Dans un territoire comme la Guadeloupe où la topographie, la dispersion de l’habitat et la lenteur du déploiement de la fibre compliquent la donne, le service satellitaire d’Elon Musk, Starlink, attire. J’ai rencontré au fil des mois nombre de professionnels qui utilisaient cet outil. Exemple : ma cousine, qui dirige une entreprise dans les grands fonds de Sainte-Anne en Guadeloupe, a cédé aux sirènes de Starlink et elle n’est pas la seule. Quand tu entreprends, un problème doit avoir une solution, quitte à mettre le prix…
Toutefois, derrière l’engouement se cachent aussi des enjeux cruciaux pour l’avenir numérique de l’archipel.
Un Internet rapide et accessible partout
L’un des principaux atouts de Starlink, c’est sa simplicité.
Une antenne installée sur un toit, une connexion à une prise électrique, et le tour est joué. Les utilisateurs bénéficient alors de débits oscillant entre 50 et 200 Mbps, parfois supérieurs à ceux proposés par les fournisseurs locaux, surtout dans les zones rurales ou montagneuses. Pour de nombreux habitants et entrepreneurs, c’est une révolution : enfin, une connexion stable, sans attendre que la fibre arrive.
Le revers de la médaille : prix et dépendance
Cependant, cette solution a un coût. Entre le kit matériel (près de 450 euros) et l’abonnement mensuel (environ 65 à 100 euros selon les formules), Starlink reste plus cher que les offres traditionnelles. Cette barrière limite son adoption aux ménages les plus aisés ou aux entreprises qui n’ont pas d’autre choix.
Autre point critique : la dépendance à une multinationale américaine. Alors que les acteurs publics locaux parlent de souveraineté numérique, confier une partie de la connectivité de l’île à une entreprise privée étrangère interroge. Que se passerait-il en cas de hausse des tarifs, de décisions unilatérales ou de tensions géopolitiques ?
Un révélateur des faiblesses locales
L’essor de Starlink met aussi en lumière un paradoxe : si ce service séduit des clients, c’est bien parce que les infrastructures locales peinent à répondre à la demande. Les coupures fréquentes, la lenteur de certains réseaux et les difficultés de déploiement de la fibre nourrissent la frustration des usagers.
À l’échelle de la Grande Caraïbe, Starlink s’impose comme une alternative crédible dans des îles ou régions reculées, souvent délaissées par les opérateurs traditionnels.
En Guadeloupe, la question est moins de savoir si la technologie séduit que de réfléchir à son intégration dans une stratégie numérique globale. En effet, un territoire moderne et attractif ne peut se contenter de dépendre d’un acteur extérieur, aussi performant soit-il.
