Ayitic Goes Global, Melissa Benoit et cet énorme potentiel du numérique au féminin

Il était bien temps que je revienne sur la délégation #ObjectifbossLadyHaïti qu’Axelle Kaulanjan et moi-même avons menée en mai dernier dans le cadre du Sommet International des Femmes et du Numérique en Haïti (SIFNUH). Pour débuter cette série, je ne pouvais que parler du numérique au féminin, puisqu’il a constitué le fil conducteur de notre séjour.

Je ne devais pas aller au lancement d’Ayitic Goes Global, qui a eu lieu le 16 mai dernier à l’Hôtel Montana à Pétion-Ville. Cependant, Lavinia et Emilie de l’équipe D’Antilles et D’Ailleurs, membres de la délégation, y avait été invitées par l’un de leurs partenaires et étaient très enthousiastes à l’idée d’y assister. Elles m’ont transmis le visuel de présentation et m’ont demandé si j’étais intéressée.

Ma réponse ? Bien sûr que oui !

Après avoir attendu plusieurs minutes le taxi, être restées bloquées pendant plusieurs minutes dans la rue juste quelques mètres plus loin pour une raison inconnue, nous voilà une demi-heure plus tard devant l’hôtel Montana.

L’événement se déroule dans une grande salle de réception, où sont déjà réunies une foule de personnes très bien habillées, parmi lesquelles beaucoup de jeunes femmes vêtues de leurs plus belles tenues. Je mesure alors combien ce lancement a d’importance pour elles.

Sur scène, les officiels-partenaires se succèdent pour souligner combien Ayitic Goes Global est un projet d’importance : 50 jeunes femmes vont être formées aux métiers du numérique à Port-Au-Prince, afin qu’elles puissent par la suite intégrer ce marché à haut potentiel. L’objectif général est « d’améliorer l’accès à l’emploi des femmes en Haïti à travers la création de capacités liées aux technologies de l’information ».

Haiti - Caraibe

Combattre ces satanés préjugés !

La réalité est qu’en Haïti, comme dans beaucoup de pays dans le monde, les femmes sont encore peu nombreuses à se former et à accéder aux emplois dans le domaine des TIC. La faute a des préjugés qui ont la vie dure, dans la tête des hommes ET des femmes ! Combien de fois a-t-on pu entendre ou lire que les femmes sont moins scientifiques, moins intéressées par le numérique, moins efficaces dans ces professions ?

En regardant ces jeunes femmes en train de poser fièrement devant les photographes, je ne pensais qu’au fait qu’elles allaient ouvrir la voie à d’autres, qu’elles feraient peut-être partie de ces Haïtiennes dont les médias parleraient plus tard parce qu’elles occuperaient de hauts postes dans le numérique, auraient créé une application très populaire ou lancer une startup à grand succès.

Une belle rencontre : Melissa Benoit

Parmi les jeunes femmes photographiées, figurait Melissa Benoit, 22 ans, originaire de la vallée de Jacmel. Elle a accepté que je l’interviewe avec enthousiasme, car elle veut être une grande journaliste à la télévision ou à la radio.

Je lui ai, bien sûr, demandé pourquoi elle avait décidé de rejoindre Ayitic Goes Global. Elle m’a répondu avec franchise, en créole haïtien. J’ai donc traduit ses propos.

« Quand je regarde la réalité du pays, je me rends compte que, dans 10 ans, si nous ne maîtrisons pas les technologies actuelles, nous ne pourrons exercer aucune activité rémunérée. Cela ne suffit pas d’aller à l’école et de penser que nous savons tout, nous maîtrisons tout.

Vu l’avancée des technologies, si nous n’apprenons pas, nous ne pourrons pas fonctionner (travailler). En effet, quasi tous les trois mois, une nouvelle technologie apparaît. (…) Nous sommes obligés de nous mettre à jour. »

Eh oui… Melissa Benoit a bien conscience que la transversalité du numérique le rend de plus en plus incontournable. Et même si Haïti, comme nombre de pays caribéens, accuse un certain retard concernant les services et usages, la qualité de la connexion et plus largement l’utilisation d’internet, il est évident qu’il vaut mieux se former dans les TIC. Bien préparer l’avenir, comme ont dit.

Cependant, Melissa Benoit avait aussi une autre raison d’intégrer cette formation.

« Cela va nous aider à augmenter « notre valeur » en tant que femme, parce que beaucoup de gens disent encore très souvent que les petites filles doivent rester à la maison, faire à manger, balayer la cour et ils ne les envoient pas à l’école pour apprendre parce qu’ils pensent que c’est le travail que nous devons faire. (…)

Or, nous pouvons tout faire. Longtemps, on a dit que les nouvelles technologies étaient des métiers pour les hommes et que nous, les femmes, n’étions pas pas capables de les exercer. Cela a eu pour conséquence que nous avons été plus victimes de discriminations sociales et cela a aussi un peu découragé certaines d’entre nous.

Cependant, les temps ont évolué et désormais tout est différent. Il n’y a plus de métiers pour les garçons et d’autres pour les filles. Comme les hommes, les femmes sont capables d’être des docteurs, ingénieurs, avocats, etc. »

« Nous en sommes capables. Et pour ce faire, nous devons nous tenir à jour. Voilà pouquoi j’ai rejoint cette formation. »

Rien n’a ajouté, n’est-ce pas ? 

Cela faisait longtemps que je voulais intégrer de l’audio dans mes billets de blog.

Mes rencontres en Haïti m’en ont donné l’occasion. Voici donc un extrait de l’interview de Melissa Benoit qui correspond aux phrases en vert.

Ayitic Goes Global est donc une belle initiative pour Melissa Benoit et toutes ces jeunes femmes qui entendent bien se servir des outils et des connaissances du numérique pour casser les barrières et emprunter le chemin de la réussite.

Merci à Melissa Benoit, à sa soeur qui l’accompagnait, à toutes ces femmes qui nous ont si bien accueillies.
Je leur souhaite le meilleur pour cette formation et pour l’avenir.

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