La côte caraïbe de la Colombie n’est pas qu’une carte postale aux airs de paradis tropical. C’est un territoire vibrant, stratégique, mais aussi profondément fragilisé par des décennies de déséquilibres économiques et de pression environnementale. Là, au nord du pays, la Colombie s’ouvre sur la mer des Caraïbes — une façade de 1 800 kilomètres, de l’Urabá jusqu’au golfe du Venezuela, où se concentre une part essentielle de sa richesse et de sa diversité culturelle.
Un espace stratégique et peuplé
Avec environ 11 millions d’habitants, la région caraïbe représente près d’un quart de la population colombienne. C’est la deuxième région la plus peuplée du pays après celle des Andes.
Ses grandes villes – Cartagena de Indias, Barranquilla, Santa Marta – incarnent à la fois la vitalité économique et la richesse culturelle du littoral. Ports commerciaux, zones industrielles, stations balnéaires, universités et festivals en font une véritable vitrine du dynamisme colombien.
Toutefois, au-delà des centres urbains, le littoral caraïbe est aussi le lieu de vie de milliers de communautés afro-descendantes et autochtones, qui entretiennent un lien ancestral avec la mer et les mangroves. Ce patrimoine humain et culturel reste trop souvent marginalisé dans les politiques publiques.
Un écosystème sous pression
La façade caraïbe abrite une biodiversité exceptionnelle : mangroves, récifs coralliens, zones humides, deltas et forêts tropicales. Mais cet équilibre est aujourd’hui menacé.
Près de la moitié du littoral (48 %) est en érosion active, conséquence combinée de la montée du niveau marin, de l’urbanisation non planifiée et du recul des mangroves. Certaines plages disparaissent, des villages sont fragilisés, et les zones touristiques doivent désormais composer avec la réalité du changement climatique.
La pollution plastique et les rejets d’eaux usées aggravent la situation. Dans certaines zones, la mer est devenue une décharge à ciel ouvert, reflet d’un modèle touristique encore trop peu régulé.
Tourisme, commerce et inégalités
Le tourisme est l’un des moteurs économiques majeurs de la région : Cartagena reste l’une des villes les plus visitées d’Amérique du Sud, tandis que Santa Marta et le parc Tayrona attirent les amateurs de nature sauvage. Les croisières internationales s’y multiplient, renforçant les flux et les revenus.
Cependant, cette croissance ne bénéficie pas à tous. Une partie de la population vit encore dans des conditions précaires, sans accès à l’eau potable ni à des infrastructures de base. L’écart entre le littoral touristique et les zones rurales de la côte caraïbe est immense.
Une région en quête d’équilibre
Depuis quelques années, la Région Caribe s’affirme davantage dans le débat national. Des projets émergent autour du tourisme durable, de la préservation des mangroves, de la revalorisation du patrimoine afrodescendant et du développement de l’économie bleue.
Chercheurs, entrepreneurs et associations locales se mobilisent pour inventer une autre manière d’habiter et d’exploiter le littoral : plus responsable, plus résiliente, plus inclusive.








