An sav fè sa, cette « bébé » startup qui deviendra grande

Depuis que je les connais, c’est-à-dire depuis environ un an, je les appelle « les An sav fè sa ». 

Ils n’en ont jamais pris ombrage (que je sache), car ils ont compris qu’en les présentant ainsi, je faisais de la com’ détournée pour leur startup.

Eh oui ! Les gens sont de suite interpellés et veulent en savoir plus. Je le fais surtout pour les startupers, car ils ont encore plus besoin que d’autres qu’un maximum de personnes se rappellent du nom de leur startup pour se rendre sur leur site web.

Vous (en particulier, ceux qui connaissent ma mémoire parfois défaillante) pensez sans doute : « tiens, en voilà une bonne excuse, alors qu’elle ne se rappelle tout simplement pas de leurs prénoms ». Je vous arrête de suite. Au bout d’unne année, durant laquelle nous nous sommes rencontrés à de multiples reprises, je connais leurs prénoms, leurs noms et même bien plus.

Le premier : Yannick Jotham, âgé de 25 ans.

Consultant en recrutement depuis décembre dernier. Président de An sav fè sa depuis le début de cette année. C’est lui qui a eu l’idée de cette startup, lui aussi que j’ai récemment interviewé pour qu’il m’en dise plus.

« Tout a commencé en 2014. Dans le cadre de ma première année de master en ressources humaines à l’Ecole de management Léonard de Vinci (qui se trouve à la Défense), j’ai effectué un stage de trois mois au sein d’une startup. Cette expérience m’a beaucoup inspiré et m’a transmis un esprit d’entrepreneur, l’envie de créer.

Comme mon stage était non rémunéré, j’ai essayé de trouver une solution pour gagner de l’argent. C’est ainsi que j’ai découvert People per hour, une plateforme de mise en relation de personnes qui ont des compétences avec d’autres qui en ont besoin. En l’utilisant, j’ai constaté qu’il y avait des aspects à améliorer et j’ai commencé à réfléchir au concept en lui-même. »

« Je me suis dit : ‘pourquoi je ne créerais pas ma propre plateforme pour lier les compétences caribéennes à la demande ?’. En effet, j’avais constaté qu’en Guadeloupe et en Martinique, il manquait un acteur pour faire ce lien. »

Après l’idée, 2e étape : l’équipe.

Yannick Jotham a d’abord appelé Alicia Hadjard, qui à l’époque venait de terminer une licence en sociologie. Elle est également CEO de An sav fè sa et se charge de tout ce qui a trait au juridique et à l’administratif.

Puis, Mathieu Party a rejoint l’équipe pour s’occuper de la communication, des relations publiques et des partenariats. Autre membre : Florian Houellemare, également en charge de la communication.

Enfin, le 5e maillon est Anaïs Petrus, avec un statut particulier de « jocker », selon le terme employé par Yannick Jotham. Elle est la première à avoir cru en ce projet, à avoir investi, mais aussi donné de son temps pour assurer la coordination de l’équipe.

Une bonne idée, une équipe solide. Et pourtant… Patatras !

Les An sav fè sa ont d’abord voulu lancer une plateforme rassemblant le maximum de compétences et ils avaient même élaboré un business plan en ce sens.

Yannick Jotham : « Nous étions ambitieux, mais nous risquions de nous perdre. Nous avons donc décidé de prendre un tournant majeur en 2015 : proposer plusieurs plateformes, mais l’une après l’autre, chacune correspondant à une compétence ».

Leur étude de marché les conduit à s’intéresser en premier à un secteur : le transport. Peu étonnant, vu les problématiques en la matière qui perdurent en Guadeloupe.

Ils décident donc de travailler sur une plateforme facilitant le covoiturage et mettant à disposition des chauffeurs privés. Et pour savoir s’ils sont sur la bonne voie, ils participent en 2016 à Pitch ton innno, le concours étudiant de BPIFrance. Ils sont finalistes et en ressortent reboostés.

« Cela a accéléré tout le dynamisme de An sav fè sa, en terme de partenariats et autres. Nous avons avons trouvé un développeur, nous nous sommes fixés des dates limites à respecter. »

Et au bout de deux ans de travail, Carter vit le jour.

Yannick Jotham le dit lui-même, Carter, c’est « le 1er bébé de An sav fè sa ». Il s’agit d’une application de covoiturage et de transport privé avec chauffeur.

« Concernant le covoiturage, notre but est de proposer des trajets immédiats directs et de constituer une communauté digitale qui confère confiance, sécurité et facilité. Pour les chauffeurs privés, nous répondons aux besoins de davantage d’autonomie des gens ».

Bien sûr, je n’ai pas pu m’empêcher de demander : « Donc, vous faites concurrence aux chauffeurs de taxi ? »

Réponse de Yannick Jotham : « Le but n’est pas de rentrer en conpétition avec eux, car il y a des créneaux sur lesquels ils ne sont pas, des besoins auxquels ils ne répondent pas.

Nous, nous recrutons des entrepreneurs (et pas simplement des chauffeurs), c’est-à-dire des gens qui apportent une plus-value. Les chauffeurs Carter livrent une prestation de service qui inclut le transport, à tout moment. C’est une expérience unique. »

Petite précision. J’ai écrit plus haut : « Carter vit le jour », mais en réalité, il faudra attendre encore quelques jours pour pouvoir télécharger et utiliser l’appilication. Patience, patience.

Et à long terme ?

« Le but de An sav fè sa est de nous imposer comme le service adapté pour relier la compétence à la demande, en sortant d’autres plateformes. »

Bien sûr, comme beaucoup de startupers, les An sav fè sa ne comptent pas s’arrêter à la Guadeloupe. Ils veulent s’étendre rapidement à la Martinique, puis à la Caraïbe.

Et pourquoi pas ? Wait and see.

PS : les An sav fè sa mènent actuellement une campagne de crowdfunding sur Ulule.

Comments

  1. Nelson

    Je ne sais pas si partout c’est pareil, mais chez moi, le plus difficile quand on a un projet ou un idée de projet c’est de trouver des gens pouvant vous accompagner volontairement pour la réussite du projet. Mais bravo à Yannick pour ce beau projet. Même si à mon avis, je pense que ce projet n’est pas assez innovant.

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