Dans la Caraïbe, prendre l’avion donne souvent lieu à des épisodes mémorables.
Des turbulences si fortes que j’ai craint le pire l’espace d’un instant à ma valise que j’ai cru perdue et qui finalement est arrivée, le lendemain, dans la soute d’un autre avion, je ne manque pas d’anecdotes à raconter. Cependant, l’une des plus marquantes m’est arrivée avec une petite compagnie aérienne caribéenne.
Début août 2010, à l’aéroport international Luis Munoz Marin, à San Juan, la capitale de Porto-Rico, j’attends depuis près d’une heure dans le hall d’embarquement mon vol pour la Guadeloupe prévu vers 20h. Cependant, je suis un peu inquiète, car mon vol a disparu du tableau de bord. Aucun agent au comptoir pour me renseigner. J’échange avec mes voisins quelques regards interrogateurs et sourires crispés. La patience est de mise.
A 23h passées, pas plus de signe de mon vol sur les tableaux du terminal qui, entre temps, s’est vidé. Il ne reste plus que nous, c’est-à-dire la vingtaine de personnes espérant toujours pouvoir prendre le vol prévu.
Une heure auparavant, un agent est venu – pour la première fois – nous expliquer qu’il y avait un problème avec l’avion et nous demander de patienter, encore et toujours. Sans plus de précision. Finalement, après un temps incroyablement long, un agent nous annonce que l’appareil est réparé, que nous allons pouvoir embarquer et arriver à bon port, en toute sécurité.
Qu’avait l’avion ?
Pas de réponse de l’agent qui nous répète que tout va bien. Grande perplexité. Quelques passagers refusent même de partir. Pour moi, après tant d’attente, il n’est pas question de rester.
Me voilà donc à minuit, sur le tarmac, m’apprêtant à monter dans le petit avion, quand je reste scotchée par la vue d’un technicien juché sur une échelle, en train de vérifier les ailes de l’appareil à l’aide d’une… lampe de poche !
Oui, vous avez bien lu.
Et encore, non pas une de ces lampes de poches au puissant faisceau lumineux, mais de celles, un peu gadget, que l’on achète dans les supermarchés pour aller camper. Lorsque l’avion a décollé, j’ai serré les dents ; mais, au final, je suis arrivée en Guadeloupe, saine et sauve.
Quand il s’agit d’emprunter les petits avions inter-îles dans la Caraïbe, je suis un peu crispée maintenant et, de manière plus générale, je fais avec les mêmes problématiques toujours non réglées. Au manque de concurrence entre les compagnies d’où des prix de billets élevés, voire prohibitifs, s’ajoutent la faiblesse du nombre des rotations, les avions vieillissants, etc.
Ah, la LIAT… Parlons-en.
Cette petite compagnie aérienne régionale créée en 1956 traverse une bien mauvaise passe, ces dernières semaines. Cela a commencé par une lettre de plainte pleine d’humour adressée à la LIAT par un client insatisfait, qui a fait le buzz sur le web début juillet. Mais les légendaires retards et annulations de la LIAT n’ont pas pour autant cessé. Bien au contraire, ils furent si nombreux durant le mois de juillet que la direction de la compagnie aérienne en est même venue à s’en expliquer, via communiqué :
« Les perturbations rencontrées par la LIAT en ce moment sont causées par une combinaison de facteurs. Il s’agit, entre autres choses, d’une augmentation de maintenance non planifiée à un moment où notre calendrier prévoit une disponibilité maximale de l’aéronef ; une pénurie de personnel ; le mauvais temps, les limitations de l’aéroport, et les retards dans l’obtention des licences pour l’exploitation de nos ATR neufs, dans certains territoires », dixit Ian Brunton, le directeur de la LIAT.
Excuses, excuses, toujours des excuses qui ne satisfont pas du tout tous ceux qui subissent ces « perturbations » depuis plusieurs années.
Parmi les mécontents, Gregor Nassief, le propriétaire et directeur du Secret Bay Resort et président exécutif du Fort Young Hôtel à la Dominique, a tapé très fort du poing sur la table. Il s’est fendu d’une « Lettre ouverte à la LIAT » virulente, publiée sur le site Caribbean Journal, début août, dans laquelle il reproche aux directeurs de la LIAT de ne pas avoir suffisamment bien planifié le remplacement de leurs appareils par d’autres, durant ces mois de juillet-août qui constituent une période de pic en matière de transport aérien et de tourisme dans la région.
«Il n’y avait pas de plans d’urgence, et tout s’est effondré. Le résultat est trop peu de pilotes et trop peu d’avions pour répondre adéquatement à la demande et couvrir les routes. Il en est résulté un désastre pour la région, et surtout pour la Dominique (68 % de nos arrivées par voie aérienne viennent de la LIAT) », assure Gregor Nassief.
La LIAT n’est pas la seule à avoir grandement déçue ces derniers temps. La compagnie aérienne française Air Caraïbes a elle aussi eu bien du mal à assurer certains vols, début août, pour cause d’appareil en panne ; sans pour autant avoir droit au même « traitement » que la LIAT.
Billet publié le 22 août 2013 sur mon précédent blog et légèrement modifié.
Comments
Pingback: Grande Caraibe : cela bouge côté aérien !