique entre deux systèmes nationaux distincts sur un petit territoire.
5 enjeux majeurs
La cohabitation de deux nations souveraines sur l’île de Saint-Martin, c’est un peu comme si deux amis partageaient un appartement. Même si cela peut sembler sympa, cela peut vite devenir compliqué.
Coordination difficile des politiques publiques
Chaque côté applique ses propres lois, normes et politiques en matière de santé, d’éducation, de fiscalité, d’urbanisme ou encore d’environnement. Cela rend difficile la gestion unifiée de problématiques communes comme les déchets, l’eau, les infrastructures routières ou la lutte contre les catastrophes naturelles.
Réponses inégales aux crises
Lors du passage de l’ouragan Irma en 2017, les différences de préparation, de moyens d’intervention et de reconstruction ont été flagrantes entre la partie française et la partie néerlandaise. L’absence de coordination a accentué les inégalités dans la gestion de l’urgence et de l’après-crise.
Concurrence économique et fiscale
Les deux territoires se livrent parfois une forme de compétition pour attirer les entreprises, les investisseurs et les touristes. Les différences de fiscalité, de droits de douane ou de législation sur l’alcool et les jeux d’argent créent des distorsions de concurrence et favorisent certains comportements opportunistes, comme le commerce transfrontalier non déclaré.
Justice et sécurité fragmentées
Les forces de l’ordre et les juridictions sont distinctes. Un délit commis d’un côté peut ne pas être poursuivi de l’autre, ou être traité différemment selon la nationalité, la législation ou les moyens disponibles. Cela complique la lutte contre les trafics, notamment de drogue ou de migrants.
Complexité pour les visiteurs
Pour les touristes, la dualité du territoire peut être source de confusion : documents différents pour les formalités d’entrée selon le point d’arrivée, monnaies différentes, règles de circulation ou de sécurité distinctes. Il faut donc bien se préparer avant de partir.
Malgré ces défis, Saint-Martin/Sint Maarten demeure un modèle rare de coexistence durable entre deux nations sur un territoire exigu. Cependant, pour que cette entente dure, les autorités doivent continuer à renforcer la coopération transfrontalière, notamment face aux défis climatiques et économiques.