Atlas de la DEAL Guadeloupe 2025 : un miroir de nos défis

La DEAL vient de publier son Atlas de la DEAL Guadeloupe 2025. Un document dense, riche, visuel, qui donne une image à la fois fascinante et préoccupante de notre territoire.

Derrière les cartes et les chiffres, c’est tout un récit qui se dessine : celui d’un archipel en pleine mutation, cherchant encore son équilibre entre développement, préservation et adaptation.

Une photographie utile, mais inégale

Soyons clairs : cet Atlas est une base de travail indispensable. Il regroupe des données actualisées sur l’organisation administrative, la démographie, les risques, l’énergie, l’urbanisme, le logement… Tout ce qu’il faut pour comprendre les grandes tendances du territoire.
Cependant, ce n’est pas qu’un document technique. En le feuilletant, on sent les tensions à l’œuvre : entre les communes qui se développent vite et celles qui décrochent, entre les zones urbanisées et les espaces naturels sous pression, entre les ambitions écologiques et les réalités économiques.

Démographie : le temps du vieillissement

Les cartes de population parlent d’elles-mêmes : la Guadeloupe vieillit. L’indice de vieillissement grimpe, pendant que la natalité ralentit et que beaucoup de jeunes partent tenter leur chance ailleurs. Résultat : une population globalement stable en nombre, mais de plus en plus âgée.
Cela pose une question de fond : comment maintenir la vitalité d’un territoire sans renouvellement démographique fort ? Comment adapter nos politiques publiques – santé, logement, emploi – à cette évolution inévitable ?

Environnement et risques : entre beauté et vulnérabilité

La partie environnement est sans doute la plus frappante. On y voit les zones protégées, la topographie escarpée, les mangroves, les littoraux fragiles. Et puis les cartes des risques : cyclones, volcans, inondations, recul du trait de côte…

On mesure alors à quel point la Guadeloupe vit sous tension permanente.

La nature nous offre des paysages d’une beauté rare, mais aussi une exposition constante. L’ajout d’une carte sur les sargasses montre bien à quel point le changement climatique complexifie encore la donne.

Eau et énergie : nos talons d’Achille

Difficile de ne pas voir dans ces pages la réalité d’un système sous contrainte.
L’eau, d’abord : les cartes sur l’adduction et l’assainissement rappellent l’ampleur du défi. Les problèmes de réseau, de gestion et de gouvernance restent au cœur des préoccupations.

Côté énergie, la transition avance, certes, mais trop lentement. L’Atlas montre les sites de production renouvelable, mais ils restent encore marginaux face à la dépendance au fioul. Et pourtant, la Guadeloupe a tout pour devenir un laboratoire de la transition énergétique insulaire.

Urbanisme et habitat : repenser nos espaces de vie

Entre 1985 et 2024, la tâche urbaine a explosé. L’étalement se poursuit, grignotant des terres agricoles et naturelles. Dans le même temps, les centres-villes se vident, d’où la multiplication des programmes de revitalisation.

Sur le logement, le constat est tout aussi complexe : beaucoup de logements vacants, un parc social encore insuffisant, et des quartiers prioritaires qui concentrent les difficultés. On parle de ville durable, mais la réalité, c’est que nos territoires ont encore du mal à penser leur développement autrement qu’en surface.

Un outil pour comprendre… et agir

Cet Atlas 2025 a le mérite d’exister et d’être lisible. Il ne changera pas la Guadeloupe à lui seul, mais il donne les clés pour comprendre d’où viennent nos blocages – et où se trouvent nos marges de manœuvre.

C’est un document à garder sous la main pour qui veut planifier, construire, entreprendre ou simplement mieux saisir la complexité de ce territoire que nous aimons tant.

Reste à espérer que ces cartes ne resteront pas dans les tiroirs, mais serviront à ouvrir des discussions franches et concrètes sur le futur que nous voulons pour notre archipel.