Caraïbe : de quoi souffrent nos influenceurs ?

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Le 22 mars dernier, dans le cadre de Startup.gp – Sommet de l’innovation, du numérique et de l’économie disruptive, j’ai participé à une table ronde sur le thème « Un marché pour les influenceurs dans la Caraïbe ? » à la bibliothèque Mado à Baie-Mahault, en Guadeloupe.

Généralement, je ne prends pas part à de tels rendez-vous, car je préfère mille fois être dans le public. Cependant, comme ce sujet m’intéresse, je me suis beaucoup informée sur la question, j’ai interviewé des acteurs du marketing d’influence et écrit quelques articles. J’ai eu envie de livrer mes avis bien tranchés… J’étais d’autant plus en confiance que la modératrice de cette table ronde était Axelle Kaulanjan, The Caribbean Boss Lady, une amie, avec laquelle je collabore sur différents projets depuis des années.

Quels étaient les autres intervenants de la table ronde ?

La Fée Pipelette : une influenceuse guadeloupéenne, une boss lady dont l’entreprise comprend un axe sur le marketing d’influence. Je l’apprécie beaucoup parce qu’elle produit du contenu de qualité. Axelle Kaulanjan et moi-même avons eu le plaisir de la recevoir pour un épisode dObjectif Boss Lady, le podcast mensuel dédié à ceux qui entreprennent. 

Patrice Salnot : un Guadeloupéen, directeur associé au sein de l’agence Les influenceurs située à Paris. Je l’avais déjà rencontré il y a quelques mois, lors d’un échange informel sur les influenceurs en Guadeloupe, car il souhaite implanter une agence dans l’archipel.

Willy Rosier : le directeur du Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe, présent pour exposer la stratégie en matière de marketing d’influence mise en oeuvre de puis quelques années et les résultats obtenus. 

Il m’est impossible d’effectuer un récap’ de la table-ronde. Faisant partie des intervenants, je ne pouvais pas prendre des notes. Cependant, j’ai pris quand même quelques clichés, que voici.

Les analyses des comptes proposées par Patrice Salnot

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Les exemples de recours à des influenceurs présentés par Willy Rosier

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Bruno Maltor. Budget : 10 500 euros.

Il est bien temps que j’en vienne au coeur de mon propos : les réponses au titre de mon billet de blog : de quoi les influenceurs souffrent-ils ? J’ai identifié différents points.

1.

Influenceur, influence… Définition difficile et flou artistique !

Qu’est-ce qu’un influenceur ? Combien faut-il avoir au minimum d’abonnés pour en être un ? Est-il possible de se décréter soi-même un influenceur ?

Il existe un flou considérable autour de cette notion, du marketing d’influence, encore plus dans la Caraïbe où il n’existe pas (à ma connaissance) d’études sur le sujet. En effet, pour rédiger ce billet de blog, j’ai évidemment cherché des statistiques pertinentes pour alimenter le propos. Hélas, rien de bien concret à l’horizon… 

Pour en revenir à la définition de l’influenceur, la plus commune est :

« un individu qui par son statut, sa position ou son exposition médiatique peut influencer les comportements de consommation dans un univers donné ». – Définitions marketing 

> Les principales statistiques 2019 du marketing d’influence en France 

Vous vous demandez sans doute qui sont les principaux influenceurs caribéens ? Il existe des outils pour les identifier.

> Réseaux sociaux : 8 outils pour trouver des influenceurs 

L’un des plus intéressants à suivre est Machel Montano, la star trinidadienne.  J’aime beaucoup son contenu, car il n’est pas uniquement promotionnel…

Parmi les influenceurs caribéens, il y a des artistes, des journalistes, des blogueurs, des entrepreneurs/startupers, des photographes, des mannequins/modèles/miss, etc.

3 exemples évidents :

Yoani Sanchez, journaliste (Cuba) 

Carel Pedre, animateur, très connecté (Haiti) 

HappyMan Photography, photographe (Guadeloupe) 

A noter que des influenceurs, il en existe pléthore dans la Caraïbe, mais tous ne sont pas animés par la volonté de monétiser leur influence.

Question : tous ces Caribéens qui vivent ailleurs mais ont gardé de forts liens avec leur pays, doivent-ils être tout de même listés parmi les infuenceurs caribéens ou pas ?

 

2.

Méconnaissance concernant l’importance des micro-influenceurs

Premier point encore et toujours considéré dès qu’il s’agit d’influence : le nombre d’abonnés. Or, il est depuis quelques années bien connu que la taille de la communauté ne fait pas tout, qu’il faut aussi/plutôt tenir compte du taux d’engagement, c’est-à-dire les interactions qu’ont les abonnés avec les posts. De plus, il y a cette sempiternelle problématique des fake abonnés… Pour rappel, il existe des outils qui permettent de les détecter assez aisément. Cependant, là n’est pas le coeur de mon propos.

Faire appel à un influenceur qui a des dizaines de milliers d’abonnés, pourquoi pas ? Toutefois, il est désormais prouver que miser sur des micro-influenceurs comme Foodîles peut s’avérer vraiment gagnant.

« Dans cette sphère de l’influence, une catégorie se démarque : les micro-influenceurs. Suivis par 1 000 à 25 000 personnes, ces derniers disposent d’une certaine proximité avec leurs cibles et bénéficient d’un taux d’engagement supérieur à 60% à ceux des plus gros influenceurs. C’est indéniable, ce n’est plus tant la taille de la communauté qui compte, mais l’engagement et la composition de celle-ci. »

> Le nouveau business des micro-influenceurs 

> Micro-influenceurs : quelle stratégie pour les marques ? 

En sachant que nombre d’influenceurs caribéens sont des micro-influenceurs, de tels rappels me paraissent essentiels.

 

3.

Manque de plateformes et de supports de qualité

Tout influenceur doit posséder sa propre plateforme – un site web, avec un nom de domaine et un hébergement – et, bien sûr, des comptes sur les réseaux sociaux.

Pour développer un réel business, n’avoir qu’une page sur Facebook, un compte sur Instagram, est une erreur due à une vision court-termiste.

Ingrid Riley, l’une des papesses du numérique de la Caraïbe, a récemment bien souligné ce point.

J’ai noté que nombre d’influenceurs caribéens, et même des communicants, professionnels du marketing digital, ne possèdent pas de sites web. Je ne parle même pas d’un blog, mais d’un site où ils présentent leurs expertises et partagent quelques actualités, projets, collaborations.

 

4.

Lacunes en terme de connaissances

Au fil des années, j’ai noté les mêmes sempiternelles lacunes chez nombre d’influenceurs caribéens :

– ligne éditoriale : il est important d’en définir une pour un contenu de qualité. Bien sûr, elle peut évoluer, mais elle ne peut changer du jour au lendemain. Si un jour, vous postez sur vos bons plans fashion et le lendemain, vous êtes coach de vie, comment voulez-vous construire une crédibilité ?

– non-respect des droits d’auteur et crédits photos : il est primordial de vous renseigner sur la législation en vigueur et de la maîtriser a minima.

– contenus de basse/mauvaise qualité : l’erreur est humaine. Cependant, une faute par phrase, c’est non ! 

– absence de grille tarifaire et même d’une idée de prix : avoir un document officiel en la matière à envoyer aux potentiels clients est indispensable. Cela permet d’indiquer que ce travail correspond à un prix ayant fait l’objet de réflexion et de calcul. Sinon, tout se fait au petit bonheur la chance… Difficile alors de ne pas être perdant.

 

5.

Manque de confiance et de maîtrise du sujet de la part des entreprises/institutions

Même si un influenceur produit du contenu de qualité et possède une belle communauté, cela ne veut pas dire que les entreprises, marques, organisations, vont être à ses pieds et lui proposer un pont d’or. Encore moins dans la Caraïbe !

> Why Are Caribbean Businesses Ignoring the Power of Digital Marketing! 

La réalité est que le marketing d’influence est encore balbutiant dans nombre de territoires caribéens si bien que le recours aux influenceurs n’est ni systématique, ni perçu comme nécessitant un budget dédié. Autrement dit, même quand certaines marques pensent aux influenceurs, elles n’envisagent pas toujours une rémunération, mais plutôt d’offrir des objets, de la visibilité en échange…

Rappel essentiel donc : tout travail mérite salaire !

> Quels tarifs pour les influenceurs ? 

Là encore, une vision court-termiste est à blâmer à mon avis. Beaucoup d’entreprises manquent de stratégie sur le long terme en la matière, sinon elles envisageraient sans doute d’investir financièrement en un ou des influenceurs afin de s’assurer d’une collaboration pérenne et plus fructeuse. L’équation est simple : plus cet influenceur grandira, plus il y aura de retombées positives pour l’entreprise. Logique, non ?

Reste un élément à considérer : les doutes persistants concernant les réelles retombées financières en réponse à l’investissement effectué. Là encore, il existe des outils et des experts pour mesurer l’impact d’un recours à un influenceur.

> Comment mesurer la performance de votre stratégie d’influence : 3 indicateurs clés pour optimiser le résultat de vos campagnes 

Comments

  1. Carole JEAN-PAUL

    Très bonne analyse qui gagnerait à être lue par ceux qui n’ont toujours pas compris l’impact grandissant de ces influenceurs dans le paysage du marketing digital.

  2. Mylène

    Message d’Axelle via Twitter : « Un billet #blog fondamental pour comprendre le marché de l’influence dans la Caraïbe et apprendre à respecter les influenceurs, surtout quand ils produisent du qualitatif ».

  3. Nicolas MÉRON

    Très intéressant, merci. Très orienté réseaux sociaux, tout public. Peut-on en conclure que ceux qui cherchent à influencer via des échanges physiques sont des lobbyistes ? et ceux via les réseaux digitaux sont des influenceurs ?

    1. Mylène

      Merci pour le commentaire, la question. La différence est intéressante. Cependant, surtout, je pense qu’avec le lobbyisme, il y a cette notion de défense d’intérêts… Or, les influenceurs « modernes » incitent eux à acheter, à aller à un événement, etc.

  4. Mylène

    Message d’Andy sur Facebook : « J’ai bien pris le temps de lire l’article et je suis d’accord avec toi sur tous les points que tu présentes, je ne m’attendais pas à me sentir autant concerné en te lisant.

    Tu as raison de dire que tout influenceu•r•se doit avoir sa propre plate-forme, la gestion de son espace digital dépasse la simple maîtrise des outils numérique, c’est une présentation de son univers et de ses compétences réelles.

    Cet article a confirmé mon initiative de proposer du contenu de qualité cohérent avec ma personnalité et en respect des différentes propriétés intellectuelles. Je cherche à présenter ma vision des choses et de favoriser les interactions humaines dans le respect que j’affectionne tant.

    J’espère tout simplement que que je serai à la hauteur de cette nouvelle responsabilité. »

  5. Laurent T

    Merci pour cette analyse très intéressante, on en apprend beaucoup.
    Donc j’en déduis qu’ on a une réponse au débat initial « oui il y a de la place pour les influenceurs dans la Caraïbe »… francophone mais aussi anglophone, ce serait bien que certains de nos jeunes profitent de leur bilinguisme pour franchir la porte d’à côté .

    1. Mylène

      Oui, il y a de la place. Effectivement, un contenu bilingue, ce serait le top. Moi-même, j’y réfléchis pour mon blog, car cela fait partie de l’évolution naturelle.

  6. Collineau de Montaguère André

    Une analyse que je partage totalement. Avoir sa propre plate-forme ma paraît indispensable. Assossiée aux réseaux sociaux c’est un tout indissociable. Pour cette raison logique , en tant que photographe j’ai entrepris de créer un magasine en ligne avec la volonté de focaliser les regards et faire parler de notre merveilleuse « iles Archipel Guadeloupe » sous plusieurs angles:( Grands évènements-beauté des paysages- patrimoine- vie…Gros dossier sur le carnaval 2019, vrai produit touristique et économique, 5 gros albums des plus gros défilés des jours gras sont en préparation. )-il en est à ses débuts(18ème parution) et toutes les éditions sont bien sûr visibles 24/24.
    Désolé d’avoir été si long mais j’ai été très emballé par vos suggestions qui correspondent bien à ce auquel je crois pour l’avenir du tourisme en particulier.
    https://www.calameo.com/accounts/4645192

    1. Mylène

      Merci pour ce commentaire qui vient appuyer mon propos. Oui, concevoir des magazines de qualité est aussi une bonne solution pour mettre en valeur notre patrimoine, notre archipel et plus largement la Caraïbe.

  7. Mylène

    André sur LinkedIn : « Article intéressant pour un sujet qui est vaste et avec de multiples facettes. Je t’invite à regarder aussi du côté de ce qu’on appelle la « co-création de valeur » pour tes prochains blogs sur le sujet. »

  8. Collineau de Montaguère-images-infos.fr

    Merci Mylène pour ce conseil et pour ce complément d’informations précieuses.

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