Durant mon enfance, pour moi, la littérature caribéenne n’existait quasiment pas.
J’ai essentiellement lu des auteurs français, en particulier Honoré de Balzac, qui est vite devenu et est resté mon écrivain préféré. Face à ma soif de lecture dévorante (je lisais même en marchant !), ma mère avait trouvé une solution : acheter les ouvrages d’une collection à 5 francs à l’époque, soit moins d’un euro. Elle en achetait bien une dizaine tous les mois. Cependant, cette collection ne comportait aucun auteur contemporain, aucun ouvrage caribéen, ni africain.
Au collège, j’ai bien lu et apprécié Le papillon dans la cité de Gisèle Pineau. Toutefois, il ne m’a pas pour autant donné envie de lire d’autres auteurs de la Caraïbe. Au lycée, j’ai étudié aussi deux ou trois autres ouvrages, mais sans que cela ne me pousse à aller plus loin.
Finalement, j’ai découvert la littérature caribéenne, assez paradoxalement, lors de mes études littéraires à la Sorbonne, à Paris.
Un jour, dans une librairie, je suis tombée sur un classique : Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire. Un monde s’ouvrait à moi. J’ai enchaîné, pour ne plus m’arrêter, par Fanon, Chamoiseau, Tirolien, Condé…
Je vous raconte ça, en préambule, car cela vous permettra de comprendre ma joie toujours renouvelée d’assister au Congrès des écrivains de la Caraïbe, en Guadeloupe.
L’événement constitue une belle occasion de voir et d’entendre des auteurs caribéens, d’en découvrir des nouveaux, d’échanger avec eux aussi. Lors de l’édition en 2015, j’ai ainsi notamment pu croiser Earl Lovelace et Yanick Lahens, écouter Simone Schwartz-Bart et Lyonel Trouillot, interviewer Daniel Maximin… De délicieux instants !
Dommage que ce Congrès n’ait jamais été grand public…
Alors qu’il a lieu tous les deux ans, le Congrès des écrivains de la Caraïbe n’est pas l’événement le plus couru de l’année. Bien au contraire. En 2015, la foule était bien au rendez-vous pour l’hommage à Maryse Condé, mais les conférences ont remporté bien moins de succès, malheureusement.
Cette année, la 5e édition se tiendra du 6 au 9 avril au Mémorial ACTe, à Pointe-à-Pitre, un lieu central, ouvert, grand public. Les Guadeloupéens se déplaceront peut-être un peu plus. C’est le souhait de la Région Guadeloupe, qui finance à 95% l’événement. Le budget total pour l’organisation de ce Congrès se monte à 394 000 euros.
« Ecrire (pour, dans, sur) la Caraïbe », le thème de cette édition
Je vous épargne le programme détaillé du Congrès, d’autant que vous pouvez le consulter sur le site de l’Association des écrivains de la Caraïbe.
Me concernant, si mon agenda chargé le permet, j’assisterai à la cérémonie d’ouverture le 6 avril, durant laquelle un hommage sera rendu à Guy Tirolien, un auteur dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog.
Je passerai la matinée du 7 au Congrès, car les thèmes des tables rondes m’ont séduit :
- Comment l’écrivain caribéen choisit-il sa ou ses langues d’écriture ?
- Représentation et dépassement des conflits sociaux dans les écritures de la Caraïbe.
J’ai aussi envie d’assister à l’enregistrement de l’émission de la Librairie francophone de France Inter, qui se déroulera le même jour, à midi.
Samedi, deux rendez-vous immanquables :
- la matin, l’hommage à Derek Walcott, l’auteur sainte-lucien récemment décédé.
- le soir, la remise du Grand Prix Littéraire et la cérémonie de clôture, avec Kout tanbou.
Entre les deux, j’espère aussi pouvoir être présente, en début d’après-midi, pour la table ronde sur « Cuba, un enjeu pour la Caraïbe », sujet toujours d’actualité.
A souligner que le Congrès comportera aussi des rencontres avec la jeunesse dans les lycées, ainsi que des séances de lecture et de dédicace.