Guyana – Venezuela : une frontière sous tension permanente en 2025

Le contentieux territorial entre le Guyana et le Venezuela n’a rien perdu de son intensité en 2025. Au contraire. L’année a confirmé une réalité déjà visible depuis plusieurs exercices : le différend autour de l’Essequibo est devenu un dossier géopolitique explosif, mêlant souveraineté, pétrole, rapports de force régionaux et jeu des grandes puissances.

L’Essequibo, cœur dur du conflit

L’Essequibo représente près des deux tiers du territoire guyanais. Il est administré par Georgetown depuis plus d’un siècle, mais Caracas continue d’en revendiquer la souveraineté. En 2025, le Venezuela n’a pas reculé d’un millimètre sur cette position.

Discours officiels, cartes intégrant l’Essequibo au territoire vénézuélien, décisions administratives symboliques : tout concourt à entretenir une revendication active, assumée et répétée. Côté guyanais, la ligne reste ferme : aucune négociation bilatérale hors du cadre juridique international.

Des tensions qui se matérialisent sur le terrain

2025 marque un tournant par la concrétisation militaire de la tension. Des incursions navales vénézuéliennes ont été signalées dans les zones maritimes proches des blocs pétroliers exploités par ExxonMobil. Pour le Guyana, il s’agit d’une violation claire de sa zone économique exclusive.

En réponse, Georgetown a renforcé sa coopération sécuritaire avec ses partenaires, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni. Exercices militaires conjoints, présence accrue de patrouilles, messages dissuasifs envoyés à Caracas : la frontière devient un espace de démonstration de force, même sans affrontement direct.

Le droit international comme ligne de défense

Sur le plan juridique, le dossier avance lentement mais sûrement devant la Cour internationale de Justice. En 2025, la procédure se poursuit autour de la validité de la sentence arbitrale de 1899, qui avait fixé la frontière en faveur de l’ancienne Guyane britannique.

Le Guyana mise tout sur cette voie. Le Venezuela, lui, conteste la compétence de la Cour tout en participant partiellement au processus. Cette ambiguïté entretient le flou et nourrit l’instabilité.

Le pétrole change l’équation régionale

Impossible de comprendre l’escalade sans parler d’énergie. Les découvertes pétrolières offshore ont transformé le Guyana en nouvelle puissance énergétique émergente. En quelques années, le pays est passé du statut d’économie périphérique à celui d’acteur stratégique.

Pour le Venezuela, frappé par les sanctions et l’effondrement de sa production, l’Essequibo représente à la fois un levier politique interne et une promesse économique. Le conflit est donc aussi une bataille pour l’accès aux ressources futures.

Une Caraïbe sous tension géopolitique

Ce bras de fer dépasse largement le cadre bilatéral. La CARICOM soutient clairement le Guyana. Les États-Unis affichent une ligne rouge. Le dossier s’invite dans les discussions diplomatiques régionales et internationales.

En 2025, la frontière Guyana-Venezuela n’est plus un simple litige hérité du passé colonial. C’est un point chaud stratégique de la Grande Caraïbe, observé de près par les chancelleries, les compagnies pétrolières et les institutions internationales.

Le conflit ne s’est ni apaisé ni réglé en 2025. Il s’est structuré, durci et internationalisé. Tant que la décision de la Cour internationale de Justice ne sera pas rendue, la région restera sous tension. Le risque d’un dérapage contrôlé existe, même si aucun acteur n’a intérêt à une guerre ouverte. L’Essequibo s’impose désormais comme l’un des dossiers géopolitiques les plus sensibles de l’Amérique du Sud et de la Caraïbe.