Le numéro 4 de Foodîles, le magazine totalement #FOOD, vient de sortir. Il est le fruit d’un travail colossal d’une équipe qui croit en ce projet d’un support papier et web informatif et qualitatif que Jessica Brudey et moi-même avons lancé il y a un peu plus d’un an. Je ne les remercierai jamais assez de cette confiance, car créer c’est bien, pérenniser c’est mieux, mais très difficile.
Le nouveau numéro de Foodîles est encore plus riche, dense, que le précédent, puisqu’il compte 68 pages ! La rédaction des articles fut éreintante, car comme je l’ai déjà expliqué, je ne me contente pas d’envoyer des questions par mail ou de décrocher mon téléphone. Je vais sur le terrain à la rencontre des interviewés. Pour ce numéro, je n’ai donc effectué que deux entretiens au téléphone, l’un pour des raisons d’agenda très serré et l’autre parce que la personne interrogée vit à Londres.
Je procède ainsi, parce que la qualité des articles en dépend, mais aussi parce que j’aime mon métier et j’entends le faire du mieux possible.
Pour ce numéro 4, j’ai interviewé des personnalités jamais rencontrées auparavant et bien sûr, j’ai des anecdotes pour certaines d’entre elles.
Je m’en vais vous raconter deux des majeures.
Dans la bibliothèque de l’incroyable George Tarer
Pour le contenu du magazine, Jessica Brudey a toujours de bonnes suggestions pour les interviewés. C’est elle qui a eu l’idée de solliciter George Tarer, très grande dame de la Guadeloupe, au parcours incroyable, marqué par un engagement dès le plus jeune âge pour défendre les droits des femmes, des enfants. Le but de l’article : qu’elle livre ses goûts et souvenirs culinaires.
George Tarer fait partie de ces femmes que j’admire beaucoup et que j’ai toujours voulu interviewer, sans jamais oser demander. Les raisons : la peur qu’elle dise non et, si elle dit oui, la crainte de ne pas poser les bonnes questions, que cela ne se passe pas comme je le voudrais. L’interview est un exercice difficile, de juste équilibre entre celui qui pose les questions et celui qui répond. J’ai déjà essuyé des échecs cuisants que je raconterai peut-être un jour sur ce blog.
Pour en revenir à George Tarer, j’ai décidé de dépasser mes peurs. Comme je connais bien l’un de ses petits-fils (merci beaucoup Karel !), je lui ai demandé de jouer les intermédiaires, en lui précisant que l’interview ne durerait que 10 minutes si elle le souhaitait. Réponse positive ! Rendez-vous est pris chez elle.
Le jour J, j’y suis. Je me retrouve dans la bibliothèque de George Tarer. Une petite pièce cosy, avec des livres et des magazines partout et une fenêtre donnant sur le jardin. Tout ce que j’aime ! Mme Tarer me met tout de suite à l’aise en m’expliquant qu’elle est une passionnée de cuisine, qu’elle a fait quelques recherches pour préparer notre entretien. Elle me montre des magazines et des livres de recettes, parmi lesquels un petit ouvrage sur le fruit à pain qu’elle m’offre d’emblée. Je suis déjà sous le charme !
L’interview devait durer 10 minutes. Nous avons discuté plus d’une heure ! George Tarer m’a non seulement dévoilé ses goûts culinaires, mais elle est revenue aussi sur un pan de son parcours, avec des anecdotes que je me ferai un plaisir de partager dans un billet de blog. Quelle femme incroyable ! D’une grande générosité, d’une belle franchise et l’humour en prime. Dans deux ans, elle sera centenaire… En lui parlant et en la regardant évoluer, je n’y croyais pas !
Juste extraordinaire. Merci madame !
Dans l’un des « mondes » de Naomi Martino
Jessica Brudey a aussi suggéré le nom de Naomi Martino, chef chocolatier-couverturer renommé, comme invité du dossier principal de ce numéro 4. J’ai trouvé l’idée pertinente, car elle fait partie des incontournables du monde culinaire en Guadeloupe, mais aussi parce qu’elle brille par sa discrétion ces derniers temps et donc moi-même je voulais en savoir plus sur elle, son parcours, sa vision.
Naomi Martino a accepté notre proposition. Première victoire ! Cependant, c’est une femme très occupée. Or, afin d’avoir les éléments pour rédiger l’habituel portrait de deux pages et les 10 notions-clés, je fais à chaque fois une grande interview. Pas d’exception.
J’ai été agréablement surprise quand Naomi Martino m’a proposé d’elle-même de l’accompagner sur le terrain, nous échangerions pendant qu’elle travaillerait. Elle m’a donné rendez-vous à 7 heures du matin à Baie-Mahault et m’a dit qu’il faudrait que je porte des vieux vêtements et des bottes. Je lui ai répondu : aucun problème ! J’avais même hâte : cela promettait une interview inédite !
Le jour J, j’y suis. Je laisse ma voiture pour embarquer dans celle de Naomi. La jeune femme quitte les axes principaux pour emprunter des petites routes secondaires. Montées, descentes, virages à gauche, à droite… Je me demande où elle m’emmène, mais ne lui demande pas. Nous discutons de tout et de rien durant le trajet, histoire de faire connaissance.
Finalement, après des minutes de trajet, nous voilà face à un terrain en friche. Je suis Naomi qui fend les grandes herbes d’un pas décidé… Mais où allons-nous ? Finalement nous débouchons sur un endroit dont je n’aurais pas soupçonné l’existence. Des cacaoyers partout ! Nous y sommes, dans l’un des « mondes » de Naomi. C’était magnifique, magique !
Nous avons fait l’interview là, pendant que Naomi travaillait. J’ai eu le sentiment qu’elle me faisait un cadeau incroyable. Elle m’a d’ailleurs affirmé que très peu de personnes étaient venues dans ce lieu avec elle. J’étais émue de sa confiance.
Ensuite, elle m’a emmené dans un endroit pas très loin où coule une rivière. J’ai regardé cela et à ce moment-là, j’ai mieux compris Naomi Martino, les raisons de son engagement pour préserver les cacoyers, mais plus largement cet environnement, sa volonté de rester en Guadeloupe pour mettre en lumière toute cette richesse que recèle notre archipel. Tu ne peux pas contempler cela et te résoudre à partir. Ce n’est pas possible !
Enorme coup de coeur. Merci Naomi !
Vous comprendrez que, face à tant de générosité, je me mette une grande pression pour rédiger des articles à la mesure de ce qui m’a été donné. Je pèse chaque mot, je réfléchis à chaque virgule… Je me fais aussi violence pour respecter le nombre de mots qu’impose la mise en page du magazine Foodîles, car souvent il y a tant à écrire… Oui, je fais de mon mieux. Une obligation.
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