Je suis Mylène Colmar. Journaliste, consultante éditoriale et éditrice en Guadeloupe, j’ai créé ce blog en 2015 pour raconter ma région, ses acteurs et enjeux. Ce dernier compte plus de 1200 textes. Je vous invite à soutenir mon travail via une contribution sur la plateforme sécurisée Buy me a coffee.

Ne me parlez plus de résilience !
J’en ai marre. Comptez sur moi pour ne plus employer le mot résilience à tort et à travers. Oui, je plaide coupable, je l’ai moi-même beaucoup fait à une époque. J’avais l’art de le placer en bémol dans mes écrits, afin de ne pas tomber dans la noirceur la plus totale.
- Des coupures d’eau à la pelle. Heureusement que nous sommes résilients.
- Des catastrophes naturelles qui s’enchaînent. Oui, mais nous sommes résilients.
- Des lacunes, anomalies de toutes sortes qui polluent notre quotidien. Ok, mais nous sommes résilients.
Et un jour que j’allais écrire à nouveau que nous sommes résilients, je me suis aperçue que je n’y croyais pas une seconde… Ou plutôt, si, nous le sommes vraiment pour endurer tout le « bullshit » journalier. Cependant, en arrière-cour, il y a une sorte d’amertume teintée de fatalisme que je ne parviens plus à supporter.
Les mots ont un sens. Toujours. Mon emploi automatique et régulier du mot résilience a-t-il pour but d’amoindrir l’importance, l’impact négatif des problématiques persistantes en Guadeloupe comme la crise de l’eau, la vie chère ou encore la gestion des déchets ?
Est-ce que notre résilience est une force réelle à mettre en avant comme positive ? Ou elle est le simple résultat de notre conviction que les problématiques « plombant » nos vies ne seront jamais résolues et qu’il faut donc faire en sorte de vivre avec elles le mieux possible ?
Je n’aime plus le mot résilience. J’en viens même à avoir les poils qui se hérissent dès lors qu’il est accolé à entrepreneuriat. Vous me voyez venir ! Je ne veux pas être une entrepreneure résiliente. Clairement, je préférerais développer des projets dans un écosystème favorable, positif, encourageant. Ce n’est pas le cas. Cela ne vous surprendra pas, tant j’ai déjà écrit sur les difficultés pour entreprendre en Guadeloupe et plus largement dans la Caraïbe.
Je ne vais donc pas m’étendre sur le sujet. Toutefois, j’aimerais vous indiquer un point. Il y a les statistiques vs la réalité du terrain. Je suis moi-même friande d’études, de chiffres, mais je sais parfaitement qu’ils ne disent pas tout. Et, je suis assez souvent au contact de nombre d’entrepreneurs pour savoir qu’une foule d’entreprises disparaissent dans l’indifférence quasi générale depuis des mois, que des dizaines d’entrepreneurs souffrent énormément du climat économique, social, très tendu.
Alors, vous me direz, ils ne sont pas les seuls. Je suis bien d’accord. Plus j’échange avec des gens, plus je regarde les posts sur les réseaux sociaux, plus je lis des textes sur le web, plus je suis inquiète. La résilience tous les jours, cela peut « pêter » la tête et, finalement, cela donne des gens qui sont malades, malsains, malheureux. Tout le monde n’a pas la capacité de porter le masque sociétal auréolé de résilience, jour après jour, mois après mois, année après année.
Cette fameuse résilience, tant célébrée, tant mise en avant… Elle a forcément ses limites. Alors, certains vont chercher des solutions. Et alors là, la porte est ouverte à tout. Néanmoins, ceci, je le laisse pour une autre page du carnet noir.







