La coopération dans la Grande Caraïbe, ce n’est pas une sinécure.
Diversité de territoires, de langues, de cultures… A cela, s’ajoutent les difficultés de transport, d’obtention de visas. Et bien sûr, il y a généralement une problématique de financement, parce que s’il y a des aides et autres, il faut montrer plus que patte blanche pour les obtenir.
Cependant, nombre de projets sont montés par des acteurs qui surpassent tous les freins pour établir des liens forts avec leurs voisins, débouchant sur des connaissances et actions concrètes. La suite du billet vous en fournira quelques exemples.
Et ces acteurs auront bientôt, si tout se passe bien, un outil innovant et intéressant pour se connaître et mieux travailler ensemble : le Réseau Régional MultiActeurs (RRMA).
A l’initiative de ce projet inédit en Outre-mer, COntacts et REcherches en CAraïbes (Coreca), une association guadeloupéenne à but non lucratif, créée en 1991, présidée par Julien Mérion. J’ai déjà présenté sur ce blog cet acteur incontournable de la coopération dans la région. Je n’en dirai donc pas plus.
Pour en revenir au Réseau Régional MultiActeurs (RRMA), le Coreca en a exposé les contours et objectifs lors d’un worklab sur le thème « Coopérer et travailler en réseau dans la Caraïbe », qui s’est déroulé l’espace d’une matinée à la bibliothèque Mado, à Baie-Mahault. Nombre d’acteurs guadeloupéens de la coopération caribéenne ont répondu à l’invitation.
J’ai retenu 5 points majeurs :
1. Les ambitions
Ce réseau a pour ambition de pallier « l’absence de synergies, d’échanges entre acteurs de la coopération qui sont de plus en plus nombreux, et sans doute plus qu’on ne peut l’imaginer », dixit Julien Mérion. Et d’ajouter : De nouvelles problématiques émergent et nous interpellent : la mobilité professionnelle, la formation professionnelle, les démarches communautaires dans la prise en charge des publics socialement défavorisés », mais aussi « la question migratoire ».
« Devant ce foisonnement de demandes, la dispersion des acteurs peut constituer un handicap. C’est pourquoi nous n’avons pas hésité à nous engager dans l’aventure du Réseau Régional MultiActeurs. »
Myriam Romuald-Eluther, référente du projet RRMA, a elle précisé que ce Réseau constitue une « opportunité de faire émerger une action collective entre les acteurs de la coopération ».
« Il respecte la liberté d’action de chacun, mais permet de décloisonner les relations, de sortir de l’approche sectorielle habituelle, des relations financeurs-financés. »
2. La genèse
Ce projet a été validé le 12 juillet 2017 par le Conseil d’administration du Coreca. Puis, un groupe de travail a été mis en place pour préparer un dossier à adresser au Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.
« Ce qui paraissait comme un pari fou se transforme en réalité. » – Julien Mérion
Par la suite, les étapes se sont succédées, débouchant sur la signature d’une convention « avec pour objectif la définition d’un programme ».
3. Le worklab
Pour le Coreca, le worklab était « une manifestation d’intérêt », selon l’expression de Julien Mérion.
« Nous souhaitons la transformer en manifestation d’adhésion. Le but est de montrer l’intérêt du travail en réseau et de définir les missions d’une structure de coordination. »
Myriam Romuald-Eluther a précisé que ce premier worklab avait pour ambition de « se questionner sur le travail en réseau », mais également « de recenser, identifier les acteurs présents », afin de constituer une base de données qui sera un socle de départ du RRMA.
4. La prochaine étape
Dans quelques semaines, sera mis en place un comité de pilotage chargé de notamment statuer sur le programme d’actions et de retenir une forme de gouvernance.
« Nous devons faire preuve de la plus large ouverture et permettre à tous ceux qui le souhaitent de rejoindre cette coordination. Mais nous serons jugés aussi sur la rigueur que nous mettrons dans la gestion d’un tel outil. Les expériences de chacun d’entre nous seront des précieux concours pour construire l’instrument le plus adapté aux besoins de chacun. Nous pouvons le faire. Nous le ferons » – Julien Mérion
5. Le dispositif en lui-même
Myriam Romuald-Eluther est revenu sur ce que propose le RRMA :
- « une palette de services qui permettent aux acteurs de la coopération, de valoriser leurs actions, de développer des complémentarités et d’assurer une visibilité »
- un site web qui sera la victime de l’action collective.
Malheureusement, j’ai dû partir avant la fin du worklab, donc j’ai raté les questions/réponses. J’aurai l’occasion de revenir sur ce projet fort enthousiasmant pour la Grande Caraïbe.
Cependant, je ne peux conclure ce billet, sans partager des exemples concrets de coopération réussie, d’autant que j’en ai parlé au début du billet. En voici trois, présentés lors du worklab.
#worklab #coreca – Présentation en cours du CAREST, association regroupant des chercheurs et cliniciens caribéens qui travaillent en réseau sur la #drépanocytose, maladie qui touche 10 à 15% de la population caribéenne. #Caraibe #coopération pic.twitter.com/KlMiFVk9dM
— Mylène Colmar (@Mycho) 2 mars 2018
#worklab #coreca -Présentation en cours du @CROSguadeloupe, Crosgua, c’est-à-dire Comité Régional Olympique et Sportif de la Guadeloupe. Son président souhaite une coopération internationale dans un large périmètre, à l’échelle du continent américain.
— Mylène Colmar (@Mycho) 2 mars 2018
#worklab #coreca – Présentation en cours de l’APECAraïbes, association pour une #agriculture écologique et paysanne dans la #Caraïbe, créée en 2006, qui fonctionne sur le principe de l’échange d’expériences. pic.twitter.com/qZUUNR90TN
— Mylène Colmar (@Mycho) 2 mars 2018
Comments
Superbe initiative, allons de l’avant, la Télémédecine Caribéenne aurait-elle sa place dans ce mouvement ?
Les initiatives de coopération sont le coeur-même de ce projet, me semble-t-il, donc la réponse est sans nul doute oui.
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