Tous ces paysages de carte postale appréciés et vendus à longueur d’’année, cette biodiversité exceptionnelle si mise en avant, ne peuvent faire oublier une réalité. Les territoires caribéens doivent faire face à des problématiques environnementales majeures : catastrophes naturelles, dégradations et conséquences du changement climatique.
Cela fait des années que des gouvernants caribéens répètent sur tous les tons que notre région est menacée.
Dévastation après dévastation, ils tiennent les mêmes discours. De guerre lasse, ils se sont même décidés à se réunir pour parler au monde d’une voix commune et avoir une chance d’être plus entendus. C’était en 2015 dans le cadre de la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la fameuse COP 21 à Paris.
Souvenez-vous. A l’époque, certains gouvernants caribéens s’étaient même réjouis de l’accord « historique » adopté par 195 pays, parce que l’augmentation de la température était limitée à 1,5 degré celsius.
Depuis, Donald Trump a annoncé que les Etats-Unis se retiraient de la COP 21. C’était fin juin 2017. Un peu moins de trois mois après, il y a quelques jours, il a déclaré l’état de catastrophe naturelle pour Porto Rico, « anéanti », selon son propre terme, par l’ouragan Maria.
Une autre île a été anéantie par cet ouragan : la Dominique.
Le premier ministre en poste depuis 2004, Roosevelt Skerrit, avait déjà eu à gérer Ericka en 2015. Et voilà que tout est à recommencer !
Bien sûr, les messages de soutien se sont multiplés, les dons aussi. La solidarité mondiale est de mise. Cependant, comment s’en satisfaire ? Parce qu’en définitive, rien n’est résolu. Et il est évident que les problématiques empirent.
Alors, les gouvernants caribéens ont à nouveau décidé d’évoquer les menaces environnementales qu’ils redoutent pour la région, de lancer un appel aux actions. Et justement, ils avaient une extraordinaire tribune pour cela : l’assemblée générale des Nations Unies qui a eu lieu du 19 au 25 septembre derniers à New-York.
Le discours de Roosevelt Skerrit était bien sûr très attendu. Il l’a tenu samedi passé. Et il n’a pas déçu. Bien au contraire.
Deux extraits marquants.
« To deny climate change is to procrastinate while the earth sinks; it is to deny a truth we have just lived. It is to mock thousands of my compatriots who in a few hours, without a roof over their heads, will watch the night descend on Dominica in fear of sudden mud slides and what the next hurricane may bring. » (tiré de l’article du journal Barbados Today)
« Refuser le changement climatique, c’est procrastiner pendant que la terre coule ; c’est nier une vérité que nous venons de vivre. C’est se moquer des milliers de mes compatriotes qui, dans quelques heures, sans toit sur leurs têtes, regarderont la nuit descendre sur la Dominique en craignant des soudains glissements de boue et ce que le prochain ouragan peut apporter. »
« While the big countries talk, the small island nations suffer. We need action and we need it now. We in the Caribbean do not produce greenhouse gases or sulphate aerosols. We do not pollute or overfish our oceans. We have made no contribution to global warming that can move the needle. But yet, we are among the main victims on the frontline. » (tiré de l’article du journal Barbados Today)
« Alors que les grands pays parlent, les petites nations insulaires souffrent. Nous avons besoin d’action et nous en avons besoin maintenant. Nous, dans la Caraïbe, nous ne produisons pas des gaz à effet de serre ou des aérosols au sulfate. Nous ne polluons pas ou ne surexploitons pas nos océans. Nous n’avons apporté aucune contribution au réchauffement climatique qui peut déplacer l’aiguille. Mais pourtant, nous sommes parmi les principales victimes de la ligne de front. »
Peut-être que ces mots seront cette fois vraiment entendus. Après tant d’années, de promesses non tenues, de désillusions, je n’ose y croire. Et pourtant, il est un fait terrible : la Caraïbe ne peut se sauver toute seule.