Parlons de la Grande Caraïbe • Dépassons cette image de carte postale bien connue

Depuis la série de frappes dans la mer des Caraïbes ordonnées par Washington en 2025, beaucoup se focalisent sur les aspects juridiques. C’est important, mais la vraie question pour la Caraïbe est ailleurs : qu’est-ce que cela change pour les États de la région ? La réponse est simple : beaucoup. Trop. Et pas dans le bon sens.
La mer des Caraïbes n’est pas un espace neutre. C’est une artère commerciale, touristique, migratoire et énergétique. En y déployant porte-avions, F-35, drones MQ-9 et 10 000 soldats, les États-Unis redéfinissent unilatéralement le cadre sécuritaire régional.
Cette montée en puissance crée plusieurs réalités nouvelles :
La dynamique n’est pas temporaire. Elle installe la Caraïbe dans une militarisation durable, qui ne dépend plus des États de la région.
La majorité des petits États de la Caraïbe — Antigua, Jamaïque, Sainte-Lucie, Dominique, etc. — sont placés devant un choix impossible :
Le vrai problème est là : les territoires de la Caraïbe n’ont pas les moyens militaires, diplomatiques ou économiques pour imposer une position autonome.
Conséquences prévisibles :
Une dépendance qui s’accentue.
Les frappes servent aussi de pression directe sur Caracas. Nicolas Maduro a déjà déclenché de vastes exercices militaires (« Sovereign Caribbean 200 »), mobilisé ses bases côtières et menacé de ripostes. Le risque n’est pas une guerre totale. Le risque est plus subtil :
Une bavure contre un navire vénézuélien, et l’ensemble de la région en subit le contrecoup : migrations, pétrole, stabilité politique, corridors maritimes.
La zone était déjà concernée par la présence croissante de :
Les frappes américaines ouvrent une nouvelle séquence : réaffirmation de la doctrine Monroe — la Caraïbe comme zone d’influence exclusive. Cela force les pays de la région à clarifier leurs partenariats, parfois à contre-cœur.
Ces deux pays sont directement concernés par les trafics maritimes. Pourtant, ils n’ont pas été consultés, leurs pêcheurs sont parfois touchés, leurs eaux proches deviennent des zones de danger. La famille d’un pêcheur colombien tué a déjà porté plainte devant la Commission interaméricaine des droits humains.
Si la tendance actuelle se poursuit, 2026 pourrait marquer :