Y a-t-il une industrie spatiale dans la Grande Caraibe ?

La Grande Caraïbe a bel et bien un pied dans l’espace. Pas une industrie spatiale au sens large comme en Europe ou aux États-Unis, mais un écosystème en émergence, porté par la recherche, les télécommunications et les ambitions de souveraineté technologique.

Le poids lourd : la Guyane française

Impossible de parler espace sans évoquer le Centre spatial guyanais (CSG), à Kourou, en Guyane française. C’est le principal port spatial de l’Europe, opérationnel depuis 1968.
De là décollent les lanceurs Ariane, Vega et Soyouz, propulsant des satellites du monde entier. Le site, géré par l’Agence spatiale européenne (ESA) et le CNES, a lancé plus de 700 satellites en un demi-siècle.

Au-delà des retombées économiques locales, Kourou représente le cœur technologique et logistique de la présence spatiale dans la Grande Caraïbe.

Les autres initiatives régionales

Si la Guyane domine largement, d’autres territoires de la région bougent :

  • Trinidad-and-Tobago et la Jamaïque développent des programmes de télédétection pour surveiller les catastrophes naturelles et la pollution maritime.
  • Cuba et le Venezuela coopèrent avec la Chine pour lancer des satellites d’observation et de communication.
  • Le Mexique possède sa propre agence spatiale (Agencia Espacial Mexicana, créée en 2010) et collabore avec la NASA, notamment sur les données climatiques.
  • Porto Rico, via l’Université de Mayagüez, participe à des projets de nanosatellites et d’observation atmosphérique.
  • Des chercheurs de la République dominicaine et de la Barbade s’intéressent aussi aux satellites miniaturisés (CubeSats) pour le suivi des ouragans.

Une vocation régionale : observer, comprendre, anticiper

Ce qui relie ces initiatives, c’est la vulnérabilité de la Grande Caraïbe face aux changements climatiques.

L’espace devient un outil de résilience :

  • suivi des cyclones
  • gestion des ressources marines
  • observation de la déforestation et de l’érosion côtière
  • contrôle des zones maritimes contre la pêche illégale.

La Caraïbe ne fabrique pas encore de fusées, mais elle utilise et maîtrise de plus en plus les données spatiales pour protéger son territoire.

La Grande Caraïbe ne possède pas une industrie spatiale au sens industriel, mais elle participe activement à l’aventure spatiale mondiale, à travers la Guyane française, les satellites régionaux, et les programmes de recherche orientés vers la gestion des risques et du climat.

Photo : Don-vip