Ce 5 novembre marque le World Tsunami Awareness Day, journée mondiale instaurée par les Nations unies pour rappeler que les tsunamis ne frappent pas que l’Asie ou le Pacifique.
La Grande Caraïbe, souvent perçue comme à l’abri, est elle aussi exposée à ce risque naturel. Son histoire en porte la trace : des villes englouties, des vagues meurtrières, des ports dévastés.
Rappels essentiels
Un tsunami est une série de vagues de très grande longueur et de forte énergie, provoquées le plus souvent par un séisme sous-marin, mais aussi par une éruption volcanique, un glissement de terrain sous-marin ou, plus rarement, la chute d’un astéroïde.
Contrairement à une vague ordinaire, un tsunami n’est pas généré par le vent. Il résulte d’un déplacement brutal d’un grand volume d’eau.
En pleine mer, ces vagues peuvent parcourir des milliers de kilomètres à plus de 700 km/h, tout en étant à peine perceptibles en surface.
C’est lorsqu’elles atteignent les côtes — où la profondeur diminue — qu’elles se transforment : la vitesse baisse, mais la hauteur augmente, parfois jusqu’à plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres.
Autre point essentiel : un tsunami n’est pas une seule vague, mais une succession de vagues espacées de quelques minutes à plus d’une heure, la première n’étant pas toujours la plus forte.
Des tsunamis déjà vécus dans la région
Contrairement à une idée répandue, les tsunamis ne sont pas étrangers à la Caraïbe.
En 1692, un séisme sous-marin détruisait une grande partie de Port Royal en Jamaïque. La mer s’était alors retirée avant de revenir brutalement, engloutissant la Sodome des Amériques. Des milliers de morts, une cité rayée de la carte.
En 1755, le tremblement de terre de Lisbonne, pourtant situé à des milliers de kilomètres, provoquait des vagues perceptibles jusqu’en Martinique, Guadeloupe et Barbade. L’Atlantique avait résonné comme une cloche.
Puis, en 1867, un séisme au large des Îles Vierges générait une vague de plus de six mètres à Saint-Thomas et Saint-Croix, renversant bateaux et maisons sur son passage.
Le 8 août 1946, un tsunami frappait la République dominicaine après un séisme de magnitude 8,1. Sur la côte nord, les localités de Matancitas et Nagua furent balayées. Près de 1 800 personnes périrent. C’est à ce jour le plus meurtrier de la région.
Même les volcans ont leur rôle : lors de l’éruption de la Montagne Pelée en 1902, la mer s’était elle aussi soulevée autour de Saint-Pierre.
Une région sismiquement active
La mer des Caraïbes repose sur une mosaïque de plaques tectoniques. Au nord, la faille de Porto Rico est l’une des plus puissantes du bassin atlantique. À l’est, l’arc des Petites Antilles est une zone de subduction où la plaque atlantique glisse sous la plaque caraïbe. À l’ouest, les côtes d’Amérique centrale connaissent elles aussi une forte activité.
Cette géologie complexe fait de la région une zone à risque modéré mais réel. Les séismes sous-marins, les glissements de terrain côtiers ou les éruptions volcaniques peuvent déclencher des vagues locales, parfois en quelques minutes seulement.
Des systèmes d’alerte encore fragiles
Depuis 2011, la Caraïbe dispose d’un système régional d’alerte aux tsunamis (Caribbean Tsunami Warning Program), coordonné par la NOAA et l’UNESCO. Chaque année, des exercices “Caribe Wave” permettent aux territoires de tester leurs procédures.
Pourtant, la préparation du grand public reste inégale. Peu d’habitants savent comment réagir : évacuer immédiatement vers les hauteurs après un fort séisme, ne pas attendre les sirènes, reconnaître les signes avant-coureurs (retrait brutal de la mer, grondement sourd, etc.).
Prévenir plutôt que subir
Tsunamis in the #Caribbean: Rare but REAL!
⚠️ @UNDRR warns historical trends show the region can expect 4 destructive tsunamis per century. For small island developing States, preparedness is the best protection. ️ #TsunamiReady
#TsunamiDay 2025: https://t.co/mWnplIXJRn pic.twitter.com/Fd1MMkdW2m
— United Nations Caribbean (@CaribbeanUN) November 5, 2025
Le World Tsunami Awareness Day est là pour rappeler cette évidence : aucun territoire côtier n’est totalement à l’abri. Face au changement climatique, à l’urbanisation du littoral et à la densité croissante des zones portuaires et touristiques, la vigilance est essentielle. Dans la Grande Caraïbe, où la mer est à la fois richesse et menace, se préparer, informer et simuler restent les meilleurs moyens d’éviter une catastrophe future.








