C’est l’un des plus grands scandales de l’histoire automobile. Des millions de véhicules dans le monde, équipés d’airbags produits par la société japonaise Takata, présentent un risque mortel pour leurs occupants. Si le scandale a éclaté il y a plus de 10 ans, le danger, lui, est toujours d’actualité. Et les départements d’outre-mer sont particulièrement exposés.
L’origine du scandale
Takata, fondée en 1933 au Japon, était un fournisseur majeur d’équipements de sécurité pour l’industrie automobile mondiale. Ses ceintures, sièges enfants et airbags équipaient les plus grandes marques.
Au début des années 2000, plusieurs incidents signalés lors d’accidents intriguent : des airbags Takata explosent littéralement, projetant des fragments métalliques dans l’habitacle. Les enquêtes révèlent que le gaz propulseur, le nitrate d’ammonium, est en cause. Ce composé chimique, instable lorsqu’il est exposé à la chaleur et à l’humidité, peut se dégrader et provoquer une explosion incontrôlée.
Entre 2009 et 2017, ces airbags ont été liés à au moins 27 morts et plus de 400 blessés dans le monde.
Une dissimulation systématique
Pendant des années, Takata a tenté de minimiser le problème. Des documents internes, révélés plus tard par la justice américaine, ont montré que l’entreprise avait manipulé les données d’essai et dissimulé les défauts à ses clients.
Sous la pression des autorités et des constructeurs, un rappel massif est finalement lancé : plus de 100 millions de véhicules sont concernés à travers le monde, un record absolu.
En 2017, Takata fait faillite et est condamnée à un milliard de dollars d’amende. Ses actifs sont repris par le groupe chinois Key Safety Systems, devenu Joyson Safety Systems, qui poursuit aujourd’hui les campagnes de remplacement.
Un risque aggravé sous les tropiques
Le scandale aurait pu s’arrêter là si le danger ne persistait pas encore aujourd’hui.
Les experts rappellent que l’humidité et la chaleur accélèrent la dégradation du gaz propulseur. Dans les territoires ultramarins, comme la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Réunion ou Mayotte, les conditions climatiques locales – températures élevées et taux d’humidité constants – aggravent considérablement le risque.
« Airbags Takata : en Guadeloupe, un véhicule sur dix est ‘potentiellement dangereux’, selon la préfecture, qui lance une campagne de rappel » – Le Monde
Autrement dit, un véhicule équipé d’un airbag Takata et exposé depuis plusieurs années à la chaleur tropicale court un danger réel : lors d’un accident, le coussin gonflable peut exploser et projeter des éclats de métal vers le conducteur ou les passagers.
Et ce n’est pas un risque réservé aux véhicules neufs. Le vieillissement des airbags Takata accentue leur dégradation, augmentant la probabilité d’incident avec le temps. Même les véhicules circulant en métropole peuvent être concernés.
Comment savoir si votre véhicule est concerné ?
Chaque automobiliste peut vérifier gratuitement si son véhicule est équipé d’un airbag Takata. En cas de confirmation, il faut contacter sans délai un concessionnaire pour un remplacement gratuit. Ignorer le rappel, c’est rouler avec un dispositif de sécurité qui peut se transformer en arme mortelle.
Un scandale aux leçons amères
L’affaire Takata a ébranlé la confiance dans la chaîne d’approvisionnement automobile mondiale. Elle a montré à quel point la pression sur les coûts peut compromettre la sécurité, et combien les contrôles indépendants sont essentiels.
Aujourd’hui encore, des véhicules équipés d’airbags Takata circulent sur nos routes, notamment en Guadeloupe. Le scandale n’est donc pas une histoire du passé : c’est un risque bien réel, que chacun doit prendre au sérieux.








