Je suis Mylène Colmar. Journaliste, consultante éditoriale et éditrice en Guadeloupe, j’ai créé ce blog en 2015 pour raconter ma région, ses acteurs et enjeux.

Pourquoi les boîtes de chocolats de Noël ont-elles autant augmenté en Guadeloupe ?
Si vous avez eu un léger moment de solitude devant le rayon chocolats en cette fin d’année 2025, rassurez-vous : vous n’avez rien imaginé. Les boîtes de chocolats de Noël ont bel et bien augmenté, parfois de façon spectaculaire, en Guadeloupe comme ailleurs. La raison principale tient en un mot : le cacao.
Une flambée historique du cacao sur les marchés mondiaux
Depuis 2024, les cours du cacao ont atteint des niveaux jamais vus. En cause, des récoltes catastrophiques en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, qui assurent à eux seuls plus de 60 à 70 % de la production mondiale.
Conditions climatiques extrêmes, alternant sécheresses et pluies excessives, plantations vieillissantes, maladies comme le swollen shoot et demande mondiale toujours plus forte : tous les voyants étaient au rouge. Résultat, le prix de la tonne de cacao a dépassé les 12 000 euros en 2024, contre 2 000 à 3 000 euros historiquement. Même si une légère détente a été observée en 2025, les niveaux restent très élevés.
Cette hausse du cacao s’est logiquement répercutée sur les produits finis, en particulier le chocolat.
Des prix en nette hausse pour les consommateurs
En France, Outre-mer compris, l’impact est clair. Une boîte de chocolats de marque standard d’environ 345 grammes affiche une hausse moyenne de 22 % sur un an, dépassant désormais les 14 euros. Sur trois ans, l’augmentation peut atteindre 55 %, selon les données de NielsenIQ pour le panier de Noël 2025. Autrement dit, le chocolat est devenu un produit nettement plus cher, même lorsqu’il s’agit de références grand public.
La Guadeloupe, doublement pénalisée
En Guadeloupe, la situation est encore plus sensible. Les chocolats de Noël sont quasi exclusivement importés, depuis l’hexagone ou l’Europe. Les prix suivent donc mécaniquement la tendance nationale, avec un effet amplificateur.
Transport maritime, logistique, octroi de mer, intermédiaires successifs : chaque maillon ajoute un coût supplémentaire. Sur un produit déjà renchéri à la source, l’addition devient vite salée.
Depuis début 2025, plusieurs acteurs locaux ont d’ailleurs alerté sur la flambée des prix du chocolat et du café, impactant aussi bien les artisans que les grandes surfaces. Et ce, alors même que l’inflation globale en Guadeloupe reste relativement modérée, autour de 0,8 à 0,9 % sur un an. Les produits alimentaires importés, eux, continuent d’augmenter plus fortement.
Pourquoi cette hausse est-elle si visible à Noël ?
Les assortiments de Noël sont conçus, produits et négociés plusieurs mois à l’avance. Les tarifs appliqués en cette fin d’année ont donc été fixés avant toute baisse récente des cours du cacao. La hausse se concentre ainsi précisément sur la période des fêtes, au moment où la demande est la plus forte.
Face à cette réalité, beaucoup de consommateurs adaptent leurs choix. Boîtes plus petites, marques de distributeurs, achats ciblés plutôt qu’assortiments généreux : le chocolat reste un plaisir, tout en devenant un produit davantage arbitré.
Le chocolat de Noël est devenu le révélateur d’un phénomène plus global : la dépendance des territoires insulaires aux marchés mondiaux et aux importations. Tant que la production mondiale restera sous tension, les fêtes auront un goût un peu plus amer… au sens économique du terme.







