Johanna Marillat : une jeune qui vend du vintage en ligne

La rencontre caribéenne d’aujourd’hui nous fait découvrir un concept novateur porté par une jeune guadeloupéenne pleine de talents. Je l’ai personnellement connue à la fac et j’ai eu l’occasion de faire l’expérience de l’un de ses projets, où je suis repartie avec… J’en dis déjà trop ! Commençons par le commencement.

 

Axelle : Parle-nous de toi.

Johanna : J’ai 24 ans et j’ai récemment terminé ma licence de langues étrangères appliquées à l’Université des Antilles. Je suis donc fraîchement diplômée d’un bac+3 et j’ai décidé depuis peu de me lancer dans l’entrepreneuriat. Je suis actuellement responsable de Caribbean Frip’, une boutique en ligne via laquelle je vends des vêtements de seconde main.

Je peux me montrer assez réservée, mais j’ai aussi mon côté sociable, plus extraverti en fonction du contexte. Je me sers beaucoup de mon style et de la mode pour l’exprimer.

 

« La mode est un moyen pour moi d’exprimer un peu plus qui je suis, et ma différence. »

 

Axelle : Peux-tu nous parler de tes passions ?

Johanna : La mode ! Je m’inspire de ce que je vois, et je crée ma propre identité à partir de cela. J’aime aussi partager ma vie sur les réseaux. Je tiens un blog où j’exprime mon côté spirituel en tant que chrétienne. Cela me permet de communiquer ce message, cette partie de moi. J’aime également chanter même si c’est encore timide…

 

Axelle : Tu as mentionné tes réseaux sociaux. Peux-tu nous en dire plus sur cet aspect de tes activités ?

Johanna : Sur ma page Instagram personnelle, j’aime encourager en général, pouvoir être une inspiration, particulièrement pour les jeunes femmes (même si cela peut inspirer les hommes aussi). Ce sont des messages d’encouragement, qui poussent à toujours aller de l‘avant dans la vie, à préserver ce qui nous tient à cœur, que ce soit un rêve, un projet. Ce sont aussi des messages qui invitent à cultiver la foi au travers de vidéos, de posts, par exemple.

 

Friperie ? Dis-nous en plus !

 

Johanna : L’idée m’est venue d’une passion : j’aime m’habiller. Et je m’intéresse aux vêtements vintage depuis bien longtemps. De plus,j’ai effectué mon stage de troisième année de licence, qui pourtant n’avait rien à voir avec les vêtements, dans une entreprise privée et c’est ce qui m’a fait réaliser que je pourrais entreprendre et croncrétiser un projet. Cela m’a ouvert le champ des possibles. C’est ainsi que je me suis dis : pourquoi ne pas me lancer dans l’entrepreunariat dans un domaine qui me plairait ? J’ai donc pensé aux vêtements. Cependant, le déclic m’est venu d’une frustration. Alors que je désirais faire une commande sur Vinted ( ndlr : plateforme de vente et d’achat en ligne de vêtements d’occasion) qui fonctionne en France et ailleurs dans le monde, je n’ai pas pu finaliser ma transaction : Vinted n’est pas disponible en Guadeloupe ! J’ai été extrêmement déçue.

 

« J’ai alors pensé : puisque nous sommes exclus, nous aussi nous allons créer notre propre Vinted ! »

 

C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à la fripe. On y trouve des pièces un peu plus rares et « vintage ». Cela rend ton style unique : la pièce est juste pour toi !

 

Axelle : C’est vrai qu’en Guadeloupe on n’a pas beaucoup de friperies…

Johanna : Oui, mais il y en a quand même ! J’ai découvert cela quand je me suis lancée dans mon projet de boutique éphémère sur le campus où j’étudiais. Il s’est avéré que le projet a bien fonctionné, ce qui a attiré l’attention des médias. J’ai beaucoup aimé l’expérience, le fait de faire la décoration, par exemple.

J’ai pour objectif de normaliser la vente et l’achat de vêtements d’occasion dans la Caraïbe, mais c’est tout un état d’esprit ! Chez nous, ce n’est pas encore perçu comme cela l’est en France.

 

Axelle : On a surtout tendance à donner les vêtements que l’on ne porte plus à des associations ou à des membres de la famille, mais en faire des ventes est un concept pertinent, notamment pour les étudiants qui ont des petits budgets parfois, ou les jeunes mamans…

Johanna : Effectivement. C’est vrai qu’il y a l’idée de venir en aide aux personnes dans le besoin, mais ma cible de base est les personnes qui ont ce goût particulier pour le style. Et c’est en faisant une introspection sur ma frustration que je me suis rendue compte que je ne pouvais pas me procurer des pièces vintage qui sortent de l’ordinaire et qui collent avec mon style. C’est surtout pour les petites « fashionistas » de la Caraïbe comme moi, qui n’ont pas forcément de grands budgets. C’est l’occasion pour eux d’exprimer leur style comme pourrait le faire quelqu’un en France avec la même passion pour la mode.

 

Axelle : En quoi ton projet a-t-il pu t’offrir des opportunités ?

Johanna : Le projet de boutique éphémère m’a ouvert des portes pour que je puisse me lancer officiellement, j’ai donc eu une certaine direction professionnelle. En ce qui concerne la boutique en ligne, je n’ai pas encore de grandes opportunités puisqu’elle est toute récente, je suis encore en construction. L’objectif dans un avenir proche serait de proposer d’autres boutiques éphémères. C’était d’ailleurs l’objectif de base : pouvoir proposer des ventes sur place. Je dispose d’un petit budget pour l’instant, j’ai donc commencé en ligne.

 

Axelle : Un message à faire passer à travers l’ouverture de ta boutique ?

Johanna : Il y en a tant ! Mais mon message s’adresserait aux jeunes étudiants ou aux jeunes un peu perdus dans leur vie, comme cela arrive souvent. En effet, nous sommes dans une génération où tout va très vite et on peut être vite découragé, surtout quand on n’a pas forcément d’objectifs professionnels. J’aimerais justement les encourager à ne pas se limiter à ça.

« J’ai su ce que je voulais faire lors de ma dernière année d’études, j’ai eu beaucoup de doutes durant mes études, j’ai redoublé pas mal de fois et c’est au dernier semestre de la dernière année que j’ai su trouver mon objectif professionnel. Il ne faut pas se mettre de pression. Restez concentrés sur votre chemin et évitez de vous comparer. »

 

Chaque chose en son temps, chaque humain est différent ! Enfin ne vous limitez pas à notre situation géographique en Guadeloupe. Parfois on se dit que le projet est trop grand, mais nous aussi nous sommes capables de faire des grandes choses. Ce n’est pas facile, car nous avons des barrières que les métropolitains ne rencontrent pas, mais cela ne doit pas être une limite, un frein pour nous. Ce qui te tient à cœur, fait-le peu importe d’où tu viens.

 

« Je ne suis jamais partie pour mes études et cela ne m’a pas empêché d’avoir ma petite friperie ! »

 

Après l’avoir questionné pendant 20 minutes, j’ai voulu revenir sur les achats que j’ai pu effectuer dans sa boutique éphémère, qui m’envoient ravis jusqu’à aujourd’hui. Nous nous sommes commémorées les moments où Johanna m’a conseillée pour mes achats, et ceux où elle m’expliquait comment elle s’était ravitaillée en vêtements pour la boutique éphémère grâce à des dons. Je dois vous dire que j’ai énormément apprécié ce projet et que j’ai vraiment hâte de renouveler l’expérience à l’avenir !

 

Instagram : @amouressence.tv / @caribbean_frip

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