Voyage vers les États-Unis : quand les restrictions frappent la Caraïbe

Depuis 2025, la politique américaine en matière de visas et d’entrée sur le territoire a changé de façon significative. Sous l’administration du président Trump, plusieurs mesures de restrictions, voire d’interdiction d’entrée, ont été annoncées, citant des motifs de sécurité nationale, de faibles capacités de contrôle des documents d’identité ou de cohérence du système migratoire.

Quels pays caribéens sont concernés ?

  • Haïti figure parmi les pays dont les citoyens ont été soumis à une interdiction totale d’entrée aux États-Unis en juin 2025, dans le cadre du nouveau “travel ban” américain.
  • Cuba fait partie des pays soumis à restrictions partielles de visas depuis juin 2025, avec des limitations sur certaines catégories de visas et des contrôles renforcés.

À compter du 1er janvier 2026, une nouvelle proclamation américaine a étendu des restrictions partielles de visa à ces deux pays :

  • Antigua-et-Barbuda : suspension de plusieurs catégories de visas (tourisme, affaires, étudiants, échanges, etc.) et réduction possible de la validité des autres visas.
  • Dominique : mêmes types de restrictions ; Washington pointe du doigt son programme de citoyenneté par investissement.

Le Venezuela figure sur la liste des pays soumis à des restrictions partielles de visas. Cela signifie que certaines catégories de visas (tourisme B, étudiants F, visas d’échange J, etc.) sont suspendues, et l’administration peut réduire la validité des visas qui ne sont pas totalement suspendus.

D’autres pays de la région ont été mentionnés dans des projets ou menaces de restriction (comme Sainte-Lucie ou Saint-Kitts-et-Nevis dans des documents antérieurs), mais ils n’ont pas encore été officiellement inclus dans la liste publiée en décembre 2025.

Les raisons officiellement avancées par les États-Unis

Les explications données par l’administration américaine pour justifier ces mesures tournent autour de trois principaux axes :

  • Sécurité nationale et risque migratoire : les autorités évoquent des difficultés de certains pays à assurer un contrôle fiable des documents d’identité, des dossiers criminels ou de la coopération dans les procédures de sécurité.
  • Visa overstay et fiabilité des données : Washington a cité des taux élevés de dépassement du séjour autorisé dans le passé chez certains ressortissants et des lacunes dans le partage d’informations.
  • Coopération diplomatique ou manque de conformité à des standards américains : dans certains cas, les États-Unis ont mis en avant des problèmes de gouvernance ou de lutte contre l’immigration irrégulière comme critères d’évaluation.

Ces déclarations ont été critiquées par plusieurs observateurs comme étant vagues ou injustement généralisatrices.

Quelles conséquences pour la Caraïbe ?

Les enjeux sont concrets, et l’impact dépasse le simple cadre administratif.

  1. Économie et tourisme
    Pour des pays comme Antigua-et-Barbuda ou la Dominique, les États-Unis représentent des marchés cruciaux pour le tourisme et les échanges. Toute restriction perçue ou réelle sur les visas peut détériorer la confiance des voyageurs, des compagnies aériennes et des investisseurs.
  2. Migration et diaspora
    Des pays comme Haïti ont d’importantes diasporas aux États-Unis. Des restrictions strictes rendent plus complexes les voyages familiaux, les échanges culturels ou professionnels, et augmentent la vulnérabilité des populations en mobilité.
  3. Diplomatie et relations bilatérales
    Le fait que plusieurs États caribéens aient été listés ou menacés de restrictions sans consultation préalable a généré une forte demande de clarification de la part des dirigeants régionaux, qui réclament davantage de transparence et d’équité dans les critères appliqués.

Les réponses politiques et diplomatiques ne se sont pas fait attendre :

  • Certains dirigeants caribéens ont publiquement demandé des explications et une révision des critères, soulignant l’impact négatif sur des économies déjà fragiles.
  • Selon des sources locales, des gouvernements ont qualifié les démarches unilatérales américaines de pression politique ou de tactique asymétrique, remettant en cause la coopération traditionnelle en matière de sécurité et de développement.
  • Dans certains cas, des diplomates ont indiqué être prêts à engager des consultations régionales et multilatérales pour répondre aux préoccupations américaines tout en protégeant leurs intérêts souverains