Guadeloupe : pourquoi les flamboyants sont-ils encore en fleurs en octobre ?

C’est une scène familière, mais qui étonne chaque année un peu plus : en plein mois d’octobre, alors que l’hivernage bat son plein, les flamboyants continuent d’enflammer les routes et les paysages de Guadeloupe. Leurs bouquets rouge orangé illuminent les abords des routes, les jardins. Pourtant, cette floraison tardive n’est pas vraiment normale.

Un arbre symbole du carême

Le flamboyant (Delonix regia) est l’un des arbres les plus emblématiques du paysage antillais. Originaire de Madagascar, il s’est parfaitement acclimaté au climat tropical. Sa floraison spectaculaire, entre mai et juillet, coïncide en général avec la fin du carême et le début de l’hivernage : c’est la période où la chaleur est intense et où les premières pluies reviennent.

Traditionnellement, les flamboyants annoncent donc l’arrivée des grandes vacances et la fin de la saison sèche.

Un cycle qui se décale

Depuis quelques années, de nombreux arbres continuent de fleurir jusqu’en octobre, parfois même en novembre. Une situation qui s’explique par un changement progressif du rythme climatique.

Les saisons ne sont plus aussi tranchées :

  • le carême s’étire souvent au-delà du mois de juin ;
  • les pluies arrivent plus tard et sont plus irrégulières ;
  • les températures restent élevées bien après la fin théorique de l’hivernage.

Résultat : le flamboyant trouve encore des conditions favorables à la floraison (chaleur, alternance de pluie et de sécheresse) bien au-delà de son calendrier habituel.

D’autres facteurs locaux

Les différences de microclimats jouent aussi un rôle : entre la Basse-Terre, humide, et la Grande-Terre, plus sèche, les arbres n’ont pas le même rythme.
Un flamboyant récemment taillé ou ayant subi un stress hydrique (manque d’eau suivi de pluie) peut également refleurir. Enfin, certaines variétés rouges, orangées ou jaunes ont des cycles un peu différents.

Un signal du changement climatique

Voir des flamboyants en fleurs en octobre n’est pas désagréable, bien au contraire. Toutefois, c’est aussi un symptôme du dérèglement climatique. Les cycles naturels s’allongent ou se décalent, les plantes réagissent à des conditions nouvelles. Ce que l’on observe sur le flamboyant se retrouve aussi chez d’autres espèces locales : manguiers, pois-doux, arbres à pain…

La beauté de ces floraisons tardives cache donc une réalité plus profonde : la Guadeloupe change de rythme, et la nature s’adapte, à sa manière, à un climat devenu plus chaud et moins prévisible.