Parlons de la Grande Caraïbe • Dépassons cette image de carte postale bien connue
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Alors que les territoires ultramarins affrontent déjà les conséquences du changement climatique, de la dépendance économique et des tensions sociales, Atout France et la Direction générale des Outre-mer (DGOM) ont lancé une démarche prospective ambitieuse : Horizons 2040 Outre-mer. Publiée en octobre 2025, cette étude vise à anticiper les mutations qui transformeront le tourisme dans ces régions d’ici 15 ans.
L’objectif est clair : mieux comprendre pour mieux agir, en aidant les acteurs locaux à bâtir une stratégie touristique résiliente, adaptée à leurs réalités insulaires et à leurs vulnérabilités structurelles.
Cette déclinaison ultramarine de l’étude nationale Horizons 2040 s’appuie sur une méthodologie solide : veille scientifique et institutionnelle, entretiens approfondis avec des acteurs du tourisme (comités touristiques, chercheurs, compagnies aériennes, experts du GIEC, etc.), et ateliers de projection dans les 3 grands bassins : Caraïbes, Océan Indien et Pacifique.
L’idée n’est pas de prédire l’avenir, mais de cartographier les tendances lourdes et signaux faibles qui pèseront sur l’évolution du tourisme d’ici 2040.
Les analyses s’articulent autour de 5 systèmes de changement interdépendants :
Le rapport souligne que les Outre-mer français sont des éclaireurs des crises et transitions planétaires. Les territoires insulaires, par leur géographie et leur dépendance à l’extérieur, expérimentent déjà les bouleversements qui s’étendront ailleurs :
À travers ces constats, Atout France plaide pour une transition profonde du modèle touristique : diversification des clientèles, ancrage local, tourisme plus sobre et inclusif.
Les auteurs identifient 3 paradoxes structurants :
Le rapport met en avant des exemples concrets de transition :
Ces initiatives démontrent la capacité d’innovation des territoires ultramarins, souvent pionniers malgré leurs contraintes logistiques et économiques.
L’étude insiste sur l’urgence de repenser la dépendance à l’aérien, alors que 80 % des touristes accèdent aux territoires par avion. Le prix des billets a déjà augmenté de 25 % en 5 ans.
La transition vers un tourisme bas carbone impose donc de nouvelles stratégies :
L’idée n’est pas de fermer les territoires, mais de rendre chaque voyage plus conscient, plus utile et plus respectueux du vivant.
Le travail prospectif propose quatre scénarios contrastés qui dessinent autant de futurs possibles :
Ces scénarios ne sont pas des prédictions mais des outils d’aide à la décision. Ils invitent les acteurs publics et privés à choisir collectivement la voie à emprunter.
« L’anticipation n’est pas un luxe : c’est un impératif stratégique », rappellent les signataires du rapport, parmi lesquels Christian Mantei (président d’Atout France) et Olivier Jacob (directeur général des Outre-mer).
Leur message est limpide : face à la montée des risques climatiques et sociaux, agir maintenant coûte moins cher que réparer plus tard.
Pour que le tourisme ultramarin reste un moteur économique et social, il doit devenir un levier de transition, un outil de cohésion et un laboratoire d’innovation territoriale. Les Outre-mer, plus que tout autre espace français, ont la capacité d’incarner ce tourisme du futur : durable, résilient, choisi.