Jack Warner, ce Caribéen connu et très controversé

En apprenant que le Trinidadien Jack Warner fait partie des sept cadres de la Fédération internationale de football (FIFA) arrêtés ce 27 mai, parce qu’ils sont suspectés de corruption, je me suis souvenu que je lui avais consacré deux billets publiés sur mon précédent blog, dans le cadre d’une rubrique intitulée Caribéens, connus, (très controversés). J’ai donc décidé de les republier. 

Billet publié en juillet 2013

Le 30 juillet dernier, Jack Warner, âgé de 70 ans, le leader de l’Independent Liberal Party (ILP), a remporté un siège à l’assemblée parlementaire de Trinidad-et-Tobago, alors qu’il se présentait comme indépendant face notamment aux deux candidats des partis principaux du pays. Sa victoire est d’autant plus historique, voire incroyable, que l’homme est l’un des Caribéens les plus controversés de la région.

En effet, selon le rapport rendu public en avril dernier, Jack Warner se serait enrichi illégalement en détournant des millions d’euros, alors qu’il était vice-président de la FIFA et président de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF). Ces accusations l’avaient poussé à démissionner de son poste de  ministre de la sécurité nationale de Trinidad-et-Tobago. Par ailleurs, ce dernier avait déjà dû faire face quelques mois auparavant à des accusations de tentatives de corruption dans le cadre d’une élection à la Fifa.

Pour autant, ces affaires n’ont que peu mis à mal la popularité de Jack Warner, puisqu’il a gagné cette élection avec le double des voix du second – 12 631 contre 5126. Reste à savoir si d’éventuels rebondissements/révélations concernant ses annciennes fonctions au sein des instances internationales du football viendront bouleverser sa « carrière » politique locale.

Billet publié début 2014

En consacrant en juillet 2013 un billet  à Jack Warner, parce qu’il fait partie de ces « Caribéens, Connus, Controversés », je m’attendais à ce qu’il revienne dans l’actualité, mais pas aussi rapidement .

Après (malgré) une série de scandales liés à des accusations d’enrichissement illégal et de détournement durant ses fonctions de vice-président de la FIFA  et président de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF), l’homme avait sorti la tête de l’eau, en remportant un siège à l’assemblée parlementaire de Trinidad-et-Tobago.

Une victoire large, surprenante, que je tempérais à l’époque en ces mots : « Reste à savoir si d’éventuels rebondissements/révélations concernant ses anciennes fonctions au sein des instances internationales du football viendront bouleverser sa ‘carrière’ politique locale ».

Et voilà donc que quelques mois plus tard, Jack Warner se retrouve à nouveau dans la tourmente. C’est The Telegraph, un journal britannique, qui a sorti le 17 mars dernier les détails du scandale. Jack Warner est accusé, document cité à l’appui, d’avoir reçu des milliers d’euros – la somme de 860 000 euros est avancée – d’une compagnie du Qatar, dans le cadre de l’attribution de la Coupe du monde de football 2022 à ce pays. The Telegraph précise :

« Une note de l’une des sociétés de M. Warner, Jamad, à la firme de M. Bin Hammam, Kemco, a demandé 1,2 millions $ en paiement pour les travaux effectués entre 2005 et 2010. Le document est daté du 15 Décembre 2010, deux semaines après que le Qatar a gagné le droit d’accueillir le tournoi, et affirme que l’argent est ‘payable à Jack Warner’. » (traduction personnelle de l’article de The Telegraph)

Jack Warner n’aurait pas été le seul à « bénéficier des largesses qataries » : ses fils auraient touché près de 540 000 euros et un de ses employés environ 287 000 euros. Le FBI est sur l’affaire… et peu – en plus – compter sur la « coopération » d’un des fils de Jack Warner, qui a accepté d’être témoin.

En dépit de cela, l’homme ne fait pas profil bas. Bien au contraire. Non seulement, il rejette ces accusations, mais en plus il attaque ceux qui les ont lancées et diffusées, comme le rapporte The Guardian

« Je n’ai aucun intérêt à participer à la stupidité qui est présentée comme des nouvelles sur le Qatar et Jack Warner. Et je n’ ai pas l’intention de me joindre à ceux qui font une chasse aux sorcières contre le lieu de la Coupe du Monde 2022. Et considérez cela comme mon dernier commentaire à ce sujet. »

– Jack Warner, cité par The Guardian (traduction personnelle)

Des députés anglais réclament désormais un nouveau vote concernant le lieu de la Coupe du monde de football en 2022.

The Independent, autre journal anglais, a publié hier, 18 mars, un intéressant article  intitulé « Jack Warner – l’homme qui jette une ombre dans les Caraïbes ». Son auteur, le journaliste Robin Scott-Elliot, souligne notamment combien l’influence de Jack Warner a été importante  :

« Il était, il est certain qu’il aimait à le penser, le pouvoir derrière le trône de football. Et ce n’était pas seulement le fruit de son imagination – deux Premiers ministres britanniques ont cherché à obtenir son soutien pour la candidature de l’Angleterre pour l’organisation de la Coupe du Monde. »

Le Trinidadien a atteint les hautes sphères, puis a « chuté » – grandement, puis a rebondi dans son pays…

L’homme a une telle capacité à faire fi, et même à se désempêtrer, des scandales qu’un nouveau rebondissement dans cette interminable affaire ne me surprendrait guère.

Et pendant ce temps, à Trinidad, le scandale n’est bien sûr pas passé inaperçu, d’autant plus que Jack Warner est un député très en vu. Le procureur général Anand Ramlogan a pris sur lui de donner quelques conseils à Jack Warner, rapporte Trinidad Express Newpapers.  Il lui a vivement conseillé de coopérer dans l’enquête en cours.

« L’audace et l’arrogance ne le (Jack Warner) feront pas échapper à cela. C’est maintenant un sujet de préoccupation internationale. Cela souille l’image et la réputation internationales de Trinidad-et-Tobago, car cela a clairement dépassé nos frontières.  Et cela ne concerne pas seulement un ancien ministre, mais quelqu’un qui est un membre actif du Parlement et qui est un chef de file d’un parti politique, ce qui fait donc de lui un aspirant à la plus haute fonction politique de Premier ministre de Trinidad-et-Tobago. »

– Anand Ramlogan, cité par Trinidad Express Newpapers.

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